ATOUT RISK MANAGER N°26

ATOUT RISK MANAGER N°26 I AUTOMNE 2020 27 Dossier - État du marché - Renouvellements 2020 et perspectives 2021 panacée. D’autant qu’ils peuvent aider à justifier auprès du directeur financier le déblocage ou au moins le maintien de budgets d’actions de prévention. «La véritable valeur ajoutée du Risk Manager est de subir moins que ses concurrents lors des hausses. C’est dans lesmoments difficiles que l’on distingue ceux qui ont une vision et la confiance de leur direction générale » rebondit Rachel Balmadier.Mais dans les faits, «les accords de durée ont quasiment disparu et ceux qui subsistent, sont désormais assortis d’une augmentation prédéterminée» constate Jean Rondard. « Il semble difficile aujourd’hui de renouveler un LTA qui arrive à terme» confirme la Directrice des assurances d’Ipsen Pharma. Et de compléter : «Précédemment, un tel accord permettait d’obtenir une réduction de prime. Aujourd’hui, il faudrait presque payer pour en obtenir un!» . Quant à ceux qui avaient déjà signé des accords pluriannuels de 2 ou 3 ans, c’est encore l’inconnue. La plupart seront peut-être préservés jusqu’à leur terme, mais «il y aura un effet de rattrapage en 2021» prévoit Léopold Larios de Piña. «Certains LTA sauteront, les Trois questions à Quel constat dressez-vous de l’état du marché des grands risques d’entreprise en cette rentrée? Tout d’abord, je tiens à souligner la grande solidarité dont ont fait preuve les assureurs grands risques. Tous sans exception ont participé au financement à hauteur de 400 M€ par le marché de l’assurance, du fonds de solidarité du gouvernement. Aujourd’hui, le marché est arrivé à un tournant. Le retournement du cycle, évoqué déjà depuis un an, est clairement engagé et s’accélère avec la crise sanitaire. En cela, lemarché Français ne fait que rattraper son retard sur le marchéUSetanglaisdontleretournement s’est opéré plus tôt. Si on prend la branche des risques industriels comme référence de l’évolution du marché des entreprises, cette branche a progressé de +6.4%en 2019 sur le segment middle market en France. C’est la plus forte augmentation depuis 2003 et la crise qui a suivi les attentats de New-York. Mais il ne faut pas oublier d’où l’on vient : à partir de 2004, ce marché n’a connu que des baisses de tarifs. En cette rentrée 2020, le constat partagé par l’ensemble des acteurs du marché est bien celui d’ un retour aux fondamentaux du métier. Technicité de la souscription, qualité de la prévention, gestion irréprochable des comptes, transparence entre assureurs, assurés et intermédiaires sont les critères qui participent à l’acceptation des risques. Comment se sont passés les renouvellements de juillet et comment voyez-vous ceux de fin d’année? Pour les grands comptes, la campagne des renouvellements de juillet a été particulièrement longue et des «tenues couverts» ont dû être demandées pour des comptes qui n’ont été placés que début juillet, au-delà de leur date d’échéance anniversaire, ce qui n’était plus arrivé depuis très longtemps. La restriction des appétits de souscription de certains assureurs a fait évoluer les placements, les participations sont revues dans les programmes avec des redécoupages de lignes qui nécessitent agilité et réactivité chez les courtiers. Les réassureurs sont eux même dans des situations délicates notamment vis-à-vis de leurs rétrocessionnaires avec un refinancement désormais très élevé qui n’incite pas à mobiliser des capacités du même niveau que par le passé. La combinaison de la crise sanitaire avec la crise économique et l’accroissement du coût des événements climatiques pèse fortement sur la rentabilité des réassureurs. Après Standard&Poor’s, Moody’s affiche des perspectives négatives pour le secteur de la réassurance. Ce contexte financier couplé à une augmentation de la sinistralité notamment incendie génère un important effet ciseau pour les assureurs et les assurés. Cette tendance n’a aucune raison objective de s’arrêter. Les équilibres techniques doivent être restaurés afin d’assurer aux clients un partenariat sur le long terme avec leurs assureurs. Sur un marché tendu, que reste-t-il aux entreprises pour négocier? Le Risk Manager va prendre toute sa mesure, au sein de l’entreprise, durant cette période de difficultés. Il lui revient de présenter et réaliser des arbitrages sur la gestion des risques en se concentrant sur les fondamentaux. Le Risk Manager doit être l’élément moteur d’une meilleure relation avec les assureurs. Tout ce qui peut apporter de la confiance aux assureurs jouera favorablement pour réunir la capacité d’assurance nécessaire au transfert de ses risques. Les points clés sont : stratégie claire de gestion des risques, communication transparente, qualité des équipes et des outils de reporting accompagnées d’un intermédiaire expert et investissements en prévention. Un autre point important très pragmatique et opérationnel à souligner est l’anticipation dans la prise de décision. En cette fin d’année quasiment tous les programmes seront renégociés. Ces renégociations nécessitent de mobiliser de nombreux experts et de respecter les process internes de décision (referral au siège Europe ou Monde, comité de souscription). De plus, la Covid entraîne un ralentissement des échanges. La capacité de traitement de toutes les demandespar les entreprisesd’assurance n’est pas acquise, le Risk Manager doit donc anticiper ses renouvellements. Christophe Delcamp, Directeur adjoint des assurances de biens et responsabilité à la FFA

RkJQdWJsaXNoZXIy NjQyNDQw