ATOUT RISK MANAGER N°26

A u printemps, entre perte d’exploitation sans dommages et garantie annulation, les assureurs ont fait l’objet d’un traitement médiatique peu amène. Les organisateurs du festival Hellfest et leur courtier se sont largement exprimés dans la presse pour exprimer leur incompréhension face au refus d’indemnisation adressé par l’assureur. Cet exemple a contribué à écorner une fois de plus l’image d’une profession soupçonnée de ne jamais vouloir payer à cause de petits caractères en bas du contrat. Le procès est injuste car au contraire, les annulations coûtent très cher aux assureurs. Le report des Jeux Olympiques – s’il s’agit bien d’un report - coûterait à lui seul de l’ordre de 900 millions d’euros aux assureurs et réassureurs. «À ma connaissance, il n’y a pas eu de problème d’indemnisation chez nos clients, y compris lorsque le contrat comportait une exclusion sur le SRAS. Dans ce cas-là, les assureurs ont considéré que cela pourrait être interprété devant un tribunal, et ils ont préféré transiger et indemniser » explique Silvia Marques, Conseiller Spécialisé Événements, Risques Spéciaux & Annulations chez Marsh. «L’expérience récentemontre qu’il est essentiel de se pencher sur les clauses d’exclusion. Certaines peuvent vider la garantie de sa substance. Il faut un courtier compétent, mais faire appel à un avocat peut être aussi utile » conseille Estelle Josso, Administratrice de l’AMRAE. Selon Gérald Beyrand, fondateur de Phenomen, le cas des clauses litigieuses est une question qui concerne davantage les assureurs continentaux, très présents sur le marché français de l’assurance annulation. «Avec les Lloyds, il n’y a pas eu d’interprétation possible sur la couverture du risque annulation liée aux épidémies ou pandémies. C’est la force du marché anglais, qui propose des contrats très simples. S’il y a discussion, c’est au cours des opérations d’expertise pour déterminer le montant du préjudice. » explique ce dernier. Toutefois, quelle que soit la formulation de la clause ‑ les assureurs ayant transigé si nécessaire - les vraies difficultés rencontrées lors des annulations concernent ceux qui ne s’étaient pas couverts. « La crise sanitaire a permis de se rendre compte que de très nombreuses entreprises ne s’assuraient pas contre une annulation d’une rencontre commerciale ou d’une convention. Elles ne savent pas que ce type de garantie existe, elles se disaient qu’il n’y avait pas de risques, ou elles en ont conscience mais ne souhaitent pas payer pour seprotéger contrecetteéventualité» explique Léopold Larios de Piña, Vice-président de l’AMRAE et pilote de son Observatoire des primes et des assurances. Dans le monde d’après, les choses ont fondamentalement changé et personne, entreprise, organisateur de festivals ou de compétitions sportives, n’imagine plus qu’un Par Séverine Charon Assurance annulation : demande en hausse et offre en berne, les prix font la culbute L’assurance annulation a fait beaucoup parler d’elle pour le refus d’indemniser les organisateurs d’un festival. Un exemple qui nuit à l’image du secteur, alors que justement, les indemnisations ont bien eu lieu dans la majorité des cas. «  Avec les Lloyds, il n’y a pas eu d’interprétation possible sur la couverture du risque annulation liée aux épidémies ou pandémies. C’est la force du marché anglais, qui propose des contrats très simples. » Gérald Beyrand, Fondateur de Phenomen ATOUT RISK MANAGER N°26 I AUTOMNE 2020 22 Dossier - État du marché - Renouvellements 2020 et perspectives 2021

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