ATOUT RISK MANAGER N°25

ATOUT RISK MANAGER N°25 I ÉTÉ 2020 52 VEILLE ET POSITION CHANGER ABSOLUMENT DE PARADIGME : LA RÉSILIENCE DE L’ÉCONOMIE D’ABORD, L’ASSURANCE ENSUITE. Penser et mettre en place l’organisation pour limiter les pertes en chaine et réduire au maximum leur coût pour les entreprises et la collectivité est possible dans la majorité des cas, même si certains restent plus vulnérables. La seule réponse à une crise d’ordre systémique ne peut être qu’un Risk Management lui aussi systémique et systématique qui se décline sur les dimensions suivantes : La résilience : on peut éviter qu’un évènement exceptionnel global ne se propage de façon exponentielle dans l’économie, avec des conséquences qui dépassent la richesse du pays. Parce que le Risk Management est la solution, il faut inciter les entreprises à y investir au plus profond de leur modèle opérationnel, tout en les encourageant à la diversification stratégique de leurs activités et à la maitrise de leurs interdépendances. Il faut favoriser, par des mesures fiscales, tous les investissements améliorant la continuité opérationnelle - redondance des outils et sites, relocalisation, plan de continuité ou de reprise d’activité- telles les défenses immunitaires d’un organisme vivant qui se bat pour éviter un arrêt fatal et se remettre au plus vite. Les entreprises de toutes tailles trouvent le soutien à l’AMRAE qui diffuse les bonnes pratiques et les retours d’expérience car le socle de la résilience est commun à tous les risques. Ces investissements de résilience contribueront à la relance : si on compare leur coût à celui du risque évité, le retour sur investissement est excellent. Cela reste un coût, certes, mais, comme la qualité ou la santé, la résilience n’a pas de prix, ou plutôt elle est le prix de la confiance de tous dans l’économie et celui de la souveraineté économique du pays. L’auto-assurance des entreprises : il faut également renforcer, afin qu’elles mutualisent d’avantage dans le temps les risques sur leur propre bilan. Ici aussi, la fiscalité doit être incitative. Leur permettre de renforcer leurs fonds propres par des provisions déductibles, afin de faire face aux chocs futurs avec ce capital résilience. En complément il faut absolument promouvoir dans notre pays, comme en Europe, - ceci en toute sécurité juridique et fiscale -, un continuum d’outils d’auto-assurance pour les entreprises de toutes tailles, que ce soit le développement des filiales d’assurance et de réassurance des plus grandes Entreprises ou de mutuelles multi-entreprises pour les plus petites. Ces outils permettent unemeilleure gestion des risques de toutes leurs activités, en les connaissant mieux, pour organiser un transfert plus performant. L’assurance des grands risques : la résilience, même «la plus en pointe», ne peut pas protéger l’entreprise de chocs exceptionnels dépassant sa capacité de résistance sans le financement complémentaire apporté par le marché de l’assurance ou par l’État. Pouvoir financer ses pertes économiques devient essentiel pour l’entreprise : il faut donc développer de nouveaux dispositifs d’assurance pour couvrir la perte d’exploitation sans dommages. Si les deux conditions, que sont le renforcement du Risk Management et l’intervention de l’État, sont réunies, alors s’initiera avec les assureurs et réassureurs, le cercle vertueux du développement d’unmarché innovant s’appuyant sur toutes les techniques de transfert de risque. L’assurance est la marque d’une économie mature et puissante, seul un partenariat large entre sphères publiques et privées, élargi au niveau européen, permettra d’innover pour assurer le monde «d’après». LE RISKMANAGEMENT, MATRICE DU CAPITALISME RESPONSABLE Le partage du risque est au cœur du contrat social de l’entreprise comme de celui qui fonde la nation, la crise Covid‑19 nous le rappelle. C’est pourquoi, la gestion des risques est le socle de l’entreprise responsable, dont la capacitéde résilience contribue à la souveraineté de notre pays. La résilience devient ainsi un bien commun. Dans un monde devenu viral, cette économie du risque est le système de santé des entreprises et celui de l’économie réelle tout entière. Mettre en œuvre cette démarche est certes un défi. C’est surtout notre responsabilité. n «  Il faut favoriser, par des mesures fiscales, tous les investissements améliorant la continuité opérationnelle. »

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