ATOUT RISK MANAGER N°25

ATOUT RISK MANAGER N°25 I ÉTÉ 2020 49 MÉTIER RISK MANAGER - RÉSEAU INTERNATIONAL Si vous changez le modèle, quelles seront vos sources de revenus, les sponsors vont-ils suivre? Oui, ils ont sponsorisé les webinaires et ont eu raison : nous avons communiqué sur les réseaux sociaux, acheté une campagne sur Linkedin pour en faire la promotion, les avons ouverts aux non- membres, ce qui a permis de toucher un très grand nombre de participants : 20 % de membres, 80 % de nouveaux prospects venus du secteur de l’assurance et du courtage. Les sponsors ont pu récupérer plein de données (qui participe, quel type de questions posent-ils, etc.) : ils en ont eu pour leur argent! Mais rien ne remplacera jamais les grandes rencontres annuelles, comme celles de l’AMRAE à Deauville, là où les gens prennent un café, déjeunent ensemble, échangent. Nous avons repoussé notre forumannuel à octobre prochain. Avec la crise de la Covid‑19, le Risk Management est devenu un «hot job» en Italie? Clairement, l’intérêt pour le métier a été éveillé par les conséquences du Covid. La presse italienne a commencé à s’intéresser aux Risk Managers, à leur rôle en entreprise. L’impact économique de l’épidémie a contribué à populariser le métier du Risk Manager. Quant au métier lui-même, il s’est retrouvé au cœur du processus de décision stratégique, notamment dans les grandes entreprises qui avaient déjà une politique de gestion du risque. La grande nouveauté, ce sont les associations de PME qui nous ont demandé de faire des présentations de notremétier et pour la première fois, nous avons pu toucher les patrons de PME à l’occasion de webinaires et de réunions virtuelles. Le Risk Manager n’est plus vu comme une obligation à cause du RGPD notamment, mais comme une compétence utile en interne pour assurer la résilience de l’entreprise. Vos échanges avec Ferma se sont-ils intensifiés pendant la crise? Nous avons commencé à communiquer dès le début de la crise, et avons organisé notre premier webinaire avec la branche italienne de Ferma. Puis un deuxième où l’Anra s’est exprimé sur la situation que vivait alors l’Italie, au plus fort de la crise. Nous faisons par ailleurs partie de la «task force» de Ferma sur les sujets soutenabilité et financement des catastrophes naturelles. Quelles inquiétudes nourrissent les entreprises? Nous avons senti de grosses inquiétudes relatives à l’évolution du marché qui s’était déjà tendu en décembre 2019, en particulier pour le dommage aux biens pour laD&O (responsabilité civile des mandataires sociaux, ndlr). L’autre grande incertitude porte sur l’assurance- crédit et enfin, l’impact de la crise sur la gestion d’actifs des compagnies d’assurance, avec la détérioration des paramètres de Solvency 2. Les assureurs ont commencé à exiger l’exclusion du risque de pandémie, sans fondement. Amon sens, les assureurs devraient profiter de cette crise pour devenir de véritables partenaires des entreprises plutôt que de continuer à les voir sous le seul angle du profit. Plutôt que des problèmes, cherchons ensemble des solutions! L’Italie mène-t-elle une réflexion sur la garantie de l’État pour les risques exceptionnels? Cela fait quinze ans que l’on y réfléchit pour les catastrophes naturelles, les tremblements de terre, notamment. Mais les décideurs politiques estiment que ce serait faire un cadeau aux assureurs, donc rien n’avance… Contrairement à la France, l’Italie n’a pas un dispositif spécifique pour les catastrophes naturelles. C’est pourquoi nous soutenons l’idée d’un dispositif européen, avec un bon équilibre entre les instruments financiers et assurantiels. Certains de vos adhérents avaient-ils souscrit des garanties de pertes d’exploitation sans dommage? Oui, mais seulement au travers des garanties classiques de dommages aux biens et de rupture de supply chain, seul dommage couvert pendant la crise de la Covid‑19. La désinfection des sites était également couverte, pas l’arrêt d’exploitation. Pour le moment, le marché n’existe pas, en Italie comme ailleurs. Ce problème ne peut être réglé qu’à l’échelle européenne parce que nous aurons besoin d’une capacité financière décuplée pour financer ces garanties. Du point de vue de votre association, quelles leçons tirez-vous de la crise? Nemontrez jamais vos faiblesses à vos sponsors, même dans les moments les plus difficiles, soyez apporteurs d’idées, il faut leur montrer que tout est sous contrôle, que vous maîtrisez, ne soyez pas passifs non plus, mais productifs. Au départ, nos sponsors ne voulaient pas financer les webinaires, maintenant ils en redemandent! n «  La garantie de l’État, cela fait 15 ans que l’on y réfléchit pour les catastrophes naturelles, mais les décideurs politiques estiment que ce serait faire un cadeau aux assureurs. »

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