ATOUT RISK MANAGER N°24
ATOUT RISK MANAGER N°24 I PRINTEMPS 2020 79 VEILLE ET POSITION EFFET DOMINO Ce n’est pas la première fois que les supply chain sont percutées par une catastrophe : rappelons-nous la catastrophe de Fukushima en mars 2011 : un tsunami avait - entre autres - détruit une usine d’Hitachi produisant les débitmètres d’air, une pièce-clé des moteurs diesel. Le groupe PSA avait été contraint de réduire drastiquement la production de certains sites. Six mois plus tard, des inondations avaient dévasté les plaines thaïlandaises, plongeant la filière électronique sous l’eau : les zones inondées concentraient en effet un quart de la production mondiale de disques durs. Depuis, les sinistres ont pris des formes très diverses. Il y a eu des ouragans : Sandy en 2012 ainsi que la trilogie Harvey, Irma et Maria en 2017, qui ont essentiellement impacté l’économie américaine. Ou encore les incendies de sites industriels : la destruction des usines Meridian Magnésium dans le Michigan en 2018 et Recticel en République tchèque en 2019 ont fortement pénalisé les grands groupes automobiles américains et européens. Ces sinistres ont amené les entreprises industrielles à prendre conscience de leur interdépendance avec leurs fournisseurs. « Toutes les industries manufacturières sont concernées, observe Michel Josset. L’automobile, l’électronique mais aussi le textile, l’industrie pharmaceutique, etc. Si leurs fournisseurs sont impactés par une crise ou un sinistre, alors elles le sont aussi. » C’est précisément ce qui a fait de la crise du coronavirus, dès les premières mesures de confinement dans la région de Wuhan en décembre 2019, une crise systémique pour la supply chain. Wuhan est en effet le fief de l’industrie automobile chinoise. Donc de l‘industrie mondiale, la Chine étant devenue l’usine du monde : «En 2003, la Chine représentait 8 % de la production mondiale, explique Laurent Giordani, associé au sein cabinet de conseil Kyu, qui vient de publier un livre blanc, «La supplychainfaceauCovid-19» . Elleenreprésente aujourd’hui près de 20 %.» L’empire du Milieu a aussi pris une place prédominante sur le marché de la consommation : «Elle représente 14 % de la consommation de pétrole, 40 % des métaux, 20 % des dépenses touristiques » , précise Laurent Giordani. Moralité : «Contrairement aux précédentes crises, l’impact sur les supply chain vient davantage de l’arrêt de lademandechinoisequedesonoffreindustrielle.» PERTES D’EXPLOITATION SANS DOMMAGES Pour accompagner les entreprises industrielles, les assureurs ont développé des garanties «pertes d’exploitation sans dommages » : il s’agit, comme leur nom l’indique, de couvrir une perte d’exploitation liée à un événement n’ayant pas provoqué de dommage direct. Cette ligne de produit est née il y a une dizaine d’années, après l’éruption du volcan islandais Eyjafjöll dont les fumées ont perturbé le trafic aérien d’Europe continentale pendant plus d’une semaine. «Il ne s’agit pas d’une spécialité à proprement parler, commente Frédéric Durot, directeur du département Dommages de Siaci Saint- Honoré. Elle ne peut pas encore s’appuyer sur des historiques et des résultats techniques précis, des souscripteurs vraiment spécialisés, des traités de réassurance. » « C’est une activité en construction, confirme Jean-Baptiste Régnier, expert en pertes d’exploitation sans dommage chez AGCS (Allianz Global Corporate & Specialities). Nousmanquons de visibilité : son développement passera par un état des lieux et une co-construction de solutions avec les Risk Managers.» « En 2003, la Chine représentait 8 % de la production mondiale, elle en représente aujourd’hui près de 20 %. » Laurent Giordani, associé au sein cabinet de conseil Kyu
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