ATOUT RISK MANAGER N°24

ATOUT RISK MANAGER N°24 I PRINTEMPS 2020 65 À L’AFFICHE RISK MANAGEMENT À L’AUNE DU COVID RISQUE CYBER CONSTRUCTION TÉLÉMATIQUE Lundi6avril2020 www.lesechos.fr EdouardLederer @EdouardLederer Ledébatsur lacréationd’unrégimed’assu- rancede« catastrophesanitaire »compara- bleouinspirédecatastrophenaturellecom- mence à faire son chemin.Dansune interviewau«Journaldudimanche», le directeurgénérald’AXA,ThomasBuberl,a suggérécommentpourrait fonctionnerun tel régime,quimanquecruellementaux entreprises.Unpeuàlafaçond’unecatastro- phenaturelle, leconfinement leurfaitsubir de lourdespertesd’exploitationquinesont pour laplupartpascouvertesparunméca- nismed’assurance. « Nousdevonsréfléchirà lacréationd’un mécanismedemutualisationquipuisse accompagner lescrisessanitaires ,a-t-ilexpli- qué. Jevaisprendreune initiativepouravan- cerdanscettedirection .»Jeudidernierdéjà, laprésidentede laFédération françaisede l’assurance (FFA),FlorenceLustman,avait annoncédansune tribune le lancement d’une« réflexionpour fairedespropositions auxpouvoirspublicsencesens ». Lesentreprisescouvertes sur lesrisquesmatériels Lepatrond’AXAavanced’oresetdéjàquel- quespistes.Première indication,cedisposi- tifpourraitnepasêtreuniquementmisen placeenFrance.« AXA estprêtàprendre l’initiativepour travailleravec l’Etat français etd’autresEtats européens », indique-t-il ainsi.ThomasBurberlsuggèrequecefonds appartienneà50%àl’Etatetà50%àunpool d’assureursprivés. Ilserait financépardes primesencaisséeschaqueannéeetmisesen réserve.« Encasdecrise, lesassureurspaie- raientjusqu’àdeuxoutroisfoislemontantdes primes, l’Etatprenant le relaisau-delà », explique ledirigeantpourqui« il faudra aussi fairebeaucoupplusenmatièredepré- vention ».Cedébat renvoieau faitque les entreprisessontplutôtcouvertescontredes dommagesmatériels. Selonun sondage réaliséendécembre dernierpar l’Amrae (l’associationdesrisk managersd’entreprise),plusde70%des grandes entreprisesnedisposaientpas d’assuranceenpertesd’exploitation sans dommages, les30%restantsconcernaient pour l’essentieldesextensionsdegaranties limitées.Avec lacriseducoronavirus,« les pertesd’exploitationdesentreprises françai- sesduesauconfinementvont sansdoute se chiffreràdesdizainesdemilliardsd’euros, sommequ’aucunacteuràpart l’Etatnepeut supporterseul »,estimait jeudidernierFlo- renceLustmandanssa tribune.A l’avenir, pouranticiperdescrisesdece type,« les assureursnepourrontpascouvrirseulsdetels événementset[unéventuelrégimedecatastro- phesanitaire]devras’appuyersurunparte- nariatavecl’Etat ». n CAC40 4.154,58points -1,5726% n DOWJONES 21.052,53points -1,6854% n EURO/DOLLAR 1,0825$ -4,1017% n ONCED’OR 1.613,1$ -0,2288% J PÉTROLE (BRENT) 34,11$ 14,8872% DEVISES EUR/GBP 0,8813 EUR/JPY 1,1724 EUR/CHF 1,0557 GBP/USD 1,2259 USD/JPY 1,0845 USD/CHF 0,9749 TAUX EONIA -0,442 LIFFEEURIBOR3MOIS -0,336 OAT 10ANS 0,0551 T-BONDS 10ANS 0,587 ASSURANCE AB InBev 28 AirFrance-KLM 21,38 Allianz 29 Amazon 20,23 Apple 23 AXA 29 Biosynex 27 Bricomarché 18 Brink’s 30 Carnival 28 Castorama 18 CMACGM 28 CNPAssurances 29 Darty 18 Disney 23 Eko 23 Facebook 24 FNAC 18 FranceTélévisions 23 GillisAerospace 27 H&M 38 HBO 23 Imerys 28 JCDecaux 28 JeffdeBruges 19 LaMaisonduChocolat 19 LVMH 28 M6 23 McDonald’s 19 Netflix 23 Nicolas 18, 19 Oracle 28 Orange 28 PernodRicard 28 Picard 18 SchneiderElectric 28 SCOR 29 TF1 23 T-Mobile 23,28 WarnerMedia 23 AVIS FINANCIERS Gecina 19 Natixis 31 Vicat 21 = LESENTREPRISES CITÉES l’ essentiel LaurentRouvrais/LaMaisonduChocolat Leschocolatiersveulent quandmême fêterPâques Lamajeurepartiedes acteurs avaient fermé leursboutiques,voirearrêté leurs ventessurInternet,audébutduconfi- nement.PourPâques,uncertain nombre rouvre enmettant en place lesmesures sanitaires nécessaires. //P.19 Uncréditd’impôtpour lesannonceursà l’étude pouraider lesmédias La rapporteure de la loi sur l’audiovisuel,AuroreBergé, plaide pour lamiseenplaced’uncréditd’impôt sur les dépenses de communication, poursoutenir lesmédiasdurant lacrise. //P.24 Lesecteurducartonnage, ensurchauffe,s’adapte Laruéevers lesdenréesalimentaireset les produitsd’hygièneaenpartiecompensé l’arrêtbrutald’autres secteurs,mais lesacteursde l’emballageencar- tonontdû fairepreuved’adap- tation sur leplanhumainet industriel. //P.26 Lacrisesanitaire dope lepaiement sanscontact Lenombrede transactionspar cartebancaire abaissé la semaine du23marsau29mars.Mais lepaiement sans contactprogresse encoreplus vite que lamoyenned’avantcrise. //P.30 Lepatrond’AXAesquisseunfutur régimedecatastrophesanitaire Cesdéclarations interviennentalorsque lasemainedernière,surBFMTV,leministre de l’Economie,BrunoLeMaire, s’estdit « convaincu »que lesassureurspeuvent « faire encoredavantage »pouraider les entreprisesàsurvivreaucoupd’arrêtprovo- quépar le coronavirus.Parmid’autres mesures, lesassureursontdécidédedéblo- quer200millionsd’eurospourabonderun fondsdesolidaritéauxpetitesentreprises misenplaceparlegouvernement. n Ledirecteurgénérald’AXA,ThomasBuberl :«Notregroupeestprêtàprendre l’initiativepour travailleravec l’Etat françaisetd’autresEtatseuropéens.» PhotoEricPiermont/AFP NathalieSilbert @natsilbert Premierpasvers ledépistagemassif desFrançais : leministrede laSanté, OlivierVéran,metdans laboucledes testsdedétectionduCovid-19, « les laboratoireshospitaliers,deville,dépar- tementaux, vétérinaires,de recherche, de gendarmerie,depolice» .Annoncée paruntweet,lamesureseraopération- nelle «dèsce lundi» ,a-t-ilprécisé. La situation s’estdoncenfindéblo- quéepour les75 laboratoirespublics dépendantdesdépartements.Spécia- lisésdans l’analysede contrôledes eaux,de l’hygiènealimentaireoude santéanimales, ilsauraient informé dès le 15mars, selon «LePoint », le directeurgénéralde la santé, Jérôme Salomon,de leur capacitéàeffectuer entre150.000et300.000testsPCRpar semaineàpartird’avril. Ilsvontainsi pouvoirapporter leurécotà l’objectif dugouvernementdeporterà50.000le nombrede testsquotidiens réalisésà finavril.Lespersonnels soignants et lesmaisonsde retraitedevraient en être lespremiersbénéficiaires. Alorsquedepuis 2011, l’Europe a exclu ces laboratoiresde labiologie humaine, « lesdispositions réglemen- tairesnécessaires serontprisespour leurpermettre […] deréaliser lesopéra- tionsmatériellesde testsdans le cadre d’unpartenariatorganiséavecun labo- ratoiredebiologiemédicale» ,a indiqué à l’AFPune sourceauministèrede la Santé.Cetteparticipationprendra « juridiquement» laformed’uneréqui- sition,a-t-elleprécisé. Remboursement De leurcôté, les3.861 laboratoiresde villesur le territoireontétéconfirmés dans leur rôlededépistage.François Blanchecotteattendencoredespréci- sions.Les interrogationsduprésident du syndicatdesbiologistesportent notamment sur les tests sérologiques quipermettentdediagnostiquersiune personneproduitdesanticorpscontre levirus.Avec7.500biologistesetune capacité à traiterquotidiennement 500.000 patients, les laboratoires d’analysemédicalesenville représen- tentune forcede frappe significative. «Nousavonsdéjà lesmachinespour les réaliser,maisnousattendonslesautori- sations » , souligne-t-il.Selon lui,un pointdoitnotammentêtreréglé :celui de lapriseenchargedeces testspar la Sécurité sociale.Une réunion serait prévuemardi avecNicolasRevel, le présidentde laCaissenationalede l’Assurancemaladie. Unepartiedes laboratoiresdevilles effectuedéjà lestestsPCRdedétection duCovid-19.Alorsque jusqu’àprésent, lespénuriesderéactifsetd’écouvillons freinaient leur activité, la situation commenceenfinàs’améliorer. n Tests : les laboratoires devilleet départementaux àlarescousse SANTÉ Avec7.500biologistes, les laboratoires d’analysemédicales envillereprésentent uneforcedefrappe significative. reportées, explique-t-onauministèredes Finances. Iln’yaurapasdedécision for- melleavant lafinde lapandémie.» 550millionsdedollars En imposantcesdélais très incertains, le ministèrepourraitmêmenepasavoirà formulerdeveto : l’acquéreuraméricain pourrait renoncerà sonoffre.Cela fait déjàdesmoisqueTeledynenégocieavec levendeur et laDirectiongénéralede l’armement.Etde l’avisdecertains res- ponsables au sein duministère des Arméesamenésàexaminerdesoffresde cetype, « ledossierdeTeledyneesttrèséla- boréetsolide,avecunelettred’engagements poussés,travailléedanslecadred’undialo- gueavec l’Etat» . Ilrestedoncaprioripeu deconcessionssupplémentairesàobte- nirdugroupeaméricain. Enparallèle, souligne-t-onau seinde l’Etat, «celalaisseplusdetempspourtrou- veruneautresolution» .Iln’estpascertain néanmoinsque lacrise fassebaisser le prixd’achatdePhotonis,pointbloquant pourdescandidats français.Teledynea officialiséavoirmislabarreà550millions dedollars. n Bercydissuadel’américain Teledynederacheterleleader françaisdelavisionnocturne AnneDrif @ANNDRIF LacriseduCovid-19donneplusdepou- voirà l’Etatpourécarter lesoffresétran- gères surdesentreprises stratégiques. Dansundocument communiquéà la SEC, legendarmeboursieraméricain, l’américainTeledynesignaleavoirreçule 31marsun «avisnégatif» duministère françaisdesFinancespour racheter le leaderde lavisionnocturnePhotonis,un projetquiavaitsoulevélacolèredeparle- mentairesetessuyédestirsdebarrageau seinduministèredesArméesetdesservi- cesderenseignement. Cetavisdoitêtreconfirméparécrit, uneoptionquen’est jamaisallée jusqu’à activer leministèredesFinancesau titre ducontrôledes investissementsétran- gers.Bercyneveutpasnuireà l’entréeen Francedecapitaux internationaux. Dans lecasdePhotonis, ilne formali- serapas ce refusdans lesprochaines semaines. «C’estlacrise,nousn’avonspas àdécidermaintenant.Leséchéances sont DÉFENSE Aprèsquinzeansdecalmeplat, le marchéde l’assurancedes risques industrielsesten traindes’enflam- mer.Selonplusieursacteurs, les prixconnaissentdepuisl’andernier une remontée spectaculaire sur fondd’augmentationdescoûtsdes sinistres,debaissedecapacitéset depressionréglementaire. «Depuis2003,lemarchédel’assu- rance industrielleétait favorableau client ,constateLaurentBelhout, directeurgénéralde la filiale fran- çaiseducourtieraméricainAon. Mais,depuisl’annéedernière,ilyaun tournant :onconstatedeshaussesde plusde 10% sur les risques indus- triels.» L’assureurZurichseprépare mêmeàdeshaussesdeprixde20à 40%contre lesrisquesd’interrup- tiond’activités,d’incendieoude cyberattaque. «Ladernière foisque cegenredemarchéavraimentexisté, foultitudede capitaux sontvenus financerl’assuranceetlaréassurance, créantdescapacitéssupplémentaires etalimentant lacompétitionentre les acteurs» ,expliqueBrigitteBouquot, présidentede l’Associationpour le managementdesrisquesetdesassu- rancesdel’entreprise(Amrae).Mais cesderniersmois, lesassureurs commeAXAXLouAllianzont changéd’attitudesouslapressionde deux facteurs,selonelle.Première- ment, lescatastrophesnaturelles, incendiesetautres incidents,cou- plésà la judiciarisationdesaffaires, ontrenchéri lecoûtdesdommages portésparlesassureurs. Deuxièmement, lesnouvelles règlesprudentiellesdeSolvabilitéII ontobligé lesassureursàmettre plusde capitalpour couvrir les risquesaumomentoùceux-ci se trouventconfrontésà l’interdépen- dancecroissantede lamondialisa- tion.Faceàdesscénariossystémi- ques sur lesquels ilsn’ont pas forcémentdedonnées, ilssontplus frileux.— T.M. Lesprixflambentdanslagarantie desrisquesindustriels Lesprix sur lemarché de l’assurancedesrisques industrielsrepartent à lahausse. garantiesde25à30millionsauprès d’unclient, ilsont limité leurenga- gementdemoitiédans lesderniers contrats. «Nous sommespassés d’unepériodeoùlesassureurssefrot- taient lesmains faceauxnouveaux risquesàunepériodeoùilssontplus frileux» ,déclareBrigitteBouquot, présidentede l’Amraeetadminis- tratricedes filialesd’assurancede Thales. S’ilyaun choc, ce sont les entreprisesquidevront leportersur leurbilan.» En 2017, Saint-Gobain a ainsi perdu220millionsd’eurosdechif- fred’affairesaprès lacyberattaque NotPetya.L’industrieln’étaitpas assurécontrece risquepréciseta revu,depuis, sapolitique.Mais ceuxquil’étaientontaussigardéun goûtamer.Attaquépar lemême « ransomware», lecabinetd’avo- catsaméricainDLAPiperapour- suivi sonassureur,Hiscox,quia refusédepayer lesinistre.Legéant de l’agroalimentaireMondelezest luiaussienlitigeavecsonassureur, Zurich,qui refused’indemniser 100millionsdedollarsdeperteset dedommages (seretranchantder- rière le faitque l’attaqueauraitété menéeparunEtat, laRussie). Or, lerisquenecessedecroître. SelonIBM,uneviolationmajeure de données, portant sur plus de 1milliond’enregistrementscom- promis, coûte enmoyenne 42millionsdedollars,soit8%de plus que l’annéeprécédente.Les assureurs sont en traindepren- dre conscience de la dimension systémique du risque cyber. «C’est vraimentun risque global, plus encore que le nucléaire, car, dans le cyber, la catastrophe est partout » , témoigne le patron d’ungrandgrouped’assurances. Conseiletprévention Ducoup, lesassureursse trouvent aumilieudugué. «Le cyberrisque était largementgarantidans lescon- tratsglobauxderesponsabilitécivile (RC) , indiqueLaurentBelhout, directeurgénéralducourtierAon en France. Les assureurs vont l’exclurede laRC» et le traiterde façonautonome.Dans l’immédiat, certains risquesne sontpas cou- vertscardifficilesàqualifier.Par exemple :dans lecasd’une fraude surpaiementparcartedansl’avion, l’assureurpourraitleclasserdansle risqueaéronautique(silepaiement a lieudans lesairs)oucyber (pour un paiement au sol), voire en responsabilitécivile. Ilsmettentaussi l’accentsur la prévention. « L’assurance a un rôle vital à jouer pour aider les entreprises si toutes les autres mesures sont insuffisantes,mais çanedoitpasremplacer lagestion stratégique du risque » , insisteMarek Stanislawski, directeurmondialadjointdu ris- que cyber chezAGCS.De son côté, AXA XL va lancer avec Accentureun service de conseil aux entreprises sur lamenace cyber.PourBrigitteBouquot,cela nesuffirapas. «Lesassureursdoi- ventdirecequ’ilsveulentfairedece nouveaurisque» ,dit-elle. n l Le risquecyberestdevenu lapremièremenacedesentreprisesdans lemonde, selon lebaromètreAllianz. l Lesassureurs traînent lespiedspourcouvrircenouveau risque systémique. Lecyberrisqueoulagrandepeur desassureurs ThibautMadelin @ThibautMadelin Pour lesdirigeantsdeTravelex, le premier réseaumondial de bureauxdechange,leréveillonadû êtrepénible.Le31décembre,des piratesontinjectédanssesserveurs levirus informatiqueSodinokibiet demandéunerançonoumenacéde publierdesdonnéesprivéesdemil- liersdeclients.Selon lesmédias, ils ont réclamé jusqu’à6millionsde dollars.La sociétébritanniquedit avoirréussiàempêcherlapropaga- tionduvirus,mais larévélationde l’attaquea faitchutersoncoursde prèsde17% le8 janvier. Après l’attaque sur labanque américaineCapitalOne,qui s’est faitvoler lesdonnéesde 106mil- lionsdeclients l’étédernier, lecas Travelexillustrelamontéedesinci- dentscyber.Ceux-ci figurentpour lapremière foisentêtedubaromè- treannueldes risquesqu’Allianz publiecemardi (2.700expertsdu risqueinterrogésdansunecentaine depays). «Les incidents cyber et le changement climatique sontdeux grands défis que les entreprises devront surveiller étroitementdans cettenouvelledécennie» ,annonce JoachimMüller,directeurgénéral d’AllianzGlobalCorporate&Spe- cialty(AGCS). Desgarantiesenbaisse Maisalorsque les risques cyber augmentent, lesassureurs traînent les pieds. En France,Allianz constateainsiune réductiondes capacitésdisponiblesparassureur etundébutdehaussedesprimes. «C’est tout leparadoxe , regrette LéopoldLariosdePiña,pilotede l’observatoiredesprimesetassu- rancesde l’Amrae, l’Association pour lemanagementdesrisqueset des assurancesde l’entreprise. Pendantdixans, lesassureursont vouluvendredesassurancescyberet, aumomentoùlesclientssontprêtsà souscrire, ils commencentàvoir les sinistresetexcluentlesrisquesàtrai- ter.» Selon l’association,alorsque lesassureursétaientprêtsàpren- dreenFranceunengagementde ASSURANCE c’étaiten2002» ,adéclarémardi,à Bloomberg,JamesShea,responsa- bledel’assurancecommercialechez Zurich. Cemouvementmet fin àune périodedurant laquelle lesprimes d’assurancede grands risques avaientbaisséde40%,après2003. Une réactionelle-même liéeà la flambéede80%quiavaiteu lieu dans lesdeuxansaprès lesattentats du11septembre2001.Maisaussiàla nouvelledonnedumarché,marqué paruneabondanced’offres. «Sur- toutdepuis la crise financière,une Lescatastrophes naturelles, incendies etautres incidents, couplésà la judiciarisation desaffaires,ont renchéri lecoût desdommages. 8JANVIER2020 yes-Nancy-Strasbourg UNIONEUROPÉENNE Aveclesoutiende Nospartenaires rmationsetinscription w.grandenov.fr ROPHÉESDEL’INNOVATION U GRAND EST 2020 RÉELIBRE CESLIMITÉES Unévénementorganisépar 2 Tro Info w w T D ENT PLA FINANCE&MARCHES LesEchos Mardi14 janvier2020 Paris veut refaire son retarddans les captivesd’assurance BenoitMenou—05/03/2020—L'AGEFIHebdo CelledeWorldlinevients’ajouteraux raresstructuresdomiciliéesenFrance dansunmarchéà l’horizonprometteurdominéenEuropepar le Luxembourg. En quête d’attractivité sur tous les fronts, laPlace deParis entend continuer à semobiliser sur celui de la localisationdes captivesd’assurance–plusprécisémentde réassurance leplus souvent–, ces filiales créées par des groupes industriels ou de services afin d’assumer une part de leurs risques. Elles sont 5.000 dans lemonde, plus de 350 enEurope…mais seulement 5 en France ( voir le gra‐ phique ), dont la captive deWorldline, tout nouveau pensionnaire (son agrément par l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution – ACPR – a été dévoilé début février) d’unmaigre bataillon sta‐ tique depuis deux décennies avecVeolia, L’Oréal,DassaultAviation etArianeEspace.Un renfort qui enappelled’autres? L’univers des captives semble en tout cas appelé à s’étendre, l’outil répondant à la problématique d’un durcissement dumarché de l’assurance : ses acteurs faisant face à une chute de leurs produits financiers ont dû renoncer à privilégier la conquête commerciale et ontmis l’accent sur la rentabilité technique avec des conditions de souscriptions plus strictes, notamment sur les primes ou les capa‐ cités.Soit« unappétitmoindreetplus sélectifde lapartdesassureurs, surtoutdepuis l’été2019, re‐ donnant tout son intérêt à la captive », témoigne LaurentBonnet, directeur du pôle captive et trans‐ fertsde risquesalternatifs chezGrasSavoyeWillisTowersWatson,quia conseilléWorldlinedans sa réflexion. Réflexion passant par le choix de la localisation de l’entité, pour lequel la Franceœuvre à combler son retard sur lesogres irlandaiset luxembourgeois.Des travaux sonten cours, impliquantnaturelle‐ ment la voix des responsables de lamaîtrise des risques en entreprise avec l’Amrae (Association pour lemanagement des risques et des assurances de l’entreprise) ou celle des pouvoirs publics avec notamment la direction générale duTrésor. « Nous travaillons avec l’Amrae sur la relocalisation des captives en France », a de fait publiquement prévenu le sous-directeur des assurances du Tré‐ sor, LionelCorre, à l’occasion des dernièresRencontres de l’association début février. Sur le choix d’un pays d’accueil, les critères de qualité de la supervision, de cadre fiscal et d’écosystème de ges‐ tionpeuventaiderà y voirplus clair. Le superviseur tout d’abord, en l’occurrence l’ACPR qui, selon un fin connaisseur, « ne peut consa‐ crer de guichet dédié à des captives ne représentant qu’une part infime des 750 entités d’assurance supervisées enFrance. Il y a une question d’effet d’échelle pour créer un environnement de contrôle adapté efficace ».Cet expert défend tout demême le respect par le superviseur du principe euro‐ péendeproportionnalitéprévuparSolvabilité2, selon lequel il convientde tenir comptedes spécifici‐ tés de ses protégés, typiquement en termes d’activité ou de taille. « L’ACPR est aujourd’hui davan‐ tage à l’écoute des contraintes d’exploitation des captives, quand historiquement la France ne sou‐ Les cyberattaquespourraient semultiplierdans les prochainsmois BrunodeRoulhac —21/04/2020—L'AGEFIQuotidien /Editionde7H Lasinistralitén'apasaugmentépour lemoment.LesPMEetETIsont les plusvulnérables.Lesprimesd'assurancedevraientprogresser. Quels cybermenaces avec le Covid-19 ? La crise nécessite de déployer très rapidement des res‐ sources et des outils pour le télétravail, tout enmaintenant des règles de sécurité.Un vrai défi pour l'entreprise, a rappelé l'Amrae (Association pour lemanagement des risques et des assurances de l'entreprise), lors d'unwebinar en partenariat avec l'Anssi (Agence nationale de la sécurité des sys‐ tèmesd'information)et le courtierMarsh. Près de lamoitié des personnels sont en télétravail, engendrant une augmentation de 50% du trafic de données et une hausse de 30% sur les lignes fixes. Progression du trafic due également aux usages personnels.Une dualité quimultiplie les risques cyber.Avec des hackers très actifs. Les at‐ taquesDDos (rendant un service indisponible) ont progressé de 30%, et les campagnes de phishing ont été multipliées par sept en février. Toutefois, «nous ne constatons pas pour le moment de brèches majeures ou de pertes sérieuses déclarées », précise Philippe Cotelle, administrateur de l'Amrae. A ce stade, la crise est sanitaire,mais non cyber. Néanmoins, «les entreprises ne sont pas toutes préparées àmaîtriser les risques associés à cette situation prévientYannTonnelier, de l'Anssi. D'au‐ tantque la surfaced'expositiona crûavec lahaussedesusagesnumériquesdemobilitéetdes colla‐ borateurs non préparés ».Or, tous les risques sont présents : piratage de comptes professionnels ou de systèmes d'information de l'entreprise, pertes d'exploitation et de données, atteinte à l'activité et à l'imagede l'entreprise,et fraude. «Nous n'enregistrons pas de hausse de la sinistralité cyber liée auCovid », précise JeanBayon de la Tour,deMarsh.D'unepart, lephishing relèvedespolicesde fraude, complémentairesauxpolices cy‐ ber. D'autre part les grands groupes gèrent bien ces attaques. En revanche, ETI et PME sont les principales victimes, peu assurées contre les risques cyber ; et leur urgence actuelle est leur trésore‐ rie.Leurséventuellesdéclarations interviennentgénéralement troismoisaprès l'incident. «Nousanti‐ cipons des vagues d'attaques dans les prochainsmois, grâce aux failles actuelles », prévient Jean Bayonde laTour. Apriori, lesgaranties fonctionnentnormalement.Le risque cyberestpardéfinitionmouvantet le télé‐ travail existait avant la crise.Néanmoins, si les attaques des systèmes d'information de l'entreprise via leByod (Bring yourowndevice) sont couvertespar laplupartdespolices, cen'estpas toujours le cas pour l'attaque du seul outils utilisé enByod et une adaptation de la police peut être nécessaire, poursuitYannTonnelier. Il rappelle que le vrai défi sera à la sortie de crise quand il faudra réintégrer desoutilspotentiellement infectés sur les réseauxde l'entreprise,etmaintenirdesniveauxde sécuri‐ ImpriméparTousdroits réservés JEUDI9AVRIL2020 76 E ANNÉE–N O 23405 2,80€ –FRANCEMÉTROPOLITAINE WWW.LEMONDE.FR– FONDATEUR :HUBERTBEUVE-MÉRY DIRECTEUR :JÉRÔMEFENOGLIO Algérie 220DA, Allemagne 3,70€, Andorre 3,50€, Autriche 3,80€, Belgique 3,10€, Cameroun 2400FCFA, Canada 5,70$Can, Chypre 3,20€, Côted'Ivoire 2400FCFA, Danemark 36KRD, Espagne 3,50€, Gabon 2400FCFA, Grande-Bretagne 3,10£, Grèce 3,50€, Guadeloupe-Martinique 3,20€, Guyane 3,50€, Hongrie 1330HUF, Irlande 3,50€, Italie 3,50€, Liban 6500LBP, Luxembourg 3,20€, Malte 3,20€, Maroc 22DH, Pays-Bas 3,80€, Portugalcont. 3,50€, LaRéunion 3,20€, Sénégal 2400FCFA, Suisse 4,40CHF, TOMAvion 500XPF, Tunisie 4,10DT, AfriqueCFAautres 2400FCFA ThomasGomart  «Cette crise est la  première d’unmonde postaméricain» Collectif  «Rebâtir un contrat social  et fiscal plus juste» IDÉES → PAGES 24-25 TRAÇAGEDESMALADES:CEQU’ÉTUDIELEGOUVERNEMENT ▶ L’exécutifréfléchità la miseenplaced’uneappli­ cationde«tracking»pour smartphone,quipermet­ traitdesuivre lesperson­ nesatteintesduCovid19 ▶ Dansunentretien conjointau«Monde», OlivierVéran,ministrede lasanté,etCédricO,secré­ taired’Etataunumérique, expliquent leprojet ▶ Installée«volontaire­ ment», l’application «pourrait limiter ladiffusionduvirusen identifiantdeschaînes de transmission» ▶ «Aucunedécisionn’est prise»,assurent lesminis­ tres,quiprécisentque le dispositifsera fondésur levolontariat,à l’inverse d’autrespayspluscoercitifs ▶ Alorsque laFrance enregistreplusde10000 morts, laprioritéreste le confinement,quecertains mairesontdécidédedurcir PAGES 2-3 LALOUISIANEFACEÀLACATASTROPHESANITAIRE Prisede température à l’entréed’uncentrede congrès transforméen hôpital,àLaNouvelle­ Orléans, le6avril. KATHLEENFLYNN/REUTERS ▶ Après l’ouraganKatrinaen2005,LaNouvelleOrléansestdurement touchéepar l’épidémie.Elles’inspiredes leçonsdupassépoursurmontercecataclysme. LEREGARD DEPLANTU Lerégimeaautorisé,dans lanuitdumardi7avril, les 11millionsd’habitants àquitter laville,après onzesemainesd’isole­ ment.Lescontrôlesde températurerestentobli­ gatoiresdans lesgares PAGE 8 ET CHRONIQUE PAGE 26 Chine Déconfinement  souscontrôle  àWuhan Immobilier Lemarché tourne toujoursauralenti, exception faitedu logementde luxe PAGE 16 Drogue Le trafic destupéfiants s’estadaptéà la situationsanitaire PAGE 13 Economie Lesentreprises seconvertissent pour fabriquer desmasques PAGE 17 SORTIRDENOTRE  ADDICTION  AUPÉTROLE PAGES 16 ET 26 1 ÉDITORIAL MoniquePelletier  «Le sortdes  “vieux” en Ehpad estdramatique » Conséquencede l’épidé­ mieetde lacrise:de l’ex­ trêmedroiteà lagauche anticapitaliste, lespartis sedisputent lanotion deprotectionnationale PAGE 12 Politique Les frontières  s’imposentdans  ledébatpublic Mêmebattusousur ledé­ part, lesélusdoiventgérer leurville,etparfois le conseildesurveillancedu centrehospitalierrégional PAGES 10-11 Politique Lequotidien desmaires  bouleversé par lacrise FLOTTES D’ENTREPRISE SUPPLÉMENT Alorsque lepremier ministrerestaitensoins intensifsmercredi8avril, DominicRaab, leministre desaffairesétrangères, assure lagestionde lacrise sanitaire,maissanspou­ voir formel. Ildoitcompo­ seravec lesdissensions auseinducabinet,notam­ mentsur leconfinement PAGE 6 RoyaumeUni Ledélicat  intérimdeBoris  Johnson Lespaysde l’Unioneuro­ péennen’ontpasréussià trouveruneréponseéco­ nomiquecommune faceà lacrise. Ilsserevoient jeudi PAGE 15 Planderelance LesVingtSept  suspendent lesnégociations PAGE 19 ANALYSEZ2018//DÉCHIFFREZ2019 220PAGES 12€ 12 | flottesd’entreprise JEUDI9AVRIL2020 0123 Latélématiquerenforcelasécuritéroutière Grâceàsonefficacitéreconnueparlesspécialistesdurisqueenentreprise,elles’imposedanslesflottesautomobiles M ieux vaut prévenir que guérir. Pour la médecine commepour la sécurité routière, la sagesse la plus élé­ mentaire place la prévention au cœurdespratiquespouréviter le pire. La route est la première causedemortalitéautravail.Véri­ tablefléau, l’accidentde lacircula­ tion s’accompagned’un coûthu­ mainetéconomiqueparticulière­ ment lourd et peut déstabiliser profondémentun serviceouune entreprisedanssonensemble. C’est pourquoi l’Association pour lemanagementdes risques etdes assurancesde l’entreprise (Amrae) insiste sur l’importance desactionsmenéesenamontet souligne l’utilité de la télémati­ que dans cette démarche. «Si la préventioncontinuede jouerplei­ nement son rôle en matière de sécurité et de préservation des véhicules, elle sera bientôt, et de manière incontournable, épaulée par la télématique», affirme Pa­ trick Lacroix, le président de la commission automobile de l’as­ sociation. Selon l’Amrae, avec la masse d’informations obtenues par ces systèmesdegestion con­ nectés (kilométrage,consomma­ tion,émissionsdeCO 2 , tempsde parcours,géolocalisation,météo, etc.), lesprérogativesdugestion­ nairede flottevont s’élargir.Ces nouvelles données vont lui per­ mettre demieux cartographier les risques,quandsonanalysese fait encore, laplupartdu temps, sur lemodeempirique. Pour les spécialistes de la ges­ tion du risque, le coût élevé des équipements freine encore leur généralisation à l’ensemble des flottes. Pourtant, le retour sur investissement est prometteur. L’Amrae citeun test de sixmois réalisé en GrandeBretagne et dont lesrésultats incitentà l’opti­ misme: lenombrede comporte­ ments dangereux a baissé de 98%, laconsommationdecarbu­ rantde17%, lasinistralitéde40% en fréquenceetde60%encoût. Lesautoroutesplussûres Pourobtenirunephotographie complète des accidents de la route dans le cadre du travail, Masternaut,une entreprise fran­ çaisespécialiséedans lesservices degéolocalisationetde télémati­ queembarquée,aanalyséquatre millions d’heures de conduite. L’étude montre l’incidence du comportement au volant sur le risque routier. Les résultats confirment que les freinages et les accélérations brutales, et les viragesnégociésàvitesseélevée, augmentent la dangerosité et le nombre d’accidents. Les mau­ vaiscomportementsdeconduite constituent lepremier facteurde risque etMasternaut les qualifie d’une dangerosité extrême, avec uncoefficientderisquede193%. La sécuritévarie également en fonction du type de route em­ pruntée. Ce facteur de risque arrive en deuxième position dans l’étude du télématicien. Il rappelleque,en2017,37222acci­ dentsont été enregistrés sur les routes et les rues en aggloméra­ tion et 15738 sur les routeshors agglomération, contre 5653 si­ nistres enregistrés sur auto­ route.Malgré la rapidité du tra­ fic, les autoroutes apparaissent comme étant, de loin, les voies lesplussûres. La troisième cause d’accident peut impliquer directement la responsabilité de l’employeur. Lors de journées de travail lon­ gues, laqualitéde la conduite se dégradeavecunnombrede frei­ nagesbrusquesqui s’envole.En­ tre la première et la dernière heurede conduite, ces incidents sontmultipliés par deux. «Bien entendu, ce phénomène s’expli­ quepar la fatiguedu conducteur etpar son souhaitde terminer sa journée de travail, explique Al­ berto deMonte, directeur géné­ raldeCatalytix, lepôleconseilde Masternaut. On saitaussique les entreprises veulent accroître leur productivité, mais accepter une mission en plus par jour peut avoirdes conséquences sur la sé­ curitéduconducteur.» Géolocalisationetvieprivée L’étude permet également de tordre lecouàcertaines idéesre­ çues. Ainsi, le risque d’accident est moins élevé la nuit et par temps de pluie ou de neige.Un soleil éblouissant est plus acci­ dentogène que de mauvaises conditionsmétéo.83%desacci­ dentsde laroutesesontproduits par temps sec, contre seulement 13% par temps de pluie et 4% dansdesconditionsparticulières (grêle,neige,etc.). Pour éviter les accidents, l’en­ sembledesspécialistesde latélé­ matique propose des applica­ tions spécifiques. La plupart du temps, ces outils de prévention se présentent sous la forme de fonctionnalités d’écoconduite. Les économies de carburant, de réparation et d’assurance sont misesenavantpar lesdifférents acteurs pour convaincre les res­ ponsables de flotte. Le système DriveQuant se singularise par une solution qui s’appuie sur le seul smartphoneetnenécessite pas l’installation d’un boîtier communicant. Son appli, nom­ mée Léa, peut être téléchargée sur les platesformes iOS etAn­ droid.Legestionnairede la flotte peutobtenirundiagnostic com­ plet du comportement routier desesconducteursàpartirdece simple logiciel. En s’appuyant surcetteanalyse, ilpeut leurpro­ diguer des conseils personnali­ sés et organiser des concours pour récompenser les collabora­ teurs lesplusprudents. Coyote va encore plus loin et s’appuie sur les technologies du bigdataetde l’intelligenceartifi­ cielle pour envoyer des alertes prédictives.Grâceàsabanquede données, il est capablededétec­ ter la vitesse idéale à laquelle aborderunvirageen fonctionde lamétéo.Surune route limitéeà 90km/h,négocierune courbe à 75km/hpar tempsdepluiepeut serévélerdangereux.Coyotepré­ vient le conducteur à l’approche des difficultés, comme quand le véhiculearriveprèsd’uneécole. Particulièrement porteur pour les entreprises, le thème de la sécurité routière leur permet de répondre à leurs engagements en matière de responsabilité sociale et environnementale. Il contribueégalementàprésenter la télématiquesousun jour favo­ rablequand les salariés rejettent lagéolocalisationpourpréserver leurvieprivée.  éricgibory Privéetcollectivités s’équipent Pourtous,ils’agitd’optimiser l’utilisationdesvéhicules L orsqu’elles’équipede télé­ matique, une entreprise poursuitdesbutsdediffé­ rentesnatures.Spécialiste destechnologiesde l’information etde lacommunication,Axiansa dotésaflotted’unesolutiondéve­ loppée parOcean, structure spé­ cialisée du groupe Orange. «En premier lieu, nous cherchions à maîtriser la flottedevéhiculesetà en optimiser la gestion», justifie David Chaptal, son dirigeant. Cette entité de Vinci Energies comptait s’assurer de la disponi­ bilité des véhicules et éviter des risques d’immobilisation néfas­ tes à l’activitéde l’entreprise.Par ailleurs, avec unmanagement à distance, la solution devait per­ mettre de superviser les équipes en tempsréel. Aujourd’hui, Axians reste en permanence connecté avec ses collaborateurs, et s’assureque les équipes interviennent au bon endroitaubonmoment.Les rap­ ports d’activité renforcent la transparence visàvis des clients et limitent les risquesde litigeen apportantunepreuve irréfutable de laprésencedes équipes sur le terrain. «Les justificatifs d’inter­ ventiondonnentdeséléments fac­ tuels qui facilitent la gestion des équipes, explique David Chaptal. Lesdébordementspeuventêtre re­ cadrés et les soupçons levés. Les échangesgagnentensérénité.» Pédagogie Les inquiétudesdestravailleurs, craignant d’être surveillés par leur employeurpar lebiaisde la télématique, peuvent constituer un frein pour les responsables. Lorsque lacommunautéd’agglo­ mération de CergyPontoise (Vald’Oise et Yvelines) a décidé depasserà l’acte,ellea immédia­ tement consulté les représen­ tants syndicaux. «Il s’agissait d’expliquer les raisons de cette démarche, souligne Stéphane Gozdik, directeur des systèmes d’information. Nous voulions optimiser les parcours, réduire le nombre de kilomètres superflus et promouvoir l’écoconduite, contrôler lagestiondes véhicules en autopartage et anticiper les entretiens.» Grâce au travail de pédagogie, la télématique a reçuun accueil favorable et les agents ont im­ médiatement adhéré au projet. Aujourd’hui, les trajets réalisés en dehors desmissions profes­ sionnelles ont diminué avec un effet bénéfique sur les consom­ mations de carburant. La télé­ matique a enfin permis d’opti­ miser l’utilisation des véhicules en pools et d’assurer une plus grandedisponibilité. Lemétierdu transportexpress suppose une capacité à suppor­ terdemultiples contraintes:dé­ lais raccourcis pour l’industrie, précaution renforcée pour les produits à forte valeur ajoutée, processus réglementaires pour lesmatières dangereuses et ra­ dioactives…Latélématiquecons­ titue alors un outil précieux. Qualit Express a choisi Kuantic principalement pour géolocali­ serchacundeses45véhicules lé­ gers, demarquesMercedes, PSA et Renault. «L’hétérogénéité complexifie la remontéedesdon­ nées car les constructeurs n’ont pas établi de standard pour la collecte et lamise à disposition des informations, regrette Eric Blanco, responsable d’exploita­ tion. Avec Kuantic, nous avons accès à toutes les données. Elles sont fiablesetcomparables.»  é.gi. LaZACdesGaulnes,àJonage,oùdoitêtre installée l’usinedeChimimeca. PhotoSERL/BalloidePhotos « Lemaire s’est soudainement aperçuquec’étaitdangereux »,ironi- se-t-il,alorsquel’édileestcandidatà sa réélectionpourmars2019.Ses scrupules tardifs n’ont pas convaincu le tribunaladministratif saisipar lapréfecture,quiarendu sonpermisdeconstruireàChimi- meca le 18décembre.LucienBarge n’apas souhaité répondre aux «Echos»maisannoncesurlesitede Jonage« sepourvoirencassation »et déposer,luiaussi,unrecourscontre l’arrêtépréfectoral. Ilécrit :« Rien n’estdéfinitifpourChimimeca. » Lapréfecturenecommentepas. L’entreprise,paralyséepar la campagne de dénigrement, s’enfermedans lemutisme.Domi- ciliéenon loin,àChassieu,spéciali- séedans lenettoyagedes surfaces métalliques,elleestdepuis2009 endélicatesseaveclesnormesenvi- ronnementalesàcaused’unbassin de rétentiondevenu troppetitau regardde sesactivités.Ladémar- chede régularisationaaboutiàce projetdedéménagement sur la ZACdesGaulnes,à Jonage,avec uneconstructionde 1.520mètres carrésoffrant toutes lesgaranties pouruneactivité classéeSeveso seuilbas.« Maisonn’est jamaisà l’abride l’accident,que lesproduits coulent ou flambent », objecte SébastienMeunier, jugeant indis- pensabled’éloigner l’installation des populations. « Elle est à 100mètresde lapremièremaison, 500mètresdupremierlotissementet 850mètresde l’école. » Acide fluorhydrique Chimimeca,70 salariés,3 siteset 5millionsd’eurosdechiffred’affai- resenFrance,plusune filialepolo- naise,estclasséeSevesoen raison delaprésencede3,5tonnesd’acide fluorhydriquedans sesateliersde formulationdesolutionsdécapan- tes.Commeprécisédans lescon- clusionspositivesde l’enquête publique le24 juillet,« l’inspecteur des installations classées souhaite queceprojetaboutisserapidement ». C’était sanscompter surLubrizol. Depuis,Chimimecaestlabêtenoire de lacommune. « Mêmesi lesseuilssontrespectés , argueSébastienMeunier, lesautori- sationsne tiennentpas comptedes poly-expositionsauxmélangesdepol- luants : lesnormesévoluentmoins vitequelesétudessurcesujet.Avecles autresentreprisesde laZACet l’aéro- port,Jonageestdéjàassezexposé. »Il questionne la responsabilitéde la métropole,propriétairedu foncier desGaulnes,dans lechoixdusite. «Onétudieunealternativeducôtéde laValléedelaChimie »explique-t-on auGrandLyon.Affaireàsuivre. n l Dans l’Est lyonnais, lavilledeJonageaacceptéenavrilune installationSeveso,mais l’incendiedeRouenachangé ladonne. l Tandisque lemaire revienten justice sur lepermisdeconstruire, leshabitantspétitionnent,etuneassociation pointe la responsabilitéde lapréfectureetde lamétropole,qui réfléchitàunautre site. Jonage,casd’écoledelapsychose crééeparl’incendiedel’usineLubrizol LéaDelpont — CorrespondanteàLyon QuandSébastienMeuniers’estpré- sentéau commissaireenquêteur fin juin2019enmairiedeJonage, il était lepremierhabitantàpousser laportede lapermanenceorga- niséedans le cadrede l’enquête publique sur l’installation de l’entrepriseChimimeca. Troismoisplus tard, l’incendie de l’usine Lubrizol àRouen enflammaitaussi lapetitevillede 6.000habitants,à800kilomètres de lacapitalenormande.Dans la métropolelyonnaise,pluspersonne nevoulaitdecesiteclasséSeveso, dont lepermisdeconstruireavait pourtantétéaccordé le30avrilpré- cédent.LemaireLucienBarge était alors enthousiaste à l’idée d’accueillir20emploissupplémen- tairessursacommune. Depuis, l’édile a tentéde faire marchearrière,accusantChimi- mecade« fraude »pour justifierun retraitdupermisle23octobre,esti- mantn’avoirpasétéassez informé sur les risques.Un retournement survenuaprès la catastrophede Rouen, après une pétition de 700 signatures rassembléespar l’opposition sous lemotd’ordre « Pensezà votre santé, cellede vos enfants,à ladévalorisationdevotre maison ».Etaprès la créationde l’associationAgirpour l’environne- ment–JonageparSébastienMeu- nier, lanceurd’alerte…Cederniera lancéune collectepour financer uneactionenjusticecontrel’autori- sationenvironnementaledélivrée par lapréfecture,contre toutbon sensselon lui. ENVIRONNEMENT L’entreprise,paralysée par lacampagne dedénigrement, s’enferme dans lemutisme. «CréeruneautoritéindépendanteSeveso sur lemodèledunucléaire» Proposrecueillispar ClaireGarnier — CorrespondanteàRouen P our lever ladéfianceengen- dréeparlesaccidentssurles sites Seveso, le député défend l’idéedecréerunenouvelle autoritéadministrative indépen- dante, l’«autoritédesûretédessites Seveso». Iladéposémi-décembre unepropositiondeloiencesens.Elle n’estpasencoreàl’agendalégislatif. Lescontrôlesréaliséspar les inspecteursdesDreal,quisont lesservicesdéconcentrésde l’Etatenrégionsplacéssous l’autoritédespréfets,sont-ils demauvaisequalité ? Jeneremetspasencausel’expertise deces inspecteursquicontrôlent nos1.362sitesSeveso(seuilshautet bas),maisjepensequ’ilfautséparer lecontrôlede l’autorisationquiest donnéepour les activitésde ces sites.Le faitque les inspecteurs soientplacéssousl’autoritédespré- Quelsseraient lesmoyens decettenouvellestructure? Lesautorités indépendantes sont des entitéspubliquesdotéesde moyensetd’agentspublics.L’auto- ritéde sûretédes sitesSeveso réu- nirait leseffectifsactuelsdes ins- pectionsdes sitesSevesodans les Drealetlespréserveraitdescoupes franches effectuéesdepuisplu- sieursannées. AprèsLubrizolàRouen etTotalàGonfreville, l’andernier,unaccident a touchéAprochimen Mayenne le22 janvier…Ces trois incendies,quin’ontpas faitdevictimes,entraînent-ils unrejetde l’industrieSeveso ? Pasun rejet,maisune exigence plus forte.Nous sommespassés d’une confiance aveugle àune méfiancemesurée,pas encoreà unedéfianceabsolue.Pour inver- serlatendance,ilfautmettresurla tabledesmesures sérieuses,pas desdemi-mesures. n chosesde façondifférente etde faireensortequelesavisdelaDreal soient respectés de tous. La confiancevientde la transparence, etcela imposededistinguercequi relèvedudéveloppementéconomi- quedelaprotectiondespopulations. Unemêmepersonne– lepréfet–ne peutpasêtrejugeetpartie. Votre«modèle»est l’Autorité desûreténucléaire(ASN), pourquoi? L’autoritédesûretédessitesSevesoa certesvocationàcontrôlerdessites privés,maisc’estunmodèleàsuivre, car l’Autoritéde sûreténucléaire n’estcontestéenipar lesONGanti- nucléairesnipar lesexploitants.Ce n’estpasun copier-collerpour autant.Jel’adapteauxréalitésetaux spécificitésdessitesSeveso. CHRISTOPHE BOUILLON DéputéPSde Seine-Maritime fetsquidélivrent lesautorisations jetteuntroublechez lecitoyen. Enquoivotrepropositionde loi pourcréeruneautoritéadmi- nistrativepermettraderéduire ladéfiancedeshabitants? Il faut regarder cettedéfianceen faceetapporterdesgarantiesau citoyen.Parailleurs,lespréfetssont soumisàunepressiondes indus- trielset ilssontaussi les représen- tantsdugouvernement.Cetteauto- ritépermettraitd’organiser les «Le faitque les inspecteurs soientplacés sous l’autorité despréfets quidélivrent les autorisations jette un troublechez le citoyen.» vidéosurveillanceetdelarecon- naissancebiométrique. Aprèslademandedel’indus- triel,leprocessussuitsoncours. L’enquêtepublique sedéroule enavril2019, « sans incident» comme lenote lecommissaire enquêteurDenisEcarnot,qui émetunavisfavorable.Lepréfet deHaute-Savoie,PierreLam- bert,prend,le3septembre2019, unarrêtéautorisantl’entreprise Saframàstockerdavantagede produitstoxiquesenquantitéet envolume,cequiconduitàce classement Seveso « seuil haut».Lescommunesnesont pas toutesenthousiastesnéan- moins.Parmicellesconcernées par lepérimètred’exposition, seuleEteauxdonneun avis favorable.LaRoche-sur-Foron n’émetpasd’avis,etAmancyet Cornierdisentnon. Pétitionen ligne L’incendiede l’usineLubrizol, finseptembre2019,varanimer l’inquiétudedans lavalléede l’Arve.LesassociationsFrance NatureEnvironnement(FNE)et NatureetEnvironnementen Paysrochoisdéposentalorsun recoursgracieuxpourdeman- der l’annulationde l’autorisa- tionpréfectorale.Cetteprocé- durese faitdemanièreamiable avantun éventuel recours devantun tribunal.Le vice- présidentrégionaldeFNE,Jean- PierreCrouzat, lanceunepéti- tionenligneavecleslogan«Pas deLubrizolbisdans lavalléede l’Arve».Pourcalmerlesesprits, lepréfetacrééendécembreune commissiondesuivi,quiréunit lesassociations, lesriverainset Safram.Depuis,deséchanges ontlieu.Aujourd’hui,lerecours desassociationsn’apasétéporté devantlajustice. n GabrielleSerraz — CorrespondanteàGrenoble Enoctobre2018, lesdirigeants deSaframn’imaginaientpas queleurrequêteadministrative allait susciterune telle inquié- tude.Al’époque,classé«Seveso seuil bas » depuis septem- bre2010, le siteduprestataire logistiquebasé àEteaux, en Haute-Savoie,demande son classement en « Seveso seuil haut »,plus exigeant. «Nous avions besoindeplusde sou- plessedansnotreorganisationet d’une plus grande capacité de stockage » , justifieNicolas Noisette,directeur logistique du sitede8.000mètrescarrés quiemploie30personnes. Spécialiséedans le transport et la logistique, lacompagnie d’originesuisseSaframstocke surcesitedesproduitssensibles, solidesou liquidesdangereux pour l’environnement,voire toxiques (arômesconcentrés pour l’industrieagroalimen- taireouausecteurde laparfu- merie,poudresmétalliques…). Interrogésurcessubstances, ledirecteur,tenuàlaconfidenti- alitépour limiter les risques d’attentatterroriste,etàunecer- tainediscrétion,précisequ’iln’y a «aucuneproduction,aucune fabrication, justeun stockage pourapprovisionnerlesentrepri- ses» .Lasécurisationdes locaux se faitpardesdispositifsanti- intrusionencomplémentde la Dans lavalléede l’Arve, où laqualitéde l’air estunsujetsensible, lepassagede«seuilbas» à«seuilhaut»d’un entrepôtdeSafram, àEteaux,asuscité uneviveopposition. EnHaute-Savoie, leclassementSeveso «seuilhaut»deSafram aravivélespeurs PME&REGIONS LesEchos Lundi3 février2020 ENVIRONNEMENT Entreprises - Le chèque fait de la résistance L e chèque a encore de beaux jours devant lui ! Bien que son utilisation décroisse d’année en année en France (voir graphique), nom- breuses sont les entreprises à ne pas anticiper sa disparition àmoyen terme.Un constat qui concerne tant les profession- nels et TPE que les PME, ETI et grands groupes.Ainsi, selon une enquête menée fin 2019 par l’Association française des trésoriers d’entreprise (AFTE) auprès de ses membres, plus de la moitié des 111 respon- sablesfinanciers sondés (54%) déclarent que leur société n’a, à ce jour, pas pour projet de cesser d’émettre des chèques. Côté encaissements, ils sont encore plusnombreux (68%) à ne pas envisager leur refus ou leur limitation. Il estvraique ce mode de paiement présente des atouts :gratuité,flexibilitédans la date de dépôt sur le compte bancaire…Mais pour la plupart des entreprises, en particulier celles de taille significative, le recoursau chèque relève leplus souvent de la contrainte. C’est d’abord le cas lorsqu’il s’agit d’honorer certaines prestations. «Pour obtenir par exemple un K-bis et payer le dépôt de nos comptes auprès du greffe du Tribunal de commerce, ou encore pour déposer des fonds sur un compte séquestre que nos avocats peuvent utiliser dans le cadre d’un dossier de poursuites (“CARPA”), nous sommes dans l’obligation de fournir des chèques», illustre Helen Montagne, respon- sable trésorerie du groupe But. Surtout, les groupes opérant dans le domaine du B-to-C n’ont pas forcément intérêt à l’interdire. «Le chèque restant plébiscité par certains clients et secteurs d’activité, une entre- prise qui prendrait cette déci- siondoitenmesurer lepotentiel impact sur ses recettes», signale François Soenens, président de la commission monétique et moyens de paiement de l’AFTE, payments innovation mana- ger chez Air France. De quoi susciter de fortes réticences en interne. «Si, pour régler nos fournisseurs,nous sommespar- venus à éliminer le chèque il y a plusieurs années, ce n’est pas le cas concernantnos encaisse- ments car nous avons toujours estimé qu’une certaine partie de notre clientèle restait atta- chée à ce mode de paiement», témoigneHelenMontagne. Une fraudemoyenne de2704euros Cet «attachement» au chèque n’est toutefois pas sans poser de problèmes pour les direc- tions financières. «Bien qu’il soit en apparence gratuit, le chèque entraîne toute une série decoûts,parmi lesquels les frais Bienquedevenu le supportdepaiement faisant leplus l’objetde fraude, le chèque reste trèsutilisépar lesentreprises comme moyend’encaissementmaisausside règlement.Relevant leplus souventde la contrainte, cettepratiqueoblige lesdirections financièresà s’organiserpour limiter les impayés. Option Finance n°1554 -Mardi14avril2020 19 D’après l’Observa- toirede lasécuritédes moyensdepaiement, lemontantde la fraude par chèqueaatteint 450M € en2018,soit43,1% de la fraude totale. 14 12 10 8 6 4 2 0 Chèque Prélèvement Retraitcarte Paiementcarte Virement Effetdecommerce Monnaieélectronique Prèsde25milliardsde transactions scripturalesontété réalisées par lesparticulierset lesentreprisesenFranceen2018 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 Source : Observatoire de la sécurité desmoyens de paiement (enmilliards) Entreprise&finance 20 Option Finance n°1554 -Mardi14avril2020 d’envoi et d’assurance contre les impayés», note Marie-Elise Lorin, responsable du départe- ment gestion des risques d’une compagnie d’assurances et res- ponsable de l’antenne régio- nale Grand Ouest de l’Associa- tion pour le management des risques et des assurances de l’entreprise (Amrae). De plus, il complique le pilotage du cash pour les équipes en chargede la trésorerie. «A la différence des paiements par carte bancaire, ceux réalisésparnos clientspar chèquenécessitent en effetplu- sieurs joursavantd’êtrecrédités sur nos comptes», pointeHelen Montagne. A cela s’ajoute enfin un autre facteur, et non desmoindres : depuis 2018, le chèque est devenu le moyen de paiement le plus fraudé en France ! D’après l’Observatoire de la sécurité des moyens de paiement (BanquedeFrance), le montantde la fraudeparchèque a ainsi atteint 450 millions d’euros en 2018 – soit 43,1% de la fraude totale –, contre 296 millions un an plus tôt. «Certes, iln’y apasdequoi être excessivementalarmistedans la mesure où très peu de transac- tions réalisées par chèque font l’objet d’une fraude, ce taux s’élevantà seulement0,0505%, signale Julien Lasalle, chef du service de surveillance des moyensscripturauxà laBanque de France. Pour autant, alors que les fraudes à la carte ban- caire se limitent en moyenne à quelques dizaines d’euros, celles au chèque portent sur un montantmoyende2704 euros. Ainsi, pour les victimes parti- culiers comme entreprises, le préjudice subi est généralement plus important.» Desenveloppes sans le logode l’entreprise Afin de se prémunir contre ce risque,denombreusesdirections financières ont été amenées, au cours des derniersmois, à faire évoluer leurspratiques et à ren- forcer leurs procédures. Alors que lesvolsde chèquesdans les centresde trideLaPosteconsti- tuent l’un des principaux pro- cédés utilisés par les fraudeurs (voir encadré), certains groupes ont cherché la parade dans le cadre de leurs émissions de chèque. «Pour l’envoi d’argent à leurs sociétaires,desassureurs membres de l’Amrae ont décidé d’utiliser des enveloppes n’affi- chant pas le logo de la société, de façon à éviter qu’une par- tie du personnel de ces centres soit tentée de les décache- ter pour voir si un chèque se trouve à l’intérieur», informe Marie-Elise Lorin. Quelques groupes recourent également auxchèques sécurisés,ou lettre- chèque,dont lagestion incombe à labanquesélectionnéepource faire.Mais leur coût est souvent jugé dissuasif. Selon l’enquête réalisée par l’AFTE, seuls 15% des sondés souscrivent à ce ser- vice. Ainsi, dès lors qu’il s’agit de payer un partenaire ou de rembourser un client, d’aucuns le reconnaissent : très peu de leviers peuvent être actionnés en termes de lutte contre la fraude. «Pour obtenirun K-bis et payer le dépôt denos comptes auprès du greffe du Tribunal de commerce, nous sommes dans l’obligation de fournir des chèques.» HelenMontagne, responsable trésorerie,But «Si la fraudeauchèque tendàprogresser, lesprocédésmisenœuvre restentsouvent inchangés : interceptiond’unchèqueémis, voldechèqueset/oudechéquiersdans le parcoursd’acheminement,etc.»,observe FrançoisSoenens,présidentde lacommission monétiqueetmoyensdepaiementde l’AFTE. Enparallèle,d’autres techniquescom- mencentcependantàsedévelopper. «Jusqu’à récemment, les fraudeursavaient plutôt tendanceà intercepter leschèques, avantd’enmodifier lemontantetde l’encais- ser, témoigneMarie-EliseLorin, responsable de l’antenne régionaleGrandOuestde l’Amrae.Aveccemodusoperandi,nous parvenions rapidement,aprèsun travailde rapprochementbancaire,àconstaterque le montantduchèqueencaissén’étaitpasbon, cequipermettaitd’enavertir labanqueet de récupérer les fondsgrâceà lagarantie bancaire.Dorénavant, les fraudeurs tendent àneplusmodifier lasomme inscritesur les chèques.Saufàceque lesbénéficiairesdes chèquessemanifestentdansdesdélais relati- vementcourtspournous informerqu’ilsn’ont pas reçu leurargent, ilnousestplusdélicat dedétecter lepotaux roses.Orsi labanque n’estpasprévenuede la fraudedans lesdeux moissuivant l’encaissement,alors lagarantie bancairene fonctionneplus.» Ladeuxième techniques’opèredirecte- mentdans les lieuxdevente.«Nousassis- tonsdepuispeuàune recrudescencede fauxchèques,dontcertains, trèsbien imités, peinentàêtredétectésparnotrepersonnel encaisse», informeHelenMontagne, res- ponsable trésoreriedugroupeBut. Denouvelles techniquesde fraude émergent Denombreusesentreprisesde la distributionassistentdepuispeuà une recrudescencede faux chèques, dont certains, trèsbien imités, peinentàêtredétectéspar leper- sonnelen caisse. N°1554 -Mardi14avril2020 - ISSN /0989-1900 -11 € www.optionfinance.fr ASSET MANAGEMENT Financement descollectivités locales : lesgérants restentconfiants ENTREPRISES Lechèque fait de la résistance Comment L’UNION EUROPÉENNE fait face Danscenuméro, ledossierspécial «LesRencontres PrivateEquity» DOSSIERSPÉCIAL www.optionfinance.fr LesRencontres PrivateEquity 4 e édition & D ROIT A FFAIRES Avec COVID 19 COVID 19 COVID 19 COVID 19 COVID 19 COVID 19 COVID 19 COVID 19 COVID 19 COVID 19 COVID 19 COVID 19 FRAUDE CAPTIVES

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