ATOUT RISK MANAGER N°24

ATOUT RISK MANAGER N°24 I PRINTEMPS 2020 57 DOSSIER - RISQUE(S) EN PUISSANCE(S) échoués ayant perdu toute valeur. C’est un risque non négligeable» . Enfin, les intervenants ont bien sûr évoqué le risque cyber, plus complexe que les autres car systémique. «Nous devons progresser sur la compréhension des cumuls et sur la clarification de ce qui est vraiment couvert» a résumé Gilles Bénéplanc, rejoint par Florence Louppe : « Le cyber a mis à l’épreuve nos rédactions de textes pour en finir avec les couvertures silencieuses. Le problème, c’est qu’en passant en « affirmative cover », nous n’avonspas encore retrouvé toutes lesgaranties» . Et sur ce risque digital aussi, la prévention est une des clés de la résilience. Le guide rédigé en commun par l’ANSSI et l’AMRAE en fait la démonstration très pratique, tant pour les grands groupes que pour les ETI et les PME. Pour ces dernières, la prévention des risques apparaît d’ailleurs en tête de leurs préoccupations dans le baromètre annuel réalisé par l’assureur QBE. «Pour autant, les clients, la production et la trésorerie étant au quotidien leurs priorités, seul un quart d’entre elles estiment maîtriser totalement ou de manière satisfaisante leurs risques, par manque de temps et de moyens» a expliqué Renaud de Pressigny. VERS UN RISKMANAGEMENT QUANTITATIF Or Brigitte Bouquot l’a rappelé en introduction : « sans une véritable maîtrise des risques, l’entreprise ne tiendra pas ses engagements sociétaux. C’est pourquoi le Risk Management est la matrice du capitalisme responsable» . Et Anne Piot d’Abzac n’a pas manqué de confirmer qu’ «en prenant des engagements, chaque jour, l’entreprise s’expose. La gestion des risques devient un outil pour lui permettre d’assumer ses responsabilités » . Oliver Wild a trouvé l’image adéquate : «la raison d’être de l’entreprise lui sert de boussole, et la gestion des risques fournit la carte» . De fait, l’entreprise est face à une injection paradoxale:profitàcourttermepourl’investisseur et durabilité à long terme pour le consommateur. «Il est temps de passer du risque management qualitatif au risque management quantitatif. Les entreprises doivent mesurer le coût du risque et investir une portion de leur résultat futur dans la prévention effective, pour allouer du capital en prévision des chocs. La technologie est là pour les y aider» . «Oui, confirme Oliver Wild, les Risk Managers doivent s’outiller pour devenir plus efficace, car l’horizon du risque est plus large et plus complexe» . Dans l’atelier consacré aux apports de l’IA dans la gestion des risques (voir encadré), le Risk Manager est apparu comme un acteurplus intelligent car «augmenté», désormais en capacité de mesurer les gains apportés par la gestiondesrisquesetlespolitiquesdeprévention, cequi crédibilise sonactionauprès des dirigeants. «Les grands groupes ont l’habitude d’afficher la part de leur chiffre d’affaires consacré à la R&D et à l’innovation. Pourquoi ne feraient-ils pas de même avec la prévention?» s’est interrogée Brigitte Bouquot avant de conclure : «L’appel à un capitalisme responsable restera une pure incantation si les entreprises se contentent de décrire leurs risques, sans agir en profondeur pour éviter qu’ils ne se réalisent. Plus l’entreprise subit dechocs,moins ses clients lui font confiance. Investir des moyens conséquents dans la prévention et la gestion du risque, c’est le prix de la résilience. Le temps est le RiskManager ultime, mais cela fera sans doute l’objet de futures Rencontres» . n Anne Piot d’Abzac, VP Chief Risk Officer d’IPSEN

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