ATOUT RISK MANAGER N°24

ATOUT RISK MANAGER N°24 I PRINTEMPS 2020 43 DOSSIER - RISQUE(S) EN PUISSANCE(S) Certaines se comportentmême commedes États et s’approprient les attributs de la souveraineté. Comme les nouveaux empires numériques, tels des cyber-États au service d’intérêts privés ou du «Parti »» . Et d’insister : «Plus l’entreprise est puissante, plus elle doit être responsable. Sa résilience et celle de la Nation sont liées. C’est le retour de l’entreprise citoyenne qui coopère avec l’État » . Car le monde bouge, les choses changent... « La responsabilité sociale d’une entreprise, c’est d’augmenter son profit» ... Ce postulat de l’économiste américain Milton Friedman, défenseur d’un marché débarrassé de touteentrave, est aujourd’hui clairement dépassé, comme l’a rappelé Myriam El Khomri, directrice du pôle conseil du courtier Siaci Saint Honoré. Pourtant, ce dernier fut le conseiller écouté des présidents américains Nixon, Ford et Reagan et lauréat du Prix Nobel d’économie en 1976. «Aujourd’hui, on demande aux entreprises d’avoir une certaine responsabilité, et ce n’est pas un effet de mode» a lancé Myriam El Khomri, avant de s’interroger : «l’entreprise, responsable de la résilience sociétale, devient-elle politique?» Pour Emmanuelle Duez, Fondatrice de The Boson Project, la réponse est nuancée. Selon elle, «l’objectif n’est pas que l’entreprise se substitue aux États et aux gouvernements mais qu’elle prenne conscience de l’immensité de ses devoirs» . LANÉCESSAIRE RÉFORME DU CAPITALISME E n France, impossible de l’ignorer : «La société est gérée dans son intérêt social et en prenant en considération les enjeux sociaux et environnementaux de son activité ». Cette nouvelle définition de l’entreprise, issue de la loi Pacte votée l’an dernier, traduit bien « une interaction entre l’interne et l’externe» selon Hélène Valade, Présidente de l’ORSE (Observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises). Pour Denis Terrien, Président de l’IFA : «la loi sur le devoir de vigilance, qui incite à surveiller le respect des droits humains et environnementaux chez les fournisseurs, n’aura un réel effet que si elle est partagée à l’échelle internationale» . De fait, les entreprises doivent comprendre que les États puissances font et défont nos modèles. Faute de devenir de purs instruments de pouvoir politique, l’histoire récente montre que des entreprises savent prendre position pour contrebalancer les décisions d’unÉtat qu’elles désapprouvent. Ainsi, «  Aujourd’hui, il y a décloisonnement des enjeux d’ordre microéconomique et macroéconomique. » David Djaïz, politiste «  L’entreprise doit être mise au service de grandes causes qui la dépassent. » Myriam El Khomri, directrice du pôle conseil du courtier Siaci Saint Honoré

RkJQdWJsaXNoZXIy MTkzNjg=