ATOUT RISK MANAGER N°24
ATOUT RISK MANAGER N°24 I PRINTEMPS 2020 33 DOSSIER - RISQUE(S) EN PUISSANCE(S) « La société questionne l’État en tant que puissance, sur sa légitimité et sa capacité à la protéger face à tous ces risques économiques, climatiques, numériques, commerciaux, géopolitiques » , a relevé Brigitte Bouquot. «L’histoire économique est faite de cycles plus ou moins dangereux. Lemot qui caractérise lemieux lapériodeactuelleest«dérèglement»,caractérisé notamment par le démantèlement des institutions» , a résumé Jean-Hervé Lorenzi. Dans le même temps, le retour en force des États puissances bouleverse les modèles établis, «c’est la fin du mythe de la convergence européenne, le consensus trouvé depuis la chute de Berlin paraît déjà très loin» , a commenté Thomas Gomart. L’affaiblissement du multilatéralisme risque de bousculer les équilibres construits depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Et comme « le partage du risque est sous-jacent à la souveraineté des États, à la confiance et à notre pacte social, il faut développer une approche collective du risque» , a repris Jean-Hervé Lorenzi. Contre toute attente, c’est du côté de l’Europe que viendrait la lueur d’espoir. L’EUROPE, UN DEVOIR DE PUISSANCE Q ue lques jours seulement après l’officialisation du Brexit, les intervenants de la table ronde ont estimé que le Vieux Continent n’avait pas dit son dernier mot. «L’Europe a un devoir de puissance» a insisté Bernard Cazeneuve. Pour celui qui fut également ministre des Affaires européennes (2012-2013), «le meilleur moyen pour faire face à des risques majeurs, c’est de défendre une conception forte de l’État Nation et de la construction européenne : la souveraineté est une affaire d’objectifs politiques» . «L’Europe, lieu de sagesse, de vieux pays, riches, animés d’une volonté de se pacifier, tient ici sa chance» , a estimé de son côté Jean-Hervé Lorenzi. L’économiste se dit «très confiant pour l’Europe, et très inquiet pour les 7,5 milliards de personnes dans le reste du monde!» . En partie conforté par Thomas Gomart : «L’Europe est un prototype politique qui a permis 70 ans de paix, mais aujourd’hui, il y a urgence à réagir politiquement sur les aspects de libre-échange. La nouvelle commission Von der Leyen veut une Europe plus géopolitique : si elle était plus géoéconomique, ce serait déjà pasmal…» , a tempéré le directeur de l’Institut français des relations internationales (Ifri), en référence à la guerre commerciale que se livrent depuis 2018 les deux superpuissances Chine-États-Unis. UNE COALITION DE LA RÉSILIENCE «La tolérance aux risques des Français est très faible, les Anglais sont beaucoup plus résilients» a noté Bernard Cazeneuve (lire son interview, page 31). L’Europe, coalition de la résilience, condition d’un destin commun et d’une vie en société ? « La maîtrise des risques redevient politique : l’État doit redéfinir sa souveraineté à
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