ATOUT RISK MANAGER N°22

ATOUT RISK MANAGER N°22 I AUTOMNE 2019 39 ce continent comme l’Europe qui est un terri- toire codifié serait une erreur. Au Vietnam ou en Thaïlande par exemple, le risque est vécu comme une fatalité, ce n’est pas du tout le cas aux Philippines où le niveau de risk manage- ment est très élevé. L’approche du risque en Asie doit vraiment être analysée pays par pays, en tenant compte du modèle politique, écono- mique, religieux, ethnique. En Inde, la valeur donnée à une vie humaine est totalement dif- férente qu’en Occident. Il faut débrancher son logiciel quand on arrive en Asie, ne pas se dire que l’on vient du pays des Lumières et que l’on va éclairer tout le monde avec notre système de valeurs. Et au Japon? Au Japon, la culture du risque est liée à la culture de la qualité. Pourtant, dans les groupes nippons, la gestion du risque n’a jamais été une fonction. Leurs dirigeants ont encore du mal à relier assurances et gestion de risque et à appliquer cemodèle dans les entités japonaises. Alors qu’à l’international, ces mêmes groupes ont déjà des programmes de gestion des risques. Autre frein au développement du métier au Japon, le système de rotation des postes. Les gens changent de fonction tous les deux ou trois ans : il est alors compliqué de consolider une expertise en matière de gestion des risques à partir du moment où le turn over est un mécanisme managérial. Nous avons organisé notre dernière conférence annuelle de 2018 au Japon, près de 400 personnes y ont assisté dont 200 Risk Managers des plus grosses entreprises japonaises. C’était le premier événement de ce type dans l’histoire du pays. Les choses bougent, aujourd’hui le Japon est le troisième pays le plus représenté au sein de Parima, avant la Malaisie et Hong-Kong. Quels sont les deux premiers ? Singapour, suivi des Philippines. Vous citez souvent les Philippines C’est un pays sujet à de nombreuses catastrophes naturelles et qui a pris le sujet assez tôt en mains. Les services publics n’étant pas d’une grande efficacité, les groupes privés ont bâti des programmes de gestion des risques. À ma grande surprise, les Philippines se sont révélées les meilleurs élèves en termes de risk management. Quel est le profil des membres de Parima : ERM et Assurance-prévention? Les deux? Beaucoup plus que ça. Nous couvrons le spectre ERM et assurances, mais entre les deux, nous avons des membres qui font du business planning , d u disaster planning , de la gestion de crise, etc. Nous comptons aussi un nombre non négligeable de responsables des ressources humaines. C’est logique car contrairement aux associations établies depuis longtemps comme l’AMRAE, Parima a tout de suite insisté sur la notion d’ employee benefits  : les assurances et les risques de personnes. Parmi nos adhérents, figurent aussi des responsables de la sécurité de l’information. Nous sommes une jeune association, sans tradition, notre communauté professionnelle s’est récemment constituée et nous avons pu piocher dans un vivier de profils variés. Sont-ils des natifs asiatiques ou des Occidentaux? À l’origine, lorsque Parima a été créée avec une vingtaine de membres, tous étaient des Caucasiens, comme l’on dit ici. Aujourd’hui, 90% sont asiatiques, sauf en Chine où nos 150 membres (pour l’essentiel chinois) représentent des émanations chinoises d’entreprises américaines ou européennes. Dans l’empire du Milieu, le taux de pénétration de notre association auprès des entreprises nationales est encore faible. La Chine est un work in progress . Avez-vous un programme de certification du métier ? Nous l’avons lancé voici 18 mois et à ce jour, une centaine de personnes (essentiellement issues des Philippines) ont suivi ce programme. À l’instar du référentiel métier de l’AMRAE, on va revoir en partie le contenu de la certification et en faire une promotion plus active. Nous avons également lancé un Risk Competency framework qui liste toutes les compétences nécessaires pour être un bon professionnel de la gestion du risque : une sorte d’auto-évaluation afin de déterminer de quel type de formation vous avez besoin pour décrocher la certification. Cette certification est-elle reconnue sur les autres continents ? Le principe d’une reconnaissance mutuelle des certifications a été validé avec Rims et FERMA via les points de validation qui permettent d’entretenir sa certification. La logique serait qu’à terme les certifications soient reconnues d’un continent à l’autre. Mais il est peu probable que nos amis américains donneront aux adhérents Parima le crédit de leur certification sans l’avoir payée et suivie. Avec FERMA en revanche, nous sommes en ligne sur cet objectif de reconnaissance mutuelle, même si elle n’est pas encore formalisée. L’industrie de l’assurance répond-elle aux besoins de l’Asie? Toujours pas ! En Asie, l’assurance est vécue comme un prix et un morceau de papier. «  Singapour, les Philippines et le Japon sont les trois premiers pays représentés au sein de Parima. » «  Quand on arrive en Asie, il faut débrancher son logiciel, ne pas se dire que l’on vient du pays des Lumières et que l’on va éclairer tout le monde avec notre système de valeurs. » MÉTIER RISK MANAGER - RÉSEAU INTERNATIONAL LES PAYS MEMBRES DE PARIMA Singapour, Chine, Hong Kong, Inde, Japon, Philippines, Australie, Nouvelle-Zélande, Thaïlande, Vietnam, Indonésie, Malaisie, Taiwan, Birmanie, Corée du Sud, Mongolie, Cambodge, Pakistan.

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