ATOUT RISK MANAGER N°21

ATOUT RISK MANAGER N°21 I ÉTÉ 2019 10 PORTRAIT 4 QUESTIONS à Thierry Justice, Head of Insurance Risk Management, Airbus. Qu’attendez-vous de la fonction Risk Management? Mes attentes tiennent en quatre mots : anticiper, protéger, défendre et innover. Le groupe Airbus, c’est historiquement et toujours une culture de l’innovation, de projets et d’intégration. Celle de la sécurité aussi, priorité numéro une et indissociable de l’industrie aéronautique. La fonction « Insurance Risk Manage- ment » est rattachée à la trésorerie, au sein de la Direction financière. Ce positionnement est très pertinent car la trésorerie a pour mission de fournir des liquidités et du financement et de designer des solutions de financement et de management des risques. IRM est très connectée à l’ensemble des fonctions de l’entreprise. C’est essentiel pour pouvoir anticiper et ainsi protéger efficacement Airbus et ses employés. Depuis 2018, la majorité de mon équipe a rejoint le siège social à Toulouse, ce qui naturellement nous a rapproché des fonctions clés d’Airbus. Not re expe r t i se des t echn i ques de financement des risques et des garanties assurantielles nous permet d’assurer une solide protection du groupe et de ses activités. La nature même de ces dernières permet à IRM d’être positionné haut dans la chaîne de valeur et nous apporte une grande visibilité en sein de l’entreprise. Nous utilisons notre captive pour des solutions qui n’existent pas sur le marché ou pour permettre un a l i gn eme n t d ’ i n t é r ê t a v e c no s partenaires assureurs lors de la mise en place de solutions très innovantes. Dans les opérations d’acquisition, nous regardons au cas par cas les assurances de garantie de passif. Quant à la responsabilité des dirigeants et les questions de D&O, le marché est difficile, mais nous arrivons à faire de la haute couture. Nous nous positionnons comme un business partner et avons pu élaborer des solutions spécifiques soutenant le développement d’Airbus. Citons comme exemple « Balthazar » qui est une garantie de non-paiement entre les compagnies aériennes et les banques assurant le financement des avions [construit avec Marsh et un pool d’assureurs, NDLR]. Qu’attendez-vous du marché de l’assurance? L’innovation doit également venir de nos partenaires assureurs. Nous regardons avec attention leur concen- tration. La présence d’acteurs forts est une bonne chose, les dirigeants d’Airbus le savent. Ils sont également conscients des impacts économiques des sinistres du monde aérien. L’assurance vit sa «data révolution». Les assureurs doivent changer de paradigme en allant sur des modèles prédictifs au lieu de se fonder sur des données actuarielles basées sur le passé. Airbus saura fournir des données notamment via sa plate-forme Skywise. Nous sommes en discussion en France et en Allemagne avec certaines compagnies d’assurance dans un modèle de co-construction. Quelles aptitudes et compétences pour le Risk Manager et ses équipes? Je dirige une équipe de 29 personnes. Pour être pertinente et reconnue comme tel, elle doit embarquer des personnes passionnées, connectées au métier aves des juristes et des ingénieurs aux profils internationaux (Espagnols, Britanniques, Allemands, Indiens, Français), des jeunes coachés par les plus anciens. Le pilotage de carrière est fait en relation avec les RH affectés à la Trésorerie qui connaissent très bien l’équipe et nous veillons à développer l’employabilité. Quelles sont vos priorités pour le Groupe? Nous devons être capables d’appréhender tous les risques liés à la digitalisation et à l’élargissement de nos activités dans les services avec toujours le même objectif : anticiper, protéger, défendre innover pour créer de la valeur pour Airbus.