ATOUT RISK MANAGER N°20

ATOUT RISK MANAGER N°20 I PRINTEMPS 2019 70 ACTUALITÉ DE L’AMRAE - PUBLICATIONS TÉMOIGNAGE de Patrice Labaeye, PDG de Boton-Merlet, entreprise familiale de mécano-soudure à Moncoutant (Deux-Sèvres) Quelle était la maturité de l’entreprise en termes de gestion des risques ? Comme dans beaucoup d’entreprises de cette taille, la gestion des risques était appréhendée avec un objectif de qualité. Tout en monde en faisait sans le savoir via la mise en place de plans d’actions, mais sans que cette démarche ne soit réellement structurée et sans aucune traçabilité. Quelle a été ensuite votre approche de la gestion des risques ? Nous avons dans un premier temps analysé les fondamentaux (structure du portefeuille clients, trésorerie…), puis l’appareil productif dans une logique d’amélioration continue tout en y intégrant une approche de la maîtrise des risques pour corriger certaines trajectoires. L’une des premières actions a consisté à renforcer la robustesse du portefeuille clients en diminuant le risque de dépendance aux clients principaux, en allant chercher unàdeux nouveaux clients chaque année. Puis nous avons mené plusieurs réflexions à la fois au niveau des produits fabriqués (amélioration de la productivité et des marges) et des ressources humaines (comment attirer de nouvelles compétences et comment maintenir ces compétences ?). Quels sont vos principaux risques ? Les principales menaces qui peuvent porter atteinte à la pérennité de l’entreprise sont principalement liées à la défaillance d’un client ou la perte d’un marché chez un client si nous ne sommes plus en mesure de suivre sur le plan tarifaire. Autre risque que nous avons identifié : celui lié au compresseur, outil principal qui alimente toutes lesmachines de production. Si celui-ci tombe en panne, la production est stoppée. Nous avons donc décidé récemment d’acheter un deuxième compresseur pour limiter ce risque majeur pour nous. Comment la gestion des risques est- elle orchestrée en interne ? Je travaille en tandemavec ledirecteur de production sur ces sujets. Nous étudions chaque risque pouvant porter atteinte à l’activité afin de dégager plusieurs pistes et solutions pour y remédier. Ce nouveau livre proposé par l’AMRAE et le MEDEF Deux-Sèvres a ainsi été notre livre de chevet ! Qu’avez-vous le plus apprécié dans ce travail ? La première des qualités de ce livret est son existence ! Si les chefs d’entreprises ont tous une connaissance partielle de la gestion des risques du fait de leurs différentes expériences, il y a forcément des pans que nous ne maîtrisons pas, voire des risques dont nous n’envisageons même pas l’existence ! Grâce au questionnaire proposé dans ce livret, nous avons ainsi une vision à 360° de tous les risques que le chef d’entreprise doit envisager. S’interroger notamment sur la structure juridique de l’entreprise et son évolution dans le temps car aucun gérant n’est éternel. Ne pas envisager ce risque peut avoir des conséquences dramatiques pour la pérennité de l’entreprise et des emplois. Ce questionnaire offre un spectre complet des risques, dont l’intensité peut varier d’une année sur l’autre, et qui permet au chef d’entreprise de mieux piloter son activité. Avez-vous sollicité une aide extérieure pour vous accompagner dans cette démarche ? Nous avons demandé de l’aide au groupe Michelin via leur mécénat qui permet d’envoyer des ingénieurs experts en organisation pour aider les petites entreprises. Le MEDEF Deux-Sèvres va également nous aider sur les problématiques SST [Santé et Sécurité au Travail] pour diminuer le taux d’accidents et de maladies. À l’issu de ce questionnaire et conformément à la promesse de cet ouvrage, avez-vous réussi à cartographier vos risques en trois heures ? Oui nous avons relevé le défi ! Nous avons fait le choix de ne pointer que les risques sur lesquels nous pouvions avoir une action. Le risque cyber, par exemple, n’en fait pas partie car nous avons externalisé la gestion informatique pour transférer ce risque. Quelles seraient, selon vous, les marges d’amélioration pour donner suite à cette première démarche ? Le format est excellent mais il est vrai que les risques évoluent dans le temps. Ce questionnaire devrait donc être retravaillé tous les deux ou trois ans. Par ailleurs, pouvoir bénéficier de retours d’expériences d’autres chefs d’entreprises nous permettrait d’améliorer encore davantage nos propres dispositifs. PATRICE LABAEYE Après 30 ans passés dans la marine nationale et confronté au quotidien à la gestion des risques opérationnels, Patrice Labaeye s’est lancé le défi personnel de reprendre une PME industrielle. Un MBA en poche, il jette ainsi son dévolu en juin 2015 sur la PME Boton-Merlet, spécialisée en mécano-soudure. Conscient que la gestion des risques peut être une question de survie pour cette petite entreprise de 40 salariés, Patrice Labaeye décide de rejoindre le groupe de travail initial constitué par l’AMRAE et le MEDEF Deux-Sèvres. « Grâce au questionnaire, nous avons une vision à 360° de tous les risques qu’un chef d’entreprise doit envisager. »

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