ATOUT RISK MANAGER N°20

ATOUT RISK MANAGER N°20 I PRINTEMPS 2019 39 DOSSIER TROUVER SA PLACE DANS LE NAVIRE COMPLIANCE En 2018, qui a été une année dense sur le plan de la conformité dans les entreprises avec la mise en place des chantiers RGPD, Sapin 2 et Devoir de vigilance, le Risk Manager s’est imposé comme un acteur pouvant apporter sa pierre aux édifices, tout en faisant preuve de discernement. Thématique de l’un des premiers ateliers qui affichaient complets, la cohabitation entre le Risk Management traditionnel et la compliance a fait l’objet de débats passionnants. Jean-Marie Arnal, Directeur Audit et Adaptations du groupe coopératif agroalimentaire Even, situé près de Brest, a témoigné de la complexité de mettre en place un programme de conformité au sein de son ETI au vu de ses dimensions multiculturelles et multimétiers (6 000 salariés, 2,2 M€ de CA, 4 pôles d’activités). Pour y parvenir, il a réalisé un benchmark à 360° et collaboré étroitement avec les directions juridiques, audit et gestion des risques, Ressources Humaines et DSI. « La Direction de la communication a, quant à elle, été intégrée dès le départ du projet pour élaborer un code de bonne conduite » . Côté grand groupe, Xavier Guizot, Directeur Risques et Conformité de Carrefour, s’est félicité que « le groupe ait compris très tôt les synergies qu’il pouvait y avoir entre ces deux domaines. Mais en veillant à ce que cette double fonction ne crée pas de complexité dans une entreprise déjà en pleine transformation, au risque d’être totalement contre-productive » . Et Lionel d’Harcourt, Associé fondateur d’Arengi, cabinet conseil en gestion des risques, de prévenir : « Le Risk Manager ne doit pas être trop impliqué dans les sujets liés à la compliance car il est attendu aussi et surtout sur les sujets prospectifs et liés à sa quête d’opportunités ». « Le Risk Manager ne doit pas être trop impliqué dans les sujets liés à la compliance car il est attendu aussi et surtout sur les sujets prospectifs et liés à sa quête d’opportunités. » Lionel d’Harcourt, Associé fondateur d'Arengi « Sur le terrain de la compliance, c’est souvent la direction juridique qui "gagne". En tant qu’acteur de la transversalité, le Risk Manager a pourtant une vraie légitimité. » Xavier Guizot, Carrefour ; Vice-président du cercle éthique des affaires D&0 : Frédéric Pierruci, l’« otage économique » témoigne pour l’AMRAE Invité d’honneur lors du dîner des partenaires, l’ancien cadre dirigeant d’Alstom est revenu sur son expérience dans les prisons américaines, rappelant l’importance de la D&0 et de la bonne évaluation des risques dans un environnement anticorruption de plus en plus strict. e suis content d’être là. Il y a quatre mois, j’étais encore dans une prison de haute sécurité aux États-Unis, avec pour voisin le "sicario" d’El Chapo et des barons de la drogue… » explique d’entrée Frédéric Pierucci pour planter le décor. En livrant son éclairage sur cette « aventure » à la centaine de partenaires de l’AMRAE réunis pour l’occasion, l’ancien cadre dirigeant d’Alstom, fort de ses 23 ans d’ancienneté dans le groupe industriel français, s’est livré à un exercice périlleux. « Il faut tirer parti de ce moment précieux qu’il nous accorde » a souligné Brigitte Bouquot en introduction. LE CHOIX DE PLAIDER COUPABLE C’est à son arrivée à l’aéroport JFK de New- York le 14 avril 2013, lors d’un de ses nombreux déplacements en tant que Directeur monde de la division chaudière d’Alstom, qu’il est menotté et emmené devant un procureur. Là, il apprend qu’il va servir d’otage économique puisque son entreprise, depuis trois ans sous le coup d’une enquête pour corruption, ne coopère pas avec le Department of Justice . « Notre cible est le patron du groupe mais nous perdons patience et nous avons donc décidé de frapper fort et de vous arrêter » . Dont acte. Accusé d’avoir « J