ATOUT RISK MANAGER N°20
ATOUT RISK MANAGER N°20 I PRINTEMPS 2019 28 DOSSIER code commun économique pourrait permettre de renforcer l’Europe sur la scène mondiale » a pour sa part plaidé Valérie Gomez-Bassac, Députée LREM membre de la Commission Europe, avocate et maître de conférences à l’université de droit de Toulon. Autre solution proposée par Jean-Hervé Lorenzi, économiste et Président du Cercle des économistes : « L’Europe a permis une inflation limitée et offert une réponse intelligente lors de la crise de 2008 via les mécanismes de stabilisation. Il faut poursuivre et renforcer la mutualisation. L’excédent commercial de la zone euro, et son niveau d’épargne très élevé, pourraient par exemple être transférés vers des projets de développement dans le sud de l’Europe… » RÉPONDRE AUX ENJEUX DE L’INSÉCURITÉ DIGITALE En marge de ces incertitudes géopolitiques, les progrès technologiques et digitaux de ces dernières années, entraînés par l’intelligence artificielle, auraient pu constituer une bouée à laquelle se raccrocher. De fait, c’est sous l’effet de la révolution numérique que les entreprises ont entamé leur transformation stratégique, dans un élan créateur pour s’insérer dans cette course à la compétition. Néanmoins, les énormes potentialités ouvertes par la transformation digitale ont aussi fait apparaître le risque cyber, qui se positionne aujourd’hui comme une des préoccupations majeures des dirigeants d’entreprise. Si l'attaque date de plus d'un an, ils sont encore tous marqués par la prolifération du logiciel malveillant NotPetya. « Le choc a été à la hauteur des dégâts mais aussi de la surprise » a rappelé Gérôme Billois (Wavestone) lors de l’atelier consacré aux attaques cyber. « Au départ, tout le monde pensait que cela ne concernait que l'Ukraine et au final, plus de 1 500 entreprises – y compris françaises – ont été touchées ». Chez Saint-Gobain, la perte totale de CA a été estimée à 220 M€ et 65 M€ de résultat d’exploitation. L'entreprise a fait le choix de la transparence, notamment pour informer les marchés financiers. « Ce cas montre que les exigences de la communication financière ont poussé les entreprises à évaluer et partager le montant de leurs pertes » souligne Nicolas Arpagian, Directeur de la stratégie et des affaires publiques d’Orange Cyberdefense. Or la difficulté est que, comme pour Saint-Gobain, une entreprise peut être contaminée par un tiers de confiance, comme un prestataire par exemple. Cela change la donne et fait du sujet de la résilience à la cybercriminalité un enjeu qui touche bien plus que le seul SBF 120. « Dans les grands groupes, les ordinateurs sont désormais sous contrôle, mais les systèmes d'information Henri Bentégeat, général français, Chef d'État-Major des armées françaises de 2002 à 2006 « L'éradication de la guerre n'est pas pour demain » « L'ordre mondial a cédé la place à une ère de désordre et l'éradication de la guerre n'est malheureusement pas pour demain. La France n'est plus tout à fait maîtresse de son destin : l'Europe sur laquelle elle parie, constitue autant une solution qu'un problème en soi. Lorsque le monde était bipolaire pendant la guerre froide, puis monopolaire après l'effondrement du bloc soviétique, nous avons appelé de nos vœux un monde multipolaire. Mais maintenant quenous y sommes, faut- il s'en réjouir ? Non. La gouvernance mondiale est aujourd'hui sous le coup des nationalismes russe, chinois et américain. Concrètement, l'affaiblissement des alliances installe le désordre. Dans ce contexte, la guerre résiste et change de forme. Aujourd'hui, notre capacité militaire est insuffisante pour assurer la protection de nos citoyens, de nos intérêts et de nos valeurs. Tandis que le Brexit nous prive aussi de forces armées alliées, il devient alors logique de miser sur l'Europe. Mais l'Union européenne ne peut s'affirmer que si elle limite sa dépendance aux États- Unis. Or, lamajorité de nos partenaires européens compte encore sur eux. Ce qui est intéressant, c’est que de nouveaux acteurs apparaissent. Les assureurs ont ainsi un rôle nouveau et très proactif. Le Lloyd's, par exemple, qui assure des bateaux contre la piraterie, a estimé que le risque d'attaques au large de la Somalie était trop élevé et qu'il fallait prendre le problème à la source. C'est cet assureur qui a poussé les britanniques à intervenir, puis à prendre la tête des opérations militaires ». « L’Europe a permis une inflation limitée et offert une réponse intelligente lors de la crise de 2008 via les mécanismes de stabilisation. Il faut poursuivre et renforcer la mutualisation. » Jean-Hervé Lorenzi, Président du Cercle des économistes Valérie Gomez-Bassac, Députée LREM, membre de la Commission Europe et Affaires culturelles
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