ATOUT RISK MANAGER N°18

MÉTIER RISK MANAGER RÉSEAU INTERNATIONAL LE FACTEUR HUMAIN Chaque année, les arrêts maladie coûtent à l’économie américaine la coquette somme de 225 milliards de dollars (1 685 dollars par employé), d’après les Centers for Disease Control and Prevention. C’est pour voler au secours d’un risque humain à l’époque mal maitrisé par Oberthur Technologies que Nicolas Mason s’est envolé à Washington en Octobre 2014 pour finir par s’y installer définitivement. « Aux Etats-Unis, on finance le risque RH, contrairement à la France où ce n’est pas considéré comme un risque, ni même comme un risque corporate » , constate Nicolas Mason. Derrière cette approche opposée du facteur humain, une culture sociale et de couverture sociale radicalement différente des deux côtés de l’Atlantique. « Aux États- Unis, si un salarié est en arrêt maladie, les entreprises suivent le coût financier de sa convalescence avec leur assureur, c’est un risque assuré. En France, c’est un sujet pour l’Assurance maladie, compare l’expatrié . Pourtant, quel que soit le pays, les ressources humaines sont souvent le premier des risques pour une entreprise » . « Nous sommes en 2018, et aucun assureur ne semble utiliser de manière déterminante les potentialités du « Big Data » pour identifier de nouveaux paradigmes de souscription et créer de nouveaux types de couvertures, s’étonne encore Nicolas Mason. Le traitement intensif des milliardsdedonnéesfinancièresetopérationnelles d’entreprises à disposition devrait leur permettre de qualifier et de quantifier des parts de risques qu’ils ne connaissent pas bien » , déplore le Risk Manager invitant l’assurance à devenir une industrie disruptive. Programmes internationaux placés en France Ce regard averti à l’égard du secteur, Nicolas Mason l’a développé au cours des 16 derniers mois, avec la naissance d’IDEMIA en mai 2017, spécialisé dans « l’identité de confiance numérique » autour de la notion de « l’Augmented Identity » dont il a mis en place l’intégration assurantielle sous le contrôle de Laurent Lemaire, CFO du groupe. Entre le signing , le closing suspendu au feu vert de différentes autorités de la concurrence en Europe et ailleurs et le rebranding l’opération a pris quasiment un an. Qualifier, quantifier, définir le nouveau périmètre de couverture des risques, avec un réseau de courtiers aux USA et en France, c’est à cette tâche que s’est attelé Nicolas Mason. « Je ne couvre pas le périmètre du risque au sens de la cartographie établie avec les équipes du contrôle et de l’audit interne. En bonne entente, nous arbitrons ensemble la couverture des risques afin de définir nos besoins assurantiels éventuels » , précise le Risk Manager d’IDEMIA. Secrets de fabrication Quant à la nature confidentielle des produits du leader mondial des technologies de l'identification et de la sécurité digitale, ses secrets de fabrication, ce n’est pas un sujet selon Nicolas Mason. « On ne révèle aucune information sensible aux assureurs, et pour nous assurer, ils ne demandent pas nos codes sources ! Ils veulent juste comprendre comment nous protégeons nos produits, sensibles par nature » . Les programmes internationaux sont restés placés en France « pour des raisons financières : la compétitivité des prix sur le marché hexagonal et l’environnement juridique plus favorable que sur d’autres places financières, la loi de Sécurité financière de 2003. Mais aussi pour des raisons pratiques, notamment la possibilité de rédiger avec nos courtiers des polices d’assurance « sur-mesure ». Je n’avais aucune raison de les délocaliser, estime Nicolas Mason . Après la fusion, nous nous sommes également interrogés sur l’opportunité d’utiliser l’assurance pour couvrir une garantie de passif, mais nous avons finalement choisi une autre option » , se souvient le Risk Manager, venu d’Oberthur Technologies (OT). Le risque RH, un incontournable aux USA Le pilotage de certains risques Ressources Humaines est l’une des raisons majeures qui ont conduit Nicolas Mason à Washington. « Aux USA, les ressources humaines sont un vrai sujet de Risk Management. Dans un groupe international qui compte 14 000 salariés, ce sujet occupe près de 50 % de mon temps a certaines périodes. Nous avons un excellent courtier, Lockton, basé à Kansas City, qui organise notamment les formations des responsables RH (et QHSE) sur nos différents sites. Je veux que nos équipes soient sur la brèche en permanence sur ces sujets sensibles» , insiste Nicolas Mason Chiffres clés Chiffre d'affaires d’IDEMIA : près de 3 Mds$ 14 000 collaborateurs dans 180 pays, dont près de 2 000 dans le domaine de la R&D 200 M€ investis en R&D par an Près de 690 millions de cartes de paiement livrées en 2016 1,2 milliard de cartes SIM livrées en 2016 14 000 brevets Plus de 3 milliards de documents d’identité délivrés dans le monde N°1 dans l’émission de permis de conduire aux États-Unis Clients : institutions financières, opérateurs mobiles, équipementiers Le sujet RH occupe 50% de mon temps 41 ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE I N°18 I AUTOMNE 2018

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