ATOUT RISK MANAGER N°18

MÉTIER RISK MANAGER Basé à Washington depuis 2014, le Frenchy s’est retrouvé au cœur de la problématique assurantielle lors de la naissance d’IDEMIA en 2017. La société, née du rapprochement entre Oberthur Technologies (OT) et Safran Identity & Security (Morpho) est aujourd’hui le leader mondial de l’Identité Augmentée, des technologies de l'identification et de la sécurité digitale. Portrait d’un Insurance et Risk Manager au regard sans concession sur l’industrie de l’assurance. NICOLAS MASON, VP Assurance & Pensions, IDEMIA ICONOCLASTE A près le choc culturel de l’Amérique lors de son expatriation en 2014, dans une société du « prends soin de toi, le ciel ne t’aidera pas » , Nicolas Mason est quatre ans plus tard la parfaite synthèse du Risk Manager biberonné à l’État providence puis confronté au libéralisme du pays de l’Oncle Sam. Pour comprendre les codes de gestion de risque aux États- Unis où le métier est valorisé, porté, dit-il, par la maturité de la culture assurance du top management, Nicolas Mason s’est rapidement inscrit à l’école du RIMs, la Risk Management Society, l’équivalent de l’AMRAE outre-atlantique. Il se passionne pour The Undoing Project , la biographie de deux professeurs de psychologie et d’économie (université de Princeton et de Jérusalem) qui ont déconstruit la toute-puissance des intuitions statistiques, démontrant qu’elles conduisaient à une appréhension trompeuse du hasard. Philosophie du risque Comme ces deux scientifiques israélo- américains (Amos Tversky et Daniel Kahneman, prix Nobel d’économie 2002), Nicolas Mason, (44 ans) n’est pas loin de penser qu’il y a un risque à tout penser en termes de risque. « L’achat d’assurances est souvent un choix irrationnel : tous les jours un individu ou une entreprise prend des risques non assurés aux conséquences potentiellement critiques, mais s’assure contre ceux qui ont statistiquement beaucoup moins de chance de se réaliser » , analyse Nicolas Mason. Une vision d’ailleurs développée par le philosophe Michaël Foessel lors d’une table ronde aux Rencontres de l’Amrae à Marseille, en janvier 2018. « Si l’on veut une vie faite de surprises, il faut admettre une vie faite de mauvaises surprises, sinon, c’est un frein à l’innovation, une peur d’entreprendre. Le risque est inséparable de ce qu’il y a de positif dans la modernité » , avait assené le professeur de philosophie de l’École polytechnique. Et comme il n’y a plus de Dieu… « Les assureurs sont des partenaires indispensables permettant d’externaliser les conséquences financières de certains risques d’entreprises potentiellement intensifs en capital. Néanmoins, dans nos sociétés occidentales du tout sécuritaire, beaucoup d’entreprises ont les yeux rivés sur l’atteinte de leurs des résultats trimestriels promis aux marchés et leur notation auprès des agences de ratings. Elles sont de moins en moins prêtes à admettre que l’avenir soit incertain. Comme on ne croit plus à la Providence, il reste les assureurs… » , s’amuse lui aussi Nicolas Mason. Des assureurs dont ce spécialiste des fusions-acquisitions attend qu’ils soient « plus innovants, plus créatifs, et surtout plus disruptifs » . Depuis Washington, où il s’est installé avec sa famille, Nicolas Mason peut se faire critique : « Je ne sais pas ce que peuvent faire les cellules innovation des compagnies d’assurance, car autant les courtiers sont très forts pour étendre des types de garanties qui existent déjà, autant les assureurs semblent encore vivre dans le vieux monde. Ils travaillent toujours de manière très standardisée et délivrent ni plus ni moins que ce que les analystes financiers et les agences de notation attendent d’eux, probablement aussi contraints par leurs traités de réassurance » , commente celui qui a fait ses premières armes dans les cabinets de courtage Aon et Marsh. BIO EXPRESS Né en 1974 à Paris, fan de hockey-sur- gazon, Nicolas Mason est diplômé d’une licence de droit de l’université du Capitole à Toulouse et de l’École Nationale d’Assurances en 2000. Directeur de projets Fusions-acquisitions France chez Marsh De 2002 à 2005, il complète ensuite sa formation par une certification professionnelle d’Associate in Risk Management (ARM) en 2007 ayant reopint Aon comme directeur Fusion-Acquisition France. Il arrive en 2010 chez Oberthur Technologies (OT) pour devenir Vice-President Insurance & Pensions, poste qu’il occupe toujours dans le nouvel IDEMIA. RÉSEAU INTERNATIONAL Par Nathalie Arensonas 40 ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE I N°18 I AUTOMNE 2018

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