AMRAE - ATOUT RISK MANAGER
PRODUITS ET SERVICES ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE I N°16 I PRINTEMPS 2018 58 Avec plus de 15 ans de baisse de primes ininterrompues, qui ont fait suite à l’électrochoc des attentats du 11 septembre 2001, le marché de l’assurance dommages affiche une capacité record de 7 Md€. Mieux informés, les assurés développent des solutions de cartographie, de prévention et de transferts alternatifs de risques. Un mouvement de concentration des acteurs se confirme et des frémissements se font sentir dans certains secteurs « sensibles »… Serait-on à l’orée d’une nouvelle ère ? RISQUES DOMMAGES LE MARCHÉ COMMENCE À SE TENDRE « Le marché de l’assurance dommages a été fortement modifié à partir de 2001 suite aux événements du World Trade Center, puis d’AZF au niveau de l’Hexagone. En effet, si des tensions étaient déjà perceptibles avant ces événements, elles ont été exacerbées par les réductions de capacités disponibles, conduisant à l’introduction de sous-limites nouvelles, à des augmen- tations significatives de prime et de franchises », se souvient Sandrine Minvielle, Directeur technique dommages d’AON. Un cataclysme de courte durée pourtant, puisque progressivement la situation du marché s’est rétablie : « Depuis 2003, les taux sont en baisse constante : sur certains dossiers, j’ai vu les primes passer en 15 ans de 1M€ à 150 000 € ! L’arrivée, années après années de nouveaux acteurs en provenance du Royaume-Uni, des Bermudes…a créé une concurrence ininterrompue entre les acteurs », constate Jean-Christophe Chevalier, Directeur des Études du département Dommages deDiot. Et de compléter : « Nous avons atteint aujourd’hui environ 7 Md€ de capacités en dommages sur le marché fran- çais ». Un chiffre record en France, qui reflète une tendance mondiale, estimée à 5% de croissance en 2017. Réputée rentable malgré des frais généraux importants, la branche dommages séduit. « Avec l’arrivée en France de nouveaux acteurs tels que HDI, SRI, MAPFRE Global Risks, MSIG ou Liberty, les assureurs leaders historiquement n’ont eu d’autre choix que de renforcer leurs capacités et de modifier leur stratégie pour préserver leurs parts de marché », explique Florence Maes, également Directeur technique dommages d’AON. VERS UN DURCISSEMENT DU MARCHÉ ? Pour autant, beaucoup de professionnels estiment que le marché dommages est arrivé à un seuil et qu’un retournement de tendance serait en train de poindre… « Nous sommes probablement rentrés dans une nouvelle phase, caractérisée par une concentration des acteurs. Après la fusion entre Ace et Chubb, le récent rapprochement d’AXA et de XL Catlin Group est un événement majeur qui semble annoncer une restruc- turation importante du marché. La diminution du nombre d’assureurs n’est pas une bonne nouvelle pour les courtiers et les Risk Managers » confirme Jean-Christophe Chevalier. En parallèle de cette tendance à la concentration, certains domaines spécifiques, considérés comme sensibles, connaissent des signes de tensions dont les prémices se faisaient déjà sentir en 2017, notamment dans les secteurs du traite- ment des déchets, de l’agroalimentaire, de la chimie/pharmacie, de l’hôtellerie, des énergies renouvelables, des mines souterraines ou des scieries… « On observe une tension du marché sur les activités exposées à des risques d’intensité : pour certains dossiers, nous commençons à avoir des difficultés à trouver des apériteurs », confie Jean-Christophe Chevalier, avant de compléter : « Certains acteurs commencent à réduire leur souscription ou à exclure certains risques, ce qui ne s’était pas vu depuis longtemps. Les principales raisons sont : une baisse continue des primes, des résultats techniques en berne (notamment à cause des catastrophes naturelles à l’automne dernier), et une contraction du nombre d’acteurs…Toutes les conditions sont réunies pour un durcisse- ment du marché ! ».
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