AMRAE - ATOUT RISK MANAGER

DOSSIER RENCONTRES AMRAE 2018 : L’INTELLIGENCE DES RISQUES POUR FRANCHIR DE NOUVEAUX CAPS « IL FAUT ÊTRE CAPABLE DE METTRE TOUT SUR LA TABLE... ET PEUT-ÊTRE DE TOUT PERDRE. » Stephan Brousse, Marseillais , Dirigeant de Brousse Vergez et ancien Président de l’UPE 13 et du MEDEF PACA. Digne représentant de l'état d'esprit entrepreneurial de la région, où son entreprise, Brousse Vergez, est implantée depuis 80 ans, Stephan Brousse, s'est aussi fait le porte-parole de la prise de risque en entreprise. « Je suis le «Risk Manager » de mon entreprise. Se demander si l'on prend des risques dans une PME relève du pléonasme : diriger sa propre entreprise est une prise de risque permanente. On y met son argent, sa santé, sa détermination, son courage, son couple... On y met tout ce qu'on a parce qu'on n'a pas d'autres moyens » a-t-il expliqué en plénière. Un engagement qui paie : le groupe familial, spécialisé dans le négoce de fruits secs, a vu son chiffre d'affaires passer de 15 millions d'euros, il y a dix ans, à plus de 70 aujourd'hui. Comptant plus d'une cinquan- taine de salariés, Brousse Vergez est aujourd'hui implanté dans de nombreux pays étrangers. « Quand on exporte, il faut s'implanter durablement dans les pays avec lesquels on travaille, que l'on soit un grand groupe ou une PME. Nous sommes présents dans 40 pays, ce qui signifie que nous portons 39 risques pays ! Mais une entreprise comme la nôtre n'a pas le choix : les risques supportés dans une zone sont compensés par les chances d'une autre », a expliqué Stephan Brousse. Ce qui le préoccupe actuellement ? En premier lieu, le risque humain : « Pour attirer les talents, les PME doivent en faire plus que les grands groupes : je ne reçois jamais de CV ou presque ! » , explique-t-il. Le risque de fraude, ensuite. « Nous avons eu beaucoup de tentatives de fraudes aux faux virements ou aux faux relevés bancaires. Le risque de fraude alimentaire est aussi important pour nous : nous sommes très attentifs et procédons à de nombreux contrôles, analyses et prélèvements, mais on n'est jamais à l'abri d'un incident qui pourrait mettre l'entreprise en péril », indique-t-il. Enfin, le dirigeant d'entreprise se dit aussi préoccupé par le manque d'esprit d'entreprise. « Comment motiver les gens à reprendre des entreprises ? La notion de risque est fondamentale : il faut être capable de mettre tout sur la table.... et peut-être de tout perdre. Il faut former les jeunes à cela : former des managers volontaires, déterminés et qui ont la rage de vaincre pour faire la croissance de la France ». La complexité est telle qu’aucun constructeur auto- mobile n’avait par exemple repéré la criticité de la seule usine japonaise capable de fournir un pigment entrant dans la composition de certaines peintures. L’accident de Fukushima les a contraints à restreindre la gamme de couleurs proposées à leurs clients. Comment réduire ce risque ? « Il faut l'intégrer dans la boîte à outils des opérationnels, focaliser l’effort sur les produits et services qui contribuent le plus à la marge de l’entreprise et mettre en place des “task forces” permanentes afin de réagir au plus vite en cas de rupture », explique Laurent Giordani. TRANSPORT MARITIME Le domaine du transport maritime mise de son côté sur la digitalisation pour réduire les risques. Cela passe par la centralisation ou l'interconnexion des données produites et gérées par les différents acteurs (chantier naval, armateur, assureur, société de classification) afin d’avoir un outil de travail commun, « qui permet d’évoluer d’une situation de réaction vers un dispositif de prédiction des main- tenances », explique Julien Raynaut, Secrétaire Général de Bureau Veritas dans l’atelier « Transport maritime, New Tech ? ». La dématérialisation des documents embarqués sur les navires assure aussi une meilleure protection contre le risque de fraude. Si elle s’avère facile à mettre en œuvre dans le cas de document émanant d’une société de classification, elle bute cependant sur la diversité des systèmes d’authentification que peuvent utiliser les clients amenés à signer des contrats, d’où la persistance du papier. « Le manque de coordination dans la digita- lisation des différents contrats (vente, financement, accréditation et transport) est un autre frein à lever », ajoute Pascal Matthey, Senior marine risk engineer de XL Catlin. ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE I N°16 I PRINTEMPS 2018 50 Sandé Fatola, Président du Réseau Ivoirien de Management des Risques et Assurances d'Entreprise

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