AMRAE - ATOUT RISK MANAGER

DOSSIER RENCONTRES AMRAE 2018 : L’INTELLIGENCE DES RISQUES POUR FRANCHIR DE NOUVEAUX CAPS de nouveaux outils et de nouveaux modes de fonction- nements, dans un environnement en mouvement : il n’est plus question de se focaliser sur les risques finan- ciers et opérationnels, la vision doit être beaucoup plus large et intégrer tous les risques, y compris ceux liés à l’intelligence artificielle. Ce qui implique de faire évoluer ses méthodes et ses outils. Comme son environnement, le responsable des risques doit devenir « 2.0 » : développer son intelligence humaine, son esprit d’analyse, pour éviter à l'en- treprise de se laisser emporter par une vague sans âme. D’une manière générale, « le sujet n’est pas de freiner l’innovation, mais de faire la part des choses » a conseillé Françoise Gaucher, Risk Manager expert à la Direction des Risques du Groupe La Poste lors de l’atelier « Évolution des référentiels métier et impact sur le Risk Management ». Pour reprendre les termes de Brigitte Bouquot lors de l’ouverture des Rencontres AMRAE 2018, « le Risk Manager est le garant d'un nouvel humanisme dans la culture des entreprises, alors qu'ar- rive le tsunami de l'intelligence artificielle, l'homme est le seul point fixe. Le Risk Manager a un rôle clef : il est la conscience de l'entreprise ». RISK MANAGER 3.0 Pour cela, le choix des outils, et notamment du réfé- rentiel, est primordial. Il faut que le Risk Manager adopte celui qui convient le mieux à la culture de l’entreprise sans omettre de le partager avec des partenaires très différents, y compris avec ses four- nisseurs et ses sous-traitants. Le rôle du Risk Manager 3.0 ? Celui d’un chef d’orchestre : il doit faire jouer tout le monde en harmonie sans être en aucun cas virtuose dans un instrument. « Le Risk Manager n’est pas là pour empêcher de prendre de risques mais pour faire prendre conscience des risques pris » a expliqué Thibault Bulabois, Coordinateur du Risk Management à la Française des Jeux, lors de l’atelier « Risk Manager, du chef d’orchestre au business partner ». Il n’est pas question de renier la posture traditionnelle de défen- seur du Risk Manager, mais d'utiliser toute l’informa- tion dont on dispose pour aider l'entreprise à aller de l'avant. Concrètement ? À chacun de fabriquer son propre radar, de déterminer son domaine d’influence, d’être en veille permanente et de rencontrer ceux qu’on n’a pas vus depuis longtemps pour mieux comprendre les risques. « Le Risk Management n’échappe pas à la révolution de l’expérience client. Il faut réfléchir à la notion de besoin client. Quels sont mes clients internes et externes ? Quelles sont leurs attentes ? » estime Dominique Pageaud, Associé chez EY. La cartographie des risques ne suffit plus. Il faut aller à la rencontre de la stratégie et de la satisfaction du management pour Thibault Bulabois, Coordinateur du Risk Management à la Française des Jeux Dominique Pageaud, Associé chez EY LES ROBOTS ET L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE CHEZ LES ASSUREURS Chez les partenaires des Risk Managers, le recours au robot pose aussi question. En ce domaine, l’assureur a une position complexe. « L’assureur observe, participe au débat public et surtout se pose des questions » rappelait Nicolas Baudey, Responsable souscription RC Grands Comptes chez Axa Entreprises, au cours de l’atelier « Assurance et robot ». Ces questions sont de deux ordres : comment ces nouvelles tech- nologies sont susceptibles de faire évoluer son métier, et dans quelle mesure elles vont remettre en cause les principes fondateurs du métier comme la sinis- tralité et l’articulation des responsabilités. En premier lieu, la compagnie d’assu- rance est une entreprise à qui les robots, l’intelligence artificielle et le Big Data permettent de réaliser de formidables progrès. « La relation client, le processus de souscription et la gestion des sinistres vont être impactés par l’émergence de ces technologies » indiquait Nicolas Baudey. Pour un assureur, le recours à l’intelligence artificielle pourrait dans l’avenir amener une nouvelle typo- logie des risques et une contraction du volume de la sinistralité grâce à la réduction de l’accidentologie humaine. L’intelligence artificielle et le Big Data, c’est aussi une remise en cause de la mutualisation des risques, un principe fondateur du métier. Enfin, ces tech- nologies ont aussi permis la naissance des AssurTechs, qui rebattent les cartes de la conception et de la distribution des produits d’assurance. ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE I N°16 I PRINTEMPS 2018 39 « Il y a une caractéristique humaine qu’il conviendrait de ne pas déléguer au robot, c’est le jugement. » Michaël Foessel, Philosophe Michaël Foessel, Philosophe

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