AMRAE - ATOUT RISK MANAGER
DOSSIER RENCONTRES AMRAE 2018 : L’INTELLIGENCE DES RISQUES POUR FRANCHIR DE NOUVEAUX CAPS FORTE INCERTITUDE Car on peut légitimement se demander si l’on assiste au redressement durable de l’économie ou à une euphorie qui serait le signe avant-coureur de bulles ou de chocs financiers ? « Il ne faut pas sous-estimer la volatilité des marchés, mais pour autant, l’inflation reste contenue car l’Europe est encore loin du plein emploi et les dettes des États sont trop élevées pour pouvoir supporter une éven- tuelle hausse des taux d’intérêts. Les risques financiers restent donc supportables » estimait Philippe Donnet. Un avis que ne partage pas entièrement l'économiste Philippe Dessertine : « les marchés actions sont très dépendants de ce qui se passe sur le marché de la dette. Or le Congrès américain a voté la réforme fiscale qui, combinée au faible taux de chômage (4,1%), peut faire craindre une reprise de l’inflation. Nous sommes certai- nement à la fin d’une période - celle de l’après-crise de 2008 - et entrons dans une période de forte incertitude, jamais connue dans le passé. ». Et d’ajouter : « La chute des marchés financiers n’est pas à exclure, après 100 mois consécutifs de hausse du Dow-Jones ». UN DÉFI CLIMATIQUE PLUS QUE JAMAIS D’ACTUALITÉ « L’avenir de l’assurance est-il menacé, alors que l’on observe des fractures assurantielles ou des trous de couver- ture quand les risques émergents se propagent ? » s’inter- rogeait Brigitte Bouquot. Cyber, voitures autonomes, crise sur les chaines alimentaires, aléas climatiques à grande échelle… autant de nouveaux enjeux dont les assureurs doivent s’emparer, pour éviter le gap entre le marché et les besoins des entreprises. La co-construc- tion et les technologies prédictives constituent des espoirs pour le futur. Mais Philippe Donnet rappelle que le climat reste un défi majeur (voir l’atelier AMRAE consacré à ces enjeux page32). « Le réchauffement n’a pas été stoppé : les efforts consentis sont encore insuffi- sants et le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris ne va pas dans le bon sens ». En échos, ouragans, sécheresses, inondations se multiplient sur tous les continents. Pour Monique Barbut, Présidente du Fonds Mondial pour l’Environnement et Secrétaire Générale de la Convention des Nations-Unies de lutte contre la déser- tification (UNCCD), « le problème de la désertification et de la détérioration des terres est très lié à celui des migra- tions et des conflits. Aujourd’hui, 100% des migrants «SANS GOUVERNANCE MONDIALE, IL Y AURA BIENTÔT 250 CORÉES DU NORD SUR LA PLANÈTE» « Nous sommes dans une société de mouvement et de transparence absolus, générateurs de risques. La seule façon de les éviter, c’est la bunkerisation de la société, à l’image de la Corée du Nord. Or on a vu plusieurs fois dans l’Histoire que la peur des menaces et le refus de prendre des risques conduisait au totalitarisme. Il y a clairement ce danger aujourd’hui ! La réponse à cela est de continuer à penser que demain “peut” être meilleur qu’aujourd’hui. Les entreprises comme les nations doivent penser à long terme, avoir une vision (même changeante) de ce qu’elles veulent devenir. Elles doivent prendre des risques, pour éviter que les menaces se réalisent. C’est ce que j’appelle l’économie positive, celle qui travaille dans l’intérêt des géné- rations suivantes. Il y a un grand combat actuel entre individualisme et volonté collective, entre marché global et économie locale…Si nous ne sommes pas capables, dans les 15 ans qui viennent, de mettre en place une gouvernance planétaire qui rendra le marché tolérable, réduira les inégalités qu’il produit et maîtrisera le climat, alors il y aura 250 Corées du Nord sur la planète. Il faut faire prendre conscience aux individus de l’intérêt du collectif, par un altruisme rationnel, qui est en train d’arriver... Nous avons tous intérêt à être en bonne santé et à ce que le climat soit meilleur ! » Jacques Attali, Économiste. ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE I N°16 I PRINTEMPS 2018 28 «Nous sommes dans un environnement incroyablement changeant. » Bernard Spitz, Président de la Fédération française de l’assurance Philippe Dessertine, Économiste Bernard Spitz, Président de la Fédération française de l’assurance «Nous somme au tout début de la 4 ème révolution industrielle, et la cryptomonnaie va permettre de la financer. » Philippe Dessertine, Économiste
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