ATOUTRISK N°15 HD

PORTRAIT INSCRIRE LA PRÉVENTION DANS L’ADN DU GROUPE Après avoir fait ses classes dans les assurances au sein de l’un des fleu- rons du luxe français, Chanel, Pascal Tardieu rejoint les Laboratoires Pierre Fabre. Recruté en 2002, sa première feuille de route consiste à développer un plan de prévention et à restructurer les programmes d’assurances du groupe tout en les développant à l’international. « Mon expérience chez Chanel m’a permis d’acquérir deux pôles d’expertises qui intéressaient fortement le groupe Pierre Fabre : les programmes inter- nationaux d’assurance et la prévention des risques industriels [agréé CNPP, ndlr] », explique celui qui deviendra officiellement Directeur de la gestion des risques du groupe fin 2013. Pascal Tardieu rejoint l’entreprise à unmoment critique de son histoire, juste après la défusion avec le laboratoire Biomérieux (2002) et dans l’onde de choc du dramatique accident de l’explosion de l’usine AZF, le 21 septembre 2001, accident qui a marqué les esprits au sein du groupe qui compte plusieurs sites à Toulouse. Sa première mission consiste à restaurer une relation de confiance avec les assureurs. « Il fallait convaincre le marché que le groupe souhaitait réellement s’engager dans une véritable démarche de prévention des risques en allouant notamment des ressources finan- cières importantes pour réduire ses vulnérabilités », se rappelle le Risk Manager, ajoutant qu’à l’époque « seulement 5% des capitaux risques industriels étaient sprinklés, et ce uniquement pour répondre à une obligation réglementaire. Cette situation était critique car les prin- cipaux sites stratégiques du groupe, non-soumis à une obligation de sprinklage, n’étaient pas protégés. Aujourd’hui 75% de nos capitaux sont sprinklés. Nous pouvons être fiers des résultats accomplis grâce à un important travail collectif réalisé avec mon équipe, l’assureur, le courtier Siaci Saint-Honoré et les directions opérationnelles concer- nées ». C’est l’assureur munichois Allianz (Ex AGF) qui accompagnera le groupe dans cette démarche qui nécessita un investissement de plusieurs millions d’euros. Par la suite, avec le concours des ingé- nieurs prévention, Pascal Tardieu s’est attelé à la mise en place du plan de prévention des risques incendie pour l’ensemble des sites (organisation humaine de la sécurité, rédaction des consignes, procédures de gestion des situations d’urgence et des crises, plans de continuité d’activités, etc.). « Le groupe se limitait à l’applica- tion rigoureuse du Code du Travail. Il fallait cependant renforcer les fondamentaux de la prévention incendie à travers une démarche plus volontariste et orientée vers la protection des personnes et des biens, la continuité des activités et la préservation de l’image de marque », se souvient-il. Deuxième sujet, et non des moindres pour une entreprise qui évolue dans l’univers pharmaceutique : la pérennité de la couverture d’assu- rance RC pharma, véritable nouveau challenge pour le Directeur des assurances et de la prévention. « Le marché était sous haute tension, les capacités étaient très réduites et il y avait peu d’opérateurs (3 seulement en 2003) qui acceptaient encore de souscrire des polices de premières lignes en RC pharma. Ils commençaient même à exclure un certain nombre de molécules sous la pression de la médiatisation de plusieurs affaires. Il a fallu mettre en place une nouvelle façon de travailler en organisant des réunions de renouvellement sous la forme de ”roadshow” dans lesquels nous avons mis en place un dialogue entre les experts de la sécurité des produits (pharmacologues, toxicologues, pharmaco-vigilants, etc.) désignés par les assureurs et ceux de l’entreprise. C’est un processus extrêmement lourd et complexe mais essentiel pour défendre l’assurabili- té des produits à des conditions acceptables. » UN BUSINESS MODÈLE UNIQUE Le business modèle du groupe Pierre Fabre repose sur cette cohabita- tion unique de deux activités bien distinctes. La branche pharmaceu- tique d’une part, qui représente environ 40% du chiffre d’affaires et se compose de produits couvrant des domaines thérapeutiques variés (neuropsychiatrie, urologie, oncologie, gynécologie, cardiologie, diabétologie, pneumo-allergologie,…) ainsi que des produits de santé grand public (OTC : Eludril, Drill ou encore Nicopatch) et la branche dermo-cosmétique d’autre part, qui tire aujourd’hui le groupe (60% du CA) notamment grâce au succès mondial de la marque Avène  qui vend un produit toutes les deux secondes en Chine ! Tous les produits du groupe Pierre Fabre sont principalement vendus en pharmacie. « Nos produits dermo-cosmétiques, conçus et fabriqués avec le même soin qu’un médicament, nécessitent d’être recommandés par un dermatologue et d’être délivrés par des gens qualifiés et compétents : les pharmaciens et eux seuls. Ce principe garantit à lui seul la sécurité du consommateur », écrivait Pierre Fabre. «Aujourd’hui 75% de nos capitaux risques industriels sont sprinklés. Nous pouvons être fiers des résultats accomplis grâce à un important travail collectif réalisé. » «Nous devons désormais renforcer la robustesse de notre dispositif en l’enrichissant avec des approches en mode bottom-up. » ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE I N°15 I HIVER 2017/2018 7

RkJQdWJsaXNoZXIy NTM5MDM5