ATOUTRISK N°15 HD

MÉTIER RISK MANAGER ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE I N°15 I HIVER 2017/2018 45 RM À L'INTERNATIONAL « Au début, le salon Afrisques était davantage tourné vers la QHSE », poursuit Mme Ekani- Combet. « L’édition 2017 d’Afrisques a permis de passer de la QHSE à la gestion des risques ». Une transition soutenue par les acteurs publics locaux qui y ont participé et qu’il a fallu sensi- biliser également. L’événement est depuis le départ soutenu par le Ministère de l’Industrie de Côte d’Ivoire : « Les gouvernements africains semblent plus conscients de l’importance de la gestion des risques. La règlementation évolue doucement dans le bon sens », note Marthe Ekani-Combet. En Côte d’Ivoire, Sandé Fatola a réussi à multi- plier les contacts institutionnels et partenaires lorsqu’il a créé RIMRAE (Réseau Ivoirien du Management des Risques et Assurances d’En- treprise) avec plusieurs Risk Managers. « Un atelier sur les risques agro-industriels tenu à la Chambred’Agricultured’Abidjannousapermisde sensibiliser des représentants gouvernementaux à la gestion des risques. Nous travaillons égale- ment à la création d’une Commission dédiée à la gestion des risques avec la Confédération géné- rale des entreprises de Côte d’Ivoire », poursuit le Risk Manager. Côté assurances, l’Association des assureurs de Côte d’Ivoire (ASACI, dont le Président n’est autre que le Directeur général d’AXA Côte d’Ivoire) a mis une salle à disposi- tion du RIMRAE afin de faciliter les rencontres entre membres et d’y organiser des confé- rences (sur l’ERM, le rôle du Risk Manager en Afrique de l’Ouest francophone, sur les risques santé/sécurité au travail...). Les acteurs locaux (professionnels et gouver- nementaux) du Sénégal et de Côte d’Ivoire convergent donc pour déployer une culture du risque prégnante et une gestion des risques plus mature. Une aubaine sur un continent exposé à des risques spécifiques : catastrophes naturelles (inondations, sécheresses,...), risques politiques (émeutes, grèves, instabi- lité politique globale) et risques liés à l’activité humaine et industrielle (construction avec le non-respect des régulations, automobile avec une forte sinistralité et un faible nombre de conducteurs assurés, ...). Une mise en mouvement qui tombe à pic, alors que plusieurs pays d’Afrique seront bientôt classés comme «pays émergents». « Le marché de l’assurance, lié au niveau de développement économique global d’un pays, va donc croître inéluctablement », prédit Mme Ekani-Combet. Et les Risk Managers locaux doivent être prêts. ... À LA CRÉATION DE RÉSEAUX STRUCTURÉS Fin 2017, on comptait deux nouvelles associa- tions nationales de Risk Managers en Afrique : au Maroc avec l’AMRAEM (Association pour le Management des Risques et des Assurances des Entreprises au Maroc) et RIMRAE. Conformément à sa mission, le Club FrancoRisk a joué un rôle d’initiateur et de facilitateur lors de la prise de contact et de la constitution des réseaux professionnels. « En Afrique, soit on voit des Risk Managers internationaux de multinationales aux pratiques plus ‘corporate’ et centralisées, qui sont plutôt des exécutants ; soit des Risk Managers locaux qui travaillent pour des entreprises locales », brosse Gilbert Canaméras, qui indique que « ce sont ces Risk Managers locaux qui se sentent seuls au quoti- dien et cherchent à créer ou à adhérer à des structures professionnelles ». Il y a deux ans, la rencontre entre le bureau du Club FrancoRisk et Sandé Fatola fut produc- tive. « Alors que nous voulions structurer la gestion des risques en Côte d’Ivoire, le Club nous a apporté un soutien moral et pragma- tique, en nous donnant nos premières pistes de contact », se souvient M. Fatola. « Les Risk Managers ivoiriens prenaient conscience de l’intérêt d’avoir leur association et le Club leur a permis de développer leurs réseaux. La créa- tion de RIMRAE s’est faite naturellement, et ils volent aujourd’hui de leurs propres ailes », explique modestement Gilbert Canaméras. RIMRAE compte aujourd’hui une cinquan- taine de membres et vise le double d’ici à fin 2018. L’association a désormais un blog, une Newsletter et organise régulièrement des événements et conférences. Son Président ne compte pas s’arrêter là et entend faire essaimer le mouvement en Afrique. « À notre tour, nous aidons aujourd’hui le Sénégal à mettre en place son réseau et son association nationale », indique M. Fatola. Au Togo et au Burkina-Faso, les membres de RIMRAE œuvrent aussi pour identifier les contacts concernés et les mettre en relation, prélude indispensable à la création de structures professionnelles pérennes. L’étape suivante sera celle de la formation professionnelle. « Les Risk Managers africains en sont très demandeurs », expliquent MM. Canaméras et Fatola. C’est pourquoi l’AMRAE a créé «ARM Africa», afin de dispenser le certi- ficat international ARM – Associate in Risk Management en Afrique francophone, ainsi que des formations intra et sur-mesure. DU NATIONAL À L’INTERNATIONAL Témoignage d’une prise de conscience accrue de l’enjeu grandissant d’une gestion des risques structurée en Afrique et d’un dialogue Nord-Sud renforcé, les sujets abordés sont de plus en plus vastes (cyber, transport, nouvelles industries, etc.), témoignant de l’ouverture d’esprit des professionnels locaux à des problématiques systémiques et transverses. Le Club FrancoRisk y veille en jouant le rôle d’entremetteur entre les réseaux francophones nord-américains, euro- péens, et africains. Si la maturité de la gestion des risques est « plus importante au Maroc et en Tunisie » selon Gilbert Canaméras, cela n’est pas suffisant. « Nous pourrions à terme créer une fédération africaine des associations nationales de Risk Managers, comme FERMA en Europe ! ». Un projet enthousiasmant, mais qui devra encore attendre un peu. « Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage » : aujourd’hui, les Risk Managers africains sèment patiemment des graines pour le futur...  « L’édition 2017 d’Afrisques a permis de passer de la QHSE à la gestion des risques. » Marthe Ekani-Combet, organisatrice du congrès “Afrisques” Sandé Fatola, Risk Manager à l’initiative du réseau ivoirien RIMRAE

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