ATOUTRISK N°15 HD
DOSSIER CAPTIVES : LES DÉFIS DE LA MATURITÉ gration de ces risques complexes au sein des captives. « En outre, dans certains pays comme la France, il reste encore à se poser la question de la part salariale des cotisations qui serait mutualisée dans une captive : des fonds cotisés par les salariés seraient récupérés au niveau des holdings dans le cadre des comptes consolidés d’un Groupe, consolidant ainsi la captive parmi les autres filiales ? Cela reste problématique à ce jour… » estime Anne-Marie Fournier, Vice-Présidente de l’AMRAE. ASSUREURS : CONCURRENTS OU PARTENAIRES ? À la créationdes premières captives, beaucoup d’assureurs ont considéré que ces sociétés pratiquaient une concur- rence déloyale, en les privant de pans entiers de primes. « Les assureurs ont fini par réaliser que les captives inter- viennent surtout sur des risques et à des niveaux de fran- chises où ils n'étaient pas confortables pour intervenir, et dès lors ils acceptent mieux ces dispositifs » estime Philippe Vienot, Risk Manager du groupe BNP Paribas et ancien administrateur de l’AMRAE. Et Matt Latham, responsable des captives chez XL Catlin, de renchérir : « Aujourd’hui, captives et assureurs ne sont pas concurrents mais complé- mentaires ». D’une part parce que sur un marché hyper concurrentiel, les assureurs ne peuvent s’en priver pour conserver ou gagner des parts de marché. « Les assureurs sont quasiment obligés d’accepter une intervention captive dans leurs programmes » estime Etienne Charpentier. « Nous sommes dans une logique de complémentarité avec les captives, cela fait partie de notre modèle et de notre stratégie » reconnait Etienne de Varax. Et d’autre part, les captives directes d’assurances prennent à leur charge les sinistres de fréquence, particulièrement coûteux en termes de gestion pour les compagnies. Intervenir en réassurance sur des programmes mono ou multi-lignes, voire multi-year, au-delà un certain seuil, est donc inté- ressant pour les acteurs du marché. « Chez AXA CS, nous portons un regard positif sur les captives car cet outil complémentaire du Risk Manager conduit le groupe à s’impliquer d’autant plus sur la connaissance, la gestion et la prévention de ses risques » admet Marine Charbonnier. « Un groupe comme SCOR peut jouer un rôle essentiel en s'associant à une captive pour soutenir son plan de souscription captif et structurer des contrats de réassurance pour inclure dans la captive les risques les plus complexes » complète James Donald. De fait, l’expertise de l’assureur de Fronting sur la mise en place de programmes d’assurance en première ligne est un élément clé de la gestion pour compte, et ce à trois niveaux : en matière de gestion de sinistres, dans le cas de programmes internationaux complexes ou encore pour la rédaction de textes en « primary ». SERVICES PLUS Considérant les captives comme un écosystème à part entière, les assureurs et réassureurs les accompagnent donc dans leurs montages de couverture, tout en multipliant en parallèle les offres de services : gestion administrative et financière, gestion des sinistres, tarification des risques... Ce dernier point est parti- culièrement intéressant dans le contexte actuel de BEPS, qui conduit les captives à valider que les taux de primes des risques cédés à une captive sont compa- rables à ceux du marché. « En fournissant aux captives une indication de tarifs, les assureurs rémunèrent leurs services techniques et leurs experts en souscription, sans avoir à porter les risques. La captive, de son côté, peut justifier auprès des autorités que le montant des primes pratiquées n’est pas arbitraire » observe Philipe Vienot. Un système gagnant-gagnant qui reflète l’état d’esprit de coopération dans lequel se trouve aujourd’hui le marché. « En plus de solutions d’assurance, nous propo- sons aux captives un accompagnement international et des services de gestion rigoureux : suivi, monitoring, paiement des sinistres et gestion des cashflows, avec des objectifs de qualité et de conformité accrus » confirme Stéphane Vauterin de Zurich France. James Donald, Responsable du départe- ment « Captive Solutions », SCOR Alternative Solutions Chiffres clés 2016 6000 captives dans le monde, pour 480 milliards $ d’actifs gérés 224 captives au Luxembourg, dont 2 milliards € de primes gérés pour des entreprises françaises 1 à 2% des captives mondiales intègrent des assurances de personnes 120 groupes industriels français possèdent des captives à travers le monde ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE I N°15 I HIVER 2017/2018 31 «Les captives sont un outil puissant de gestion des risques, à la frontière de deux mondes, celui de la finance d'entreprise et celui de la (ré)assurance. » James Donald, Responsable du département «Captive Solutions», SCOR Alternative Solutions Stéphane Vauterin, Directeur des opérations et responsable des captives, Zurich France.
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