ATOUTRISK N°15 HD
DOSSIER CAPTIVES : LES DÉFIS DE LA MATURITÉ C’est le cas notamment des risques de dommages (dommages aux biens, flottes automobiles, transports...). « Le recours aux captives reste encore limité pour les assurés en France contrairement aux anglo-saxons. En flottes automobiles, cela peut avoir tout son sens sur des dossiers pour lesquels la taille des parcs et/ou la fréquence des sinistres permettent d’avoir une volu- métrie suffisante de la sinistralité jusqu’au seuil d’intervention de l’assureur (250 K€ à 1 M€) et ainsi éviter à la captive de subir trop de volatilité. La mutualisation des parcs au niveau européen, au cours des 12 derniers mois, permettra plus facilement d’atteindre cette taille critique » estime Stephen Morton, Directeur des programmes internationaux chez AIG. UNE DIVERSITÉ DE RISQUES PLACÉS Mais chaque secteur d’activité a ses particularités et on trouve par exemple dans les captives du secteur pharmaceutique ou alimentaire une forte proportion de risques en matière de Responsabilité Civile, qui intègre un niveau d’exposition élevé (campagne de retrait mondial d’un produit par exemple). Pour le secteur bancaire, ce sont surtout les risques de Fraude et de RC Professionnelle qui sont placés dans les captives, le marché de l’assurance traditionnel ne proposant que peu de réponses (voir interview de Philippe Vienot). « Pour placer les risques dans les captives, les Risk Managers appliquent un double raisonnement fréquence et rareté » résume Etienne de Varax. Car un autre atout des captives, et non des moindres, est bien la possibilité d’y couvrir les risques de pointe ou émergents, pour lesquels il y a peu ou pas de solutions sur le marché traditionnel de l’assurance et de la réassu- rance, ou des offres trop onéreuses. « C’est le cas des pertes d’exploitation sans dommage, du risque cyber, de la chaîne logistique, de la propriété intel- lectuelle, de certains risques politiques et environnementaux… » illustre Marine Charbonnier, Directeur Alternative Risk Transfer d’AXA Corporate Solutions. « Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la dernière grande vague de créations de captives remonte à l’après 11 septembre 2001, suite à l’envolée des primes en assurance IARD » complète Stéphane Vauterin, Directeur des opérations et responsable des captives chez Zurich France. ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE I N°15 I HIVER 2017/2018 28 «Avec les captives, le poids du Risk Manager devient plus important dans l’entreprise. » Fabien Graeff, Responsable financement des risques et solutions captives, Marsh LES ASSURANCES EMPLOYEES BENEFITS DANS LES CAPTIVES «Offrir une vision globale de la gestion de l’humain dans le groupe» L’intégration des programmes d’assurances Employee Benefits (EB) au sein des captives est partie du constat qu’il y avait une opportunité de mutualisation à faire en la matière, les contrats de prévoyance/santé étant le plus souvent gérés pays par pays, entité par entité. Face à cette approche très granulaire, la captive est ap- parue comme un outil à fort potentiel pour centraliser l’ensemble de ces risques et en obtenir un mapping complet. En contrepartie, les EB permettent de redynamiser la captive en lui apportant du volume, sans augmenter les besoins en fonds propres. Le mouvement a réellement démarré dans les années 2000 et se poursuit de façon exponentielle, avec actuellement une centaine de captives dans le monde intégrant des assurances de personnes. Beaucoup de groupes se montrent intéressés mais il s’agit de pro- jets de long terme, plus complexes à appréhender que les pro- grammes dommage normés et centralisés, du fait des difficultés de remontées d’informations dans les filiales et de la diversité des polices locales. Cette hétérogénéité ralentit en amont le travail d’analyse et de centralisation des risques, et exige de choisir des assureurs pérennes disposant de réseaux internationaux étendus. En outre, impliquer autour de la captive à la fois le RM et le DRH est un enjeu crucial pour la réussite du projet, car parfois ils ne se connaissent pas et ne partagent ni le même langage, ni les mêmes objectifs. Un gros challenge qui se heurte éga- lement parfois à la peur de perdre des avantages acquis, alors que centralisation ne signifie pas for- cément harmonisation… La preuve : la captive permet notamment d’améliorer la gestion et les services au niveau local, d’étendre des garanties ou de faciliter le règle- ment de cas qu’un assu- reur local aurait considé- rés comme litigieux… Philippe Girard, Actuaire Consultant Avantages sociaux à l’international, Willis Towers Watson «Pour placer les risques dans les captives, les Risk Managers appliquent un double raisonnement fréquence et rareté.» Etienne de Varax, Directeur Offre et Services Alternative Risk Transfert, HDI Gerling
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