ATOUTRISK N°15 HD

DOSSIER CAPTIVES : LES DÉFIS DE LA MATURITÉ négocient au niveau du groupe pour bénéficier d’économies d’échelle prévoit une franchise identique à travers le monde qui se révèle souvent trop haute pour ses petites filiales. La captive permet de rabaisser localement cette franchise en en prenant une partie à sa charge. « Les filiales n’ont pas vocation à être leur propre assureur, elles n’ont pas la surface financière pour le faire. Un risque ou un sinistre qui peut paraître important au niveau d’une succursale ne le sera pas nécessairement au niveau du groupe » explique l’expert Olivier Balken. En outre, pour les entreprises dont une partie de la sinistralité est certaine et récurrente, le recours à une captive permet de prendre en charge les petits sinistres et ainsi de couvrir ces risques à moindre coût, en évitant le char- gement et les frais appliqués par les assureurs du marché (frais de gestion + surcoût lié à la récurrence de la sinistralité). C’est pour cette raison que les expositions les plus attractives pour l’intervention des captives sont en priorité les risques de fréquence et la rétention de toute ou partie des risques de faible amplitude, parce qu’ils sont prévisibles mais ne nécessitent que peu de capital. ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE I N°15 I HIVER 2017/2018 27 TAUX BAS : VERS UNE REMISE EN CAUSE DES CAPTIVES Alors qu’un des principaux atouts des captives réside dans les arbitrages et les opportu- nités d’économies sur le montant des primes proposés par les assureurs traditionnels, le contexte actuel de taux d’assurance bas a réduit cette valeur ajoutée et pousse les acteurs à de nouvelles stratégies. « Il est certain que les périodes de hard market donnaient histori- quement plus d’opportunités d’arbitrage aux gestionnaires de captives que la période actuelle de taux bas » concède ainsi Stéphane Vauterin, Directeur des opérations et responsable des captives, Zurich France, approuvé par Laurent Bonnet, Directeur du pôle Financements alternatifs, Gras Savoye Willis Towers Watson : « Quand les marchés sont softs, il est souvent plus avantageux de transférer les risques traditionnels aux assureurs, qui peuvent se montrer très compétitifs pour prendre des parts de marché et conserver leur chiffre d’affaires ». « Il ne faut pas être dogmatique» sourit un courtier de la place, «la captive est un outil dont le curseur doit varier en observant le marché : les assureurs peuvent être surprenants en prati- quant parfois des prix inférieurs à leur burning cost ». SAVOIR QUITTER SA CAPTIVE Et Philippe Vienot de reconnaître : « Quand le marché est plus souple, plus efficace et moins cher, je n’ai aucun état d’âme à sortir une ligne de nos captives ». En la matière, les captives constituent naturellement des outils de gestion des cycles du marché de l’assurance et de la réassurance, comme l’explique Olivier Balken. « Un des intérêts d’une captive est de pouvoir adapter son périmètre et son degré d’intervention en fonction des cycles du marché et de l’appétence des assureurs pour certains risques. Même en période de taux bas, il vaut mieux disposer des outils nécessaires pour gérer un retournement ou un durcissement du marché ». Avec une facture des récents cyclones avoisinant les 100 milliards de dollars pour les réassureurs, le marché des Cat’Nat est une bonne illustration de ce durcisse- ment. « On commence à ressentir une tendance haussière : il devient difficile d’obtenir des accords pluri-annuels (LTA) et les contrats ont tendance à se raccourcir » constate Etienne Charpentier chez Aon, qui prédit : « Il faut s’attendre à une hausse des taux à venir, lors du renouvellement des Cat’Nats en Asie au 1 er avril 2018, et ensuite au 1 er septembre 2018 ». UN OUTIL DE LONG TERME Toutefois, bâties dans une logique de durée, les captives conservent leur utilité pour tous les risques peu ou pas couverts par le marché, et ce indépendamment du niveau des taux. « Créer une captive est un acte de Risk Management structurant : la réglementation, le niveau des fonds propres requis, les coûts de gestion, imposent de l’utiliser comme un véritable outil de pilotage et de financement des risques dans une logique de long terme » estime Jean-Philippe Pages, Directeur Industrie et Services de Bessé. Et Matt Latham chez XL Catlin de confirmer : « La plupart des propriétaires de captives reconnaissent qu’il s’agit d’outils de moyen à long terme et sont conscients de leurs bénéfices non financiers ; c’est pourquoi ils continuent à s’en servir malgré le contexte de taux bas ». Les mécanismes de remontées d’informations organisés autour et par le biais de la captive présentent également une très grande valeur ajoutée au sein d’un groupe. Les Risk Managers peuvent ainsi mieux analyser et maîtriser leurs risques, grâce à une vue centralisée et synthétiques des données : nature et origine des sinistres, apparition de nouvelles tendances, suivis des paiements et de la réparation... « Sur les risques à développement long, comme la RC corporelle, il est difficile d’obtenir des assureurs une photo- graphie précise à chaque fin de trimestre ou d’exercice, ce qu’offre la captive en archivant l’his- torique de l’avancée des dossiers dans le temps » illustre Etienne Charpentier. « La captive peut aider à mieux appréhender les nouveaux risques et à mettre en place des plans de formation et de prévention pour réduire la sinistralité au sein du groupe. C’est un moyen de sensibiliser le reste du groupe à la stratégie globale de gestion des risques portée par le Risk Manager » estime de son côté Rosy Laurent, secrétaire générale de l’APREF. Et Marine Charbonnier de compléter : « De plus en plus, les captives sont utilisées pour mieux appréhender techniquement le risque, éduquer les équipes en interne et travailler sur le wording, avant de bâtir ensuite avec les assureurs du marché des polices sur-mesure ». «Par définition, tous types de risques peuvent être transférés dans une captive. » Stéphane Vauterin, Directeur des opérations et responsable des captives, Zurich France «Créer une captive est un acte de Risk Management structurant. » Jean-Philippe Pages, Directeur Industrie et Services, Bessé

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