ATOUT RISK MANAGERLA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L’ASSURANCE TRIMESTRIEL — N°43 — HIVER 2024-25 En vue Lantonirina Andrianary, déléguée générale du Club FrancoRisk — P. 16 Portrait Linda Khelid, risk manager de la ville de Nice et de Métropole Nice Côte d’Azur — P. 06 Club FrancoRisk Retours sur l’année 2024 — P. 43 FFCE Forum France Captive 2024 — P. 47 Actualités Pôle scientifique : nouvel élan et continuité L’Art du risque : les 32e Rencontres Amrae du risk management — P. 56 Dossier État du marché Accalmie et vigilance — P. 19 Métier risk manager Formation à la loupe Première collaboration avec le CNFPT Nouveau catalogue et nouvelles formations Ferma Forum 2024 — P. 32
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EDITO \ 03 N°43 I HIVER 2024-25 EDITO MARIE-ÉLISE LORIN Vice-présidente de l'Amrae Responsable du reporting de durabilité (CSRD) Groupe Maif Secteur privé ou public : unmême art de la gestion des risques «Le risk manager doit être un facilitateur, un architecte du dialogue entre tous les acteurs de l'entreprise » disait Gilbert Canameras, ancien président de l’Amrae, décédé en 2024. Au regard de l’élargissement du champ d’action de l’Association, il aurait certainement remplacé le mot « entreprise » par le mot « organisation ». En effet, les organisations publiques, nos territoires rencontrent des défis inédits. Les collectivités territoriales, déjà confrontées aux risques des entreprises privées - climatiques, cyber, sociaux - font face à un paradoxe : alors que le marché de l'assurance montre des signes d'assouplissement pour certains secteurs, elles voient leurs capacités d'assurance se réduire drastiquement. L'augmentation prochaine de la contribution catastrophe naturelle et les conséquences des événements récents ne font qu'accentuer cette situation préoccupante, (lire l'article sur l'état du marché page 19 et suivantes). Nombreux sont les responsables financiers et politiques de ces collectivités à demander à la puissance publique d’être simultanément plus directive vers l’industrie de l’assurance et d’explorer également des financements alternatifs, à l’instar des captives d’entreprise. Les propos de Bastien Nespoulous de Métropole de Nice Côte d’Azur sont sans ambages sur cette question. Il y a urgence : les 250 participants du webinaire que nous avons organisé avec le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) en attestent. Association de référence en matière de gestion des risques, l’Amrae développe depuis longtemps des outils et des formations également dédiés aux collectivités locales. Le succès de l'application gratuite "lesrisquesdemacollectivité.fr" qui cartographie les risques pour les collectivités territoriales, en est une belle illustration. Le portrait de Linda Khelid, risk manager de la ville de Nice et de la Métropole Nice Côte d'Azur, que vous découvrirez dans ce numéro, illustre ce continuum privé-public de la gestion des risques et du métier de risk manager. Son parcours démontre que l'expertise développée dans le secteur privé peut admirablement s'adapter aux enjeux du secteur public. Linda incarne cette nouvelle génération de risk managers territoriaux que nous souhaitons accompagner. Secteur public ou privé : pas de gestion robuste des risques sans risk managers au sommet de leur art. C’est pourquoi l’Amrae n’a de cesse de revisiter et d'accroître son offre de formation. Une offre qui, enrichie de seize nouveaux modules, a de nouveau été labellisée Qualiopi. C'est pourquoi j'invite chaleureusement nos adhérents historiques à partager leur expérience avec leurs homologues des collectivités, à venir ensemble partager leur art du risque, sculpter leurs opportunités, du 5 au 7 février à Deauville, et tout au long de l’année. Plus que jamais, quand les risques sont gérés, l’économie et les territoires sont durables. En attendant de vous retrouver aux Rencontres, je souhaite à chacune et chacun d'entre nous, une année 2025 riche de projets stimulants, de collaborations fécondes et de succès partagés. Que cette année nous permette de mieux continuer à grandir ensemble.
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ATOUT RISK MANAGER est une revue de l’Amrae 36, boulevard de Sébastopol - 75004 Paris - Tél. : 01 42 89 33 16 - atoutriskmanager@amrae.fr. Directeur de la publication : Oliver Wild. Directeur de la rédaction : Hubert de L’Estoile. Rédacteur en chef : Ol ivier Coppermann (SEITOSEI .ACTIFIN). Comité éditorial : François Beaume, Huber t de L’Estoi le, Frédéric-Jean Hoguet, Anne Piot d’Abzac. Conception et coordination éditoriale, secrétariat de rédaction : Delphine Tardiveau SEITOSEI.ACTIFIN. Ont contribué à ce numéro : Journalistes : Nathalie Arensonas, Stéphanie Gallo, Aurélie Nicolas, Julia Ansaldi. Direction artistique et mise en page : Stéphane Paulin. Crédits photos : Amrae, iStockphoto, Sacha Lenormand, Audrey de Leval, Philippe Levy, Éric Malemanche / Encre Noire, Stéphane Olivier / Artephoto, Charles de Toirac, @ville de nice - Julien Veran ; Philippe Viglietti. Relations presse de l’Amrae : amrae-presse@seitosei-actifin.com, 06 07 25 04 48. Régie publicitaire : FFE - 15, rue des Sablons - 75116 Paris - www.ffe.fr. Directeur de la publicité : Patrick Sarfati. Chef de publicité : Caroline Martin - Tél. : 01 40 09 66 18 - caroline.martin@ffe.fr. Responsable technique : Aurélie Vuillemin - Tél. : 01 53 36 20 35 - aurelie.vuillemin@ffe.fr. Dépôt légal : octobre 2024, ISSN 2551-0703. Toute reproduction, même partielle, des textes publiés dans la revue ATOUT RISK MANAGER est interdite pour tous les pays, sans autorisation écrite préalable du directeur de publication. Toute copie doit avoir l’accord du Centre français de droit de copie (CFC) - 20, rue des Grands-Augustins - 75006 Paris - Tél. : 01 44 07 47 70 - Fax : 01 46 34 67 19. Cette publication peut être utilisée dans le cadre de la formation permanente. L’éditeur s’autorise à refuser toute insertion qui semblerait contraire aux intérêts moraux ou matériels de la publication. Sauf accords spéciaux, les manuscrits, textes et photos envoyés à la rédaction ne sont pas restitués. La citation de marque, nom de firme, etc. est faite sans but publicitaire et ne signifie en aucun cas que les procédés sont tombés dans le domaine public. 03 E DITO 06 PORTRAIT Linda Khelid, risk manager de la ville de Nice et de Métropole Nice Côte d'Azur Questions à… Bastien Nespoulous, directeur général des services de la ville de Nice et de Métropole Nice Côte d’Azur et à Sylvain Faure, directeur général adjoint en charge de l’Inspection générale des services et audit de la ville de Nice et de la métropole 16 ACTEURS EN VUE Le risque dans les veines : Lantonirina Andrianary, déléguée générale du Club FrancoRisk DOSSIER ÉTAT DUMARCHÉ : ACCALMIE ET VIGILANCE 20 État du marché de l'assurance des entreprises et perspectives 2025 24 La fin annoncée du cycle haussier — P. 19 A CTUALITÉS DE L’AMRAE 56 Le pôle scientifique de l’Amrae a pris un nouvel élan en 2024 58 Programme des Rencontres 2025 — P. 56 MÉTIER RISK MANAGER 32 Management des risques des collectivités locales : première collaboration avec le CNFPT 35 Nouvelles formations au catalogue 2025 de l’Amrae 37 Amrae Formation valide le renouvellement de sa certification Qualiopi 39 Forum Ferma : le risk management et l’assurance se réinventent Qualiopi — P. 32 À L , AFFICHE 29 Agenda 30 Revue de presse — P. 29 ACTUALITÉS DE LA FFCE 47 France Captive Forum 2024 : la belle dynamique des captives à la française — P. 47 CLUB FRANCORISK 43 Club FrancoRisk : retours sur l’année 2024 — P. 43 BULLETIN D’ABONNEMENT — P. 66 SOMMAIRE \ 05 Cet ouvrage a été imprimé sur papier FSC (Forest Stewardship Council). La marque FSC signifie qu’une proportion de fibres de bois, utilisées dans la fabrication du papier, provient d’une forêt correctement gérée, satisfaisant à des normes rigoureuses au niveau environnenmental,social et économique. Cette forêt d’origine a été inspectée et évaluée de façon indépendante sur la base des principes et critères de gestion forestière acceptés et approuvés par le FSC. FSC est une association internationale à but non lucratif travaillant pour améliorer la gestion forestière à travers le monde. www.fsc.org Cet ouvrage a été imprimé chez un imprimeur labellisé Imprirm’Vert, marque créée en partenariat avec l’Agence de l’Eau, l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie), et la FICG (Fédération de l’imprimerie et de la Communication Graphique). La marque Imprim’Vert apporte trois garanties essentielles : la suppression totale de l’utilisation de produits toxiques, la sécurisation des stockages de produits et de déchets dangereux, la collecte et le traitement des produits dangereux. N°43 I HIVER 2024-25
06 / ATOUT RISK MANAGER PORTRAIT Double culture Linda Khelid, risk manager de la ville de Nice et de Métropole Nice Côte d’Azur. Pour commencer, le l ieu du rendez-vous. Le Palais Hongran, dans le Vieux Nice. L’hôtel particul ier du XVI Ie siècle, classé, revendique des loca- tions touristiques, un « vallet » meublé, des appartementsdestandingfaceà lapromenade des Anglais. Cinq boîtes à lettres en bois sculpté livrent les noms des occupants. Et une plaque couleur or : celle de la Direction générale adjointe de l’Inspection générale des services et audit de la ville de Nice et de la métropole Nice Côte d’Azur. Napoléon Bonaparte y logea au dernier étage lors de sa campagne d’Italie. Il monta à cheval les escaliers pour rejoindre sa chambre. Depuis près d’un an, Linda Khelid y occupe le poste de risk manager et nous reçoit sous cinq mètres de hauteur sous plafond. La jeune femme ignore l ’ascenseur et avale les marches quatre à quatre, à toute allure. C’est une adepte du dynamo et de la course Hyrox, nouveau sport né à Hambourg qui bouscule le monde du fitness, et est accessible à tous, « même après 50 ans ». Elle n’en a que 34. Son premier Hyrox, Linda Khel id s’en souvient encore comme une « étape marquante de sa vie personnelle et sportive, l’encourageant à viser toujours plus haut ». Un sport idéal pour libérer le stress accumulé et compenser les effets d'une immersion prolongée dans l'univers de l’agroalimentaire « L’échec est possible, mais l’expérience, le dépassement de soi et l’apprentissage comptent davantage », décrit-elle. En prenant ses quartiers dans le Vieux Nice, au sein de la direction audit de la collectivité territoriale dirigée par Christian Estrosi, Linda Khelid voulait mêler deux envies fortes : BIO EXPRESS 2012 – 2014 : BTS Assurances, IFPASS, Paris-La Défense 2014-2015 : Licence professionnelle Gestion juridique des contrats d’assurance Paris II 2015-2017 : Master actuariat, banque, finance, ENASS – CNAM Paris 2017-2018 : Master of science à l'Institut de maîtrise des risques, Kedge Business School Bordeaux 2015-2017 : chargée de règlement sinistres RC générale AXA 2017-2018 : risk analyst, Veolia 2018-2022 : risk manager adjoint risques et assurance, Nestlé en France 2022-2024 : responsable de mission risk management, RATP Group Depuis 2024 : risk manager de la ville de Nice et de Métropole Nice Côte d’Azur « L’échec est possible, mais l’expérience, le dépassement de soi et l’apprentissage comptent davantage. » Par Julia Ansaldi
Linda Khelid, risk manager de la ville de Nice et de Métropole Nice Côte d'Azur \ 07 N°43 I HIVER 2024-25 « J’ai su que j’avais trouvé ma voie lorsque j’ai intégré Veolia en 2017 comme risk analyst en alternance. » s’installer dans le sud de la France, après une première vie de Nordiste, et poursuivre son « métier de passion », sans revoir ses ambitions à la baisse. « Animal social » Donner le meilleur de soi et du sens à ce qu’elle fait relève du mantra pour cette jeune femme, aînée d’une fratrie de quatre enfants, née dans un milieu modeste. Dès son plus jeune âge, Linda Khelid fait preuve d’une grande ambition. Encouragée par ses parents à poursuivre des études, elle s’oriente d’abord vers l’agrégation d’économie à l’École nationale supérieure (ENS) de Cachan. « J’avais initialement envisagé cette voie académique, mais j’ai finalement opté pour des études dans le secteur de l’assurance, qui offraient une préparation plus concrète au monde professionnel », expl ique-t-el le. En jonglant entre études et apprentissage, Linda passe successivement un BTS assurance, une licence professionnelle de droit à Paris II puis obtient un master en actuariat, banque, finance et assurances à l’École Nationale de l’assurance (ENASS). En alternance, elle complète ensuite son parcours avec le master de management des risques à la Kedge Business School à Bordeaux. Sa première expérience d’apprentie, à 22 ans, se déroule chez Axa France, à la direction gestion des sinistres clients VIP. Habitation, assurance auto, responsabilité civi le… Les risques des par t icul iers "cinq étoiles" de l’assureur la mobilisent pleinement. El le col labore avec des experts d’assurance, analyse les chaînes de responsabilité et explore les possibilités de recours. « Mais j’ai vite ressenti le besoin de renforcer mes connaissances juridiques », confie-t-elle. Elle poursuit ses études, toujours en alternance chez AXA, cette fois au sein du service de règlement des sinistres des entreprises, et obtient son master. Et participe pour la première fois aux Rencontres Amrae du risk management, en 2017. Des rencontres décisives qui la convainquent de se diriger vers le métier de risk manager, après avoir échangé avec les représentants de la formation en gestion des risques de Kedge. « Je n’ai alors plus eu de doute sur la pertinence de mon choix de carrière. J’ai su que j’avais trouvé ma voie lorsque j’ai intégré Veolia en 2017 comme risk analyst en alternance », se souvient Linda Khelid. À l’époque, la direction des risques du géant mondial des services à l’environnement fonctionne avec une petite équipe de cinq personnes, dirigée par Oliver Wild, directeur des risques et des assurances, qui préside aujourd’hui l’Amrae. Il devient rapidement son mentor. « Elle a absorbé comme une éponge le b.a.-ba du métier et a très vite gagné en autonomie », loue-t-il. Parmi les autres qualités de la risk manager, Oliver Wild souligne sa capacité d’écoute et son sens du relationnel. « Linda est un animal social qui a, en plus, une très forte envie d’apprendre et de progresser », appuie-t-il. Chez Veolia, elle s’immerge dans l’univers exigeant de la gestion des risques au sein de sociétés cotées. Elle contribue notamment au suivi des risques et à la prise en compte des attentes des actionnaires, des enjeux essentiels dans ce contexte. Elle découvre l ’essence du métier : la cartographiedes risques, unoutil stratégique indispensable pour structurer, hiérarchiser et anticiper les menaces potentielles, tout en renforçant la résilience de l’organisation. Sa première présentation devant une direction générale, « une montée d’adrénaline et une immense fierté. Après mes études, je voyais le risque comme une menace qu’il fallait à tout prix éviter. Mais ce jour-là, grâce à cet outil, j’ai compris qu’une approche structurée et pragmatique peut devenir un levier stratégique », éclaire-t-elle. Sapin 2 L’année 2017marque aussi l’entréeen vigueur de la loi Sapin 2 - relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et le trafic d’influence, et à la modernisation de la vie économique - dont la cartographie des risques devient le socle dans les entreprises assujetties. L’occasion de découvrir que ce dispositif n’est pas qu’un levier stratégique, mais aussi un outil d’interface sensible avec les autres services. « C’est l’un des sujets essentiels qu’Oliver m’a appris. Cette nécessité de faire de la pédagogie et de mettre en confiance les responsables des autres fonctions, Dans ce métier, il ne suffit pas de se limiter à alerter sur les risques : il est essentiel d’accompagner ses analyses de solutions pragmatiques et concrètes pour anticiper et gérer efficacement les situations », commente Linda Khelid. En quittant Veol ia pour rejoindre la mul t inat ionale suisse Nest lé, Linda Khelid franchit un échelon hiérarchique - elle devient risk manager adjoint - et découvre les joies des visites d’usines. À l’époque, le groupe en compte plus de vingt dans l’Hexagone. Elle se frotte à Le Palais Hongran à Nice, où se situent les bureaux de la risk manager de la ville et de la métropole.
08 / ATOUT RISK MANAGER PORTRAIT « Dans ce métier, il ne suffit pas de se limiter à alerter sur les risques : il est essentiel d’accompagner ses analyses de solutions pragmatiques et concrètes pour anticiper et gérer efficacement les situations. » la prévention incendie industrielle et aux exigences des ingénieurs prévention de FM Global. Rappels produits, mise en cause de tiers, gestion de sinistres de pollution et globalisation des contrats rythment son quotidien. Elle sillonne l’Europe. « Je voyageais beaucoup car Nestlé compte pas mal de hubs à l’étranger avec lesquels nous étions en lien permanent ». Du privé au public Après ces trois expériences dans le secteur privé, Linda Khelid bascule vers le secteur public en rejoignant d'abord la RATP. Un chasseur de têtes la convainc de rejoindre la direction générale audit, risque et contrôle du troisième opérateur mondial de transports urbains. Ce poste l’intéresse autant que l’opportunité de plonger dans l ’univers du service publ ic. « J’avais conscience de contribuer à l’écosystème et à l’intérêt général », argumente-t-elle. À la RATP, elle se concentre principalement sur les risques liés à l’activité ferroviaire, une mission stratégique dans une périodeclé pour le groupe de transport public. L’expérience s’inscrit dans une époque charnière pour l ’opérateur, marquée par l’incendie de deux bus électriques. Cette époque est marquée par des défis techniques et stratégiques majeurs, notamment le passage de relais à la tête de l’entreprise entre Catherine Guillouard et Jean Castex, ex-Premier ministre. « Catherine Guillouard avait engagé une transformation en profondeur du groupe, Jean Castex a pris les commandes avec un autre défi : transporter les visiteurs pendant les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 », souligne-t-elle. Sa manager, Aurélie Coatanhay, responsable du pôle Risques, contrôle interne et assurances (RCA) garde de son passage le souvenir d’une « belle personne, très positive et très créative. Linda s’est très vite intégrée en tissant son réseau en interne », formule sa responsable. « Attentive à l’atteinte des objectifs et au respect des échéances, elle anticipait constamment les travaux ce qui était très appréciable », détaille la patronne des risques de la RATP. Changement de décor Sa décision de rejoindre la RATP n’a pas surpris Oliver Wild. « Linda est avide de multiplier les expériences », remarque son mentor qui suit son parcours professionnel. « Et je me réjouis que la Ville et la Métropole de Nice aient nommé Linda qui va apporter son expérience de gestion des risques en entreprise », ajoute-t-il. « Elle accomplit aussi un projet de vie en s’installant à Nice », renchérit Aurélie Coatanhay. Dans ses nouveaux bureaux du palais niçois, Linda Khelid pilote la fonction de risk management, organisée depuis 2022 sous la houlette de Sylvain Faure, venu de la banque et sa direction des risques, avec une équipe composée de deux auditeurs et quatre inspecteurs. « Nous avons à bâtir un dispositif robuste « Je me réjouis que la Ville et la Métropole de Nice aient nommé Linda qui va apporter son expérience de gestion des risques en entreprise. » OLIVER WILD Directeur des risques et des assurances de Veolia, président de l’Amrae L’immeuble de l’Hôtel de Ville de Nice. Ville de Nice. @ ville de Nice -Philippe Viglietti @ Ville de Nice / Julien VERAN
Linda Khelid, risk manager de la ville de Nice et de Métropole Nice Côte d'Azur \ 09 N°43 I HIVER 2024-25 LINDA KHELID ET L’AMRAE Membre active de l'Association, Linda Khelid incarne une nouvelle génération de risk managers. C’est en lisant Atout Risk Manager qu’elle a fait connaissance avec le métier et aux Rencontres Amrae du risk management de Deauville, qu’elle a découvert l’univers de la gestion des risques. Il allait devenir central dans son parcours professionnel. Son implication aux webinaires ou aux ateliers des Rencontres l’inscrit dans la sphère des adhérents impliqués et engagés. Nombre d’agents 14 000 en comptant les opérateurs publics rattachés. Nombre d’habitants Nice 356 000 (selon le dernier sondage INSEE 2024). Métropole Nice Côte d’Azur 560 000 (dernier sondage INSEE 2021). Dépenses d’investissement 2024 ville de Nice. 120 M€ Dépenses d’investissement 2024 Métropole Nice Côte d’Azur (consolidé). 302 M€ CHIFFRES-CLÉS « C’est un exercice à fort impact politique, rendu encore plus complexe par les contraintes budgétaires qui touchent aujourd’hui les territoires. » de risk management, avec le soutien de Christian Estrosi et de la Direction générale des services de la Ville, qui appuient pleinement notre démarche basée sur les meilleurs référentiels », s’enthousiasme la jeune femme. Une dynamique qui s’ inscrit dans un contexte où la gestion des risques est en train d’écrire ses premières partitions dans le secteur public. « Cette situation exige de notre part une approche particulièrement pédagogique pour sens ibi l i ser nos col lègues agents publ ics », soul igne Linda Khelid. Gérer les risques dans les collectivités territoriales dépasse largement le cadre des processus techniques et méthodologiques, comme la cartographie des risques, bien connue dans le secteur privé. Cette mission prend une dimension transversale et stratégique, étroitement liée aux spécificités et à l’intérêt général du service public. Et cela se fait à une échelle sans précédent, comparée à ses expériences professionnelles antérieures. Changement d’échelle La ville et la métropole niçoise couvrent un territoire de 540 000 administrés et mobilisent 14 000 agents, contre 339 000 salariés pour Nestlé, 220 000 collaborateurs chez Veolia, et 71 000 agents à la RATP. « Il faut tenir compte des priorités des administrés et de l’importance de l’actualité dans la prise de décision », explique-t-elle. « Cela implique de comprendre les enjeux sociétaux, d’ant iciper les at tentes et parfois, de naviguer dans des contextes où l’émotion et la perception jouent un rôle-clé, commente la risk manager. C’est un exercice à fort impact politique, rendu encore plus complexe par les contraintes budgétaires qui touchent aujourd’hui les territoires. J’ai la chance d’avoir un management qui épaule encourage chacun à donner le meilleur de soi-même ». À travers ces changements de cap, la jeune femme assouvit, plus largement, son goût pour le risque. « Quitter le privé pour le public ou passer d’une multinationale à une collectivité locale était un pari risqué, mais cela m’a offert une vision différente et plus riche de mon métier », commente-t-elle. La jeune risk manager dit aimer « partir sur un coup de tête ou explorer des lieux hors des sentiers battus », pour se « reconnecter à l’inattendu » et « cultiver sa curiosité ». « Nous avons recruté Linda pour son expérience et ses compétences avérées
10 / ATOUT RISK MANAGER PORTRAIT mais aussi pour sa personnalité pleine d’énergie et d’enthousiasme. Ces qualités sont indispensables pour le démarrage d’une activité dans un contexte culturel et réglementaire où cela est nouveau », expl ique Sylvain Faure, son nouveau manager. Simone Veil, Steve Jobs et Nelson Mandela Les trois grandes figures historiques qu’elle accueille dans son panthéon personnel sont Simone Veil, Steve Jobs et Nelson Mandela. Trois « game changers », ou transformateurs. La première pour « son courage, sa résilience et son combat pour les droits des femmes dans un contexte politique complexe », « Quitter le privé pour le public ou passer d’une multinationale à une collectivité locale était un pari risqué, mais cela m’a offert une vision différente et plus riche de mon métier. » @ ville de Nice @ ville de Nice Promenade des Anglais Vue aérienne de la baie des Anges et la plateforme aéroportuaire de Nice. Agent d’accueil social avec un administré niçois. Steve Jobs pour « sa vision avant-gardiste et sa capacité à transformer les échecs en tremplins pour innover » et l’ancien président d’Afrique du Sud pour « son engagement, sa capacité à pardonner et son rôle dans la réconciliation de toute une nation ». De l’audace, encore et toujours. En attendant, Linda réfléchit déjà à sa prochaine compétition sportive. De quoi garder le sourire au travail et tester son endurance. « Peut-être le semi-marathon de Nice en bord de mer », souffle-t-elle. Auparavant, elle aura pris la parole aux prochaines Rencontres Amrae, en février à Deauville, sur l’« Objectif zéro émission nette d'ici 2050. Comment s'y préparer ? ». Christian Estrosi, maire de Nice et président de la métropole Nice Côte d'Azur La DGA IGSA est un service mutualisé entre la ville de Nice, le CCAS et la Métropole. Cette DGA est rattachée hiérarchiquement au maire et président de la métropole. Maire de Nice Président de la métropole Nice Côte d’Azur Christian Estrosi Directeur général des services Bastien Nespoulous Direction générale adjointe inspection générale des services et audit Sylvain Faure Inspection générale des services Inspection générale des services 4 inspecteurs Audit 3 auditeurs Risk management Linda Khelid Direction audit Sylvain Faure (Par intérim) La direction de l’audit a été créée en 2022 pour renforcer la gouvernance et la maîtrise des risques au sein de Métropole Nice Côte d’Azur. Dans cette optique, un poste de risk manager a été ouvert et pourvu en février 2024, afin de piloter la mise en place de la démarche de gestion des risques. Ce recrutement marque une étape clé dans la volonté de structurer l ’approche et de garantir une gestion proactive des risques.
N°43 I HIVER 2024-25 Questions à… Bastien Nespoulous directeur général des services de la ville de Nice et de Métropole Nice Côte d’Azur Sylvain Faure directeur général adjoint en charge de l’Inspection générale des services et audit de la ville de Nice et de Métropole Nice Côte d'Azur. « Le risque n’est pas uniquement un sujet politique : il est au cœur de la bonne gestion du service public et de la préservation de l’intérêt général. » Pour un agent public, le risque n’est-il pas avant tout un sujet politique ? Bastien Nespoulous Le risque est un enjeu-clé dans le cadre du service public, mais il ne se limite pas à une simple déclinaison politique. Il englobe plusieurs dimensions qui touchent à la fois aux responsabilités opérationnelles, réglementaires et stratégiques. Un territoire comme le nôtre est confronté à une pluralité de risques : organisationnels, liés à nos activités et domaines de compétences, au respect de la réglementation, aux risques d’atteintes à la probité, mais également à des risques exogènes tels que les crises climatiques ou sanitaires. Depuis 2008 à la mairie de Nice, et 2012 à la présidence de la métropole, Christian Estrosi démontre une volonté de structurer la gestion de ces risques. Cela s’est traduit par la généralisation de dispositifs de contrôle robustes, notamment à travers l’Inspection générale des services (IGS), directement rattachée au maire-président pour mener des enquêtes approfondies sur les dysfonctionnements identifiés, mais surtout pour en prévenir l’émergence. Quant aux risques liés à la déontologie, nous avons été avant-gardistes en créant, très tôt, un collège de déontologie dédié aux élus. Cet organe innovant a pour vocation de les accompagner dans l’exercice de leurs missions, en leur apportant un cadre clair et des recommandations pour prévenir les manquements déontologiques, renforcer l’éthique publique et garantir une gouvernance exemplaire. Cette démarche vise autant à garantir la probité qu'à renforcer la résilience de nos organisations face aux enjeux contemporains. Le risque n’est pas uniquement un sujet politique : il est au cœur de la bonne gestion du service public et de la préservation de l’intérêt général. La ville de Nice et les 51 communes de la métropole n’ont institué une direction de l’audit qu’en novembre 2022, pourquoi si tard ? Sylvain Faure : Le contrôle mené par l’Agence française anticorruption (AFA) à la fin de l’année 2020 a été un véritable révélateur. Nous avons constaté que nos dispositifs de conformité, notamment pour prévenir les risques opérationnels et de probité, respectaient déjà les principes posés par l’AFA. Cependant, nous devions réaliser une cartographie des risques d’atteinte à la probité, un outil stratégique pour identifier, prioriser et piloter les risques auxquels nos organisations sont confrontées. Suite à ce constat, Christian Estrosi a souhaité franchir une nouvelle étape en structurant la gestion des risques. Voilà la genèse de la Direction de l’audit, créée en 2022 pour coordonner ces démarches et répondre aux enjeux croissants de gouvernance et de maîtrise des risques. Cette initiative s’est accompagnée de la création de nouveaux postes, dont le poste de directeur de l'audit et celui de Linda, pour piloter ces travaux ambitieux au service des 51 communes et de leurs administrés. Comment appréhendez-vous et structurez-vous la fonction risque ? Bastien Nespoulous Le sens de mon métier d’administrateur territorial est de garantir un service public efficace et sécurisé, tout en pilotant les BASTIEN NESPOULOUS Questions à Bastien Nespoulous et Sylvain Faure \ 11
12 / ATOUT RISK MANAGER INTERVIEW « Notre fil rouge, c’est servir les Niçois et les habitants de la métropole avec une gestion maîtrisée et éclairée des risques. » risques inhérents à cette mission. Gérer les risques n’est pas une option : c’est un devoir fondamental qui repose sur trois enjeux majeurs : la continuité du service public, l’égalité des citoyens et l’accessibilité à la commande publique, en veillant à ce que les procédures soient transparentes et ouvertes à tous. Et enfin, la mutabilité, c'est-à-dire l’adaptation du service public aux nouvelles attentes de nos administrés et aux évolutions de la société. Je structure donc mon approche autour de principes-clés : l’intégrité des procédures, la conformité à la réglementation, la maîtrise des risques financiers et juridiques, ainsi que le respect des usagers et des agents publics. Ces piliers permettent d’ancrer la gestion des risques dans une dynamique proactive et rigoureuse. Sylvain Faure Notre fil rouge, c’est servir les Niçois et les habitants de la métropole avec une gestion maîtrisée et éclairée des risques. Avant la mise en place de la Direction de l’audit, l’action de l’IGS était principalement centrée sur des enquêtes administratives et des missions s’apparentant à du contrôle de gestion. Cette approche méritait d’être complétée pour prendre en compte les risques transverses de manière structurée, en distinguant bien les méthodes et les pratiques d’inspection et d’audit. La cartographie des risques a permis de combler cette lacune en offrant une vision globale et hiérarchisée des risques. Notre démarche est comparable à celle du secteur privé notamment du secteur « régulé » (banques, assurances) du fait des contraintes réglementaires. Ces contraintes sont massives pour le secteur public territorial et, dans un large mesure, très comparables. La loi Sapin 2 s’applique d’ailleurs au secteur privé et aux collectivités. Cela démontre que la gestion des risques, même dans la sphère publique, repose sur des standards en matière de méthodologie et d’exigence. Cette convergence est essentielle pour garantir la résilience, la transparence et l’efficience de nos actions, mais aussi la traçabilité du processus en vue des contrôles externes. La cartographie des risques reste-t-elle marginale dans le secteur public ? Sylvain Faure : Il est vrai que, contrairement aux grandes entreprises où la fonction de management des risques existe depuis plus de trente ans, les collectivités territoriales s’y sont intéressées plus récemment. Mais aujourd’hui, nous constatons un rattrapage réel. Le dernier benchmark réalisé par la Conférence des inspecteurs et auditeurs territoriaux, le Ciat, révèle que 50 % des directions de l’audit des régions, départements, métropoles et grandes communes ont déjà intégré une fonction de risk management. Il ne fait guère de doute que cette organisation se généralisera rapidement. Ce changement s’expl ique par deux dynamiques fortes : d’une part, les obligations réglementaires qui poussent les collectivités à renforcer leurs dispositifs de maîtrise des risques, et d’autre part, une pression sociale et sociétale de plus en plus marquée. Les usagers du service public attendent désormais un niveau de qualité, de transparence et de réactivité comparable à celles des clients des entreprises du secteur privé. La cartographie des risques est donc loin d’être marginale dans le public. Elle est en train de devenir un outil incontournable pour anticiper, piloter et maîtriser les risques, tout en répondant aux nouvelles attentes des citoyens et des élus. Quel conseil donneriez-vous à vos homologues qui n’ont pas encore franchi ce pas ? Bast ien Nespoulous : Osez prendre l’initiative ! Ne vous enfermez pas dans des dispositifs sédimentés ou hérités du passé. Il est essentiel de reconnaître que des « La loi Sapin 2 s’applique d’ailleurs au secteur privé et aux collectivités. » SYLVAIN FAURE Directeur général adjoint en charge de l’Inspection générale des services et audit de la ville de Nice et de la Métropole SYLVAIN FAURE De gauche à droite : Sylvain Faure et Bastien Nespoulous
N°43 I HIVER 2024-25 standards objectivés et modernes doivent être appliqués sans attendre qu’un contrôle extérieur ne vienne les imposer. L’article 15 de la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen nous rappelle notre responsabilité : « La société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration. » Nous avons pour mission de préserver le patrimoine public, de garantir une gestion rigoureuse et de servir l’intérêt général avec exemplarité. Cela passe par une capacité à anticiper, structurer les risques et inscrire nos actions dans une démarche de transparence et de responsabilité. De quel budget disposezvous pour assurer la couverture des risques ? Sylvain Faure : Dans le secteur public, la couverture financière du risque repose sur des provisions budgétaires spécifiques, notamment pour couvrir les risques liés à un contentieux administratif ou judiciaire. Mais aujourd’hui, notre principale inquiétude vient du de-risking pratiqué par les assureurs depuis environ dix-huit mois. Ils ont drastiquement réduit leur couverture, tout en élargissant le périmètre des franchises et en augmentant fortement les primes. En clair, tout est fait pour éviter d’assurer certains risques majeurs : le risque climatique, les biens immobiliers, les flottes automobiles et même la responsabilité civile des agents publics. Les assureurs justifient leur désengagement par la fréquence accrue des aléas naturels et par les dégâts générés par les émeutes urbaines. C'est un prétexte, la raison essentielle c'est une recherche d’optimisation de leur ratio de couverture (sinistres/primes). Résultat : nos risques se retrouvent aujourd’hui exposés, ce qui fragilise les collectivités. Les rapports publiés par le Sénat et sous l’égide de l’Association des maires de France (AMF) ont alerté sur ce phénomène général, un rapport très récent de la Chambre régionale des comptes (CRC) de Bourgogne FrancheComté présente une illustration régionale des causes et conséquences qui, à mon sens, s’appliquent à toutes les collectivités françaises. Elle relève par exemple que le montant des primes versées aux assureurs a doublé entre 2018 et 2024. Bastien Nespoulous C’est un scandale, et une spécificité française. Nos voisins allemands, par exemple, ne subissent pas le même traitement : les primes d’assurance qui leur sont appliquées sont nettement inférieures à celles imposées en France. Les assureurs français nous accusent de ne pas suffisamment connaître nos actifs. C’est un faux-fuyant ! Leur véritable préoccupation reste la rentabilité. Finalement, toutes les grandes villes subissent cette situation. Les réponses de l’AMF (le rapport sur les assurances des collectivités par exemple) restent insuffisantes. Nous sommes inquiets car la plupart de nos contrats arrivent prochainement à échéance, et nous risquons de nous retrouver dans une situation complexe si les assureurs persistent dans ce sens. Ce constat est partagé par la quasi-totalité des collectivités territoriales. Que préconisez-vous pour lutter contre le risk crunch ? Sylvain Faure Pour l’instant, il n’y a que des rapports publiés, mais ces travaux présentent des propositions qui pour la plupart relèvent des pouvoirs publics au niveau national, dont on attend à ce jour la réaction. Bastien Nespoulous Il est temps de passer de la parole aux actes. Nous subissons la double peine : d’un côté, le refus des assureurs de couvrir nos risques, et de l’autre, des contraintes budgétaires croissantes imposées par l’État qui nous obligeront, à terme, à couper dans des budgets essentiels. La solution doit être à la hauteur de l’enjeu. Nous avons besoin d’une contrainte réglementaire forte qui obligerait les compagnies d’assurances à faire leur métier d’assureur sans ostraciser les collectivités territoriales, qui sont un rouage essentiel du fonctionnement du pays. À défaut, il faudra envisager des solutions alternatives plus collectives, telles que la création d’une mutuelle assurantielle dédiée aux collectivités locales. Cela permettrait une reprise de contrôle par la sphère publique, dans une logique solidaire pour mutualiser les risques et maîtriser les coûts. La création d’une structure assurantielle publique, actant la carence de l’initiative privée, pourrait être une solution. À l’image de l’agence France Locale créée au moment de la crise financière qui avait fait craindre un credit crunch pour les collectivités territoriales. Il est urgent de se mobiliser, les simples constats sont insuffisants ! Propos recueillis par Julia Ansaldi « Le sens de mon métier d’administrateur territorial est de garantir un service public efficace et sécurisé, tout en pilotant les risques inhérents à cette mission. » BASTIEN NESPOULOUS Directeur général des services de la ville de Nice et de la Métropole Nice Côte d’Azur. Questions à Bastien Nespoulous et Sylvain Faure \ 13
14 / ATOUT RISK MANAGER INTERVIEW L’HUMAIN AU CŒUR DE TOUTES NOS ENTREPRISES C O U R T A G E . M M A POUR ACCOMPAGNER LE DÉVELOPPEMENT DES ENTREPRISES, VOUS POUVEZ COMPTER SUR MMA ROBUSTESSE. Deuxième assureur du marché des professionnels et entreprises en France, notre appartenance au groupe Covéa nous confère une des meilleures solidités financières du marché. PROXIMITÉ. À l’heure où de nombreux acteurs du monde de l’assurance centralisent leurs ressources, nous nous distinguons par notre maillage territorial en France et notre présence dans 150 pays à l’international pour accompagner les entreprises dans la gestion de leurs risques. CONFIANCE. Face à la complexité croissante des risques d’entreprise, nos équipes agissent en partenaires d’affaires. Elles tissent au quotidien une relation forte avec les courtiers et risk managers dans un esprit de responsabilité. MMA IARDAssurances Mutuelles, société d’assurancemutuelle à cotisations fixes, RCS LeMans 775 652 126. MMA IARD, SA au capital de 537 052 368 euros entièrement versé, RCS LeMans 440 048 882. Sièges sociaux : 160 rue Henri Champion - 72030 LeMans Cedex 9. Entreprises régies par le Code des Assurances - IDUREP Eco circulaire FR231780_03XLOT. Conception et réalisation : PajotMoney • Crédit photo : Getty Images.
ACTEURS EN VUE \ 15 N°43 I HIVER 2024-25 Ils ont rejoint l’Amrae Fin 2024 Kokou Arsène Akpata Analyste risques principal BCEAO Florence Ascher Directeur conformité risques audit interne Orano Group Martine Aubac Risk manager La Banque Postale Stéphane Baller Avocat Adlane Avocats Alexandre Beaumont Directeur grands comptes Belfor France Francois Besnard Expert incendie et preventionniste Ignicite Laëtitia Bonmartel Risk manager La Banque Postale Morgane Boucher VP general counsel and compliance officer France Bureau Veritas Services France Noëlle Burg Responsable assurances Orano Group Adrien Caprai Directeur général CNC Expertise Jean-Philippe Carbonel Group general counsel Exclusive Networks Damien Causse Expert associé Azaïs Expertises Sabrina Champion Corporate insurance & loss prevention manager Vallourec Marie-Christine Charvet Présidente M2Cec Hubert Chenut Président CNC Expertise Mathieu Chevannier Adjoint de l'audit interne MNH Aurélie Cotton Cheffe d’état-major de la sous-direction stratégie Agence Nationale de la Sécurite des Systèmes d'Information - ANSSI Abdou Charles Coulibaly Analyste risques principal BCEAO Guillaume Daoust Expert construction Nasca Expertise Annie Dateu Secrétaire générale CFAO Aurèle Dautun Chargée de mission risk management au pôle risques, contrôle interne et assurances (rca) RATPgroup Charles-Eric Delamare Deboutteville Avocat - Of counsel Gide Loyrette Nouel A.A.R.P.I Myriam Denden Insurance officer Equans Marianne de Vernejoul Auditrice interne CNRS Gaëtan de Villele Responsable du développement commercial & des partenariats strategiques Riskcare Jean-Marc Devouassoux Gérant expert Cabinet HDE Quentin de Wilde Responsable risques et assurances Kiloutou Brieuc du Halgouët Expert responsabilité civile risques industriels Halgouët Expertise Romain Dupeyre Avocat associé DWF France Frédérick Dupont Associé fondateur Co Audit Group Kamal El Abdouni Directeur développement et grands comptes Belfor France Yasmine El Mjiyad Responsable risk management & BCM Taqa Morocco Pascal Etain Maître de conférences Adlane Avocats Natacha Eusebe Chef de projet Gie Klesia ADP Olivier Faure Adjoint au directeur risques et contrôle interne Enedis Antoine Flautre Avocat - Collaborateur Gide Loyrette Nouel A.A.R.P.I Alexandre Gal Risk manager La Banque Postale Sandrine Gelly-Gasowski Responsable assurances BNP Paribas Timothee Gerios Responsable assurances groupe Carrefour Management Julien Gernigon Directeur général délégué OCIRP Yvan Gossay Directeur audit groupe CDC Habitat François Grinda Directeur général délégué OCIRP Rémi Grozdoff Manager assurance groupe (France & international) Emeis Géraldine Hamelin Expert contrôle export et résilience CNES - Centre d'études Spatiales de Toulouse Christophe Hista Risk manager La Banque Postale Bacem Jeribi Risk manager Tunis Re Madigbe Kaba Agent d'encadrement BCEAO Anaïs Lamme Responsable risques et assurances Alcatel Submarine Networks Guillaume Langlet Directeur risques et contrôle interne Enedis Damien Lanuza Responsable corporate risques & assurance Engie SA Marie-Pierre Lecour Chief financial officer Hannover Ruck SE Céline Lefort Directrice TPA Sedgwick France Nathalie Lejeune Responsable sinistres Assunet
ATOUT RISK MANAGER 16 / ACTEURS EN VUE Eloise Lelong Chargé de mission assurance RATP Ouassim Rochdi Lerari Contrôleur permanant Al Baraka Banking Group Julien Le Somptier Risk & insurance manager France MBDA France Cynthia Lopez-Rivera Head of insurance Africa Global Logistics Pierre Malabirade Risk manager La Banque Postale Adam Mele Analyste risques BCEAO Florence Merandon Directrice adjointe des assurances groupe Suez Environnement Company Ayoub Mouftakhir Analyste gestion des risques Taqa Morocco Albert Mukendi Kabuya Chief audit executive Rawsur Assurances David Munsch Responsable juridique france Eiffage Emmanuel Naudin Chief revenue officer Continuity Pedro Oliveira Responsable assurance & prévention Solvay SA Karine Picot Directrice management des risques et conformité lutte anti corruption Groupe La Poste Frédérique Pinier Guilloux Directrice juridique, M&A, strategic partnerships, risks and crisis management Bel Valérie Pirin Responsable assurances Assunet Marie Pivot Avocat Herbomez et Associés Willy Randrianasolo Avocat Nicolas Remy Business developper Senoee Audrey Roch Directrice commerciale Optimiso Group Amélie Rochais Avocate Adlane Avocats Noémie Rofé Responsable risques & assurances Club Mediterranée Sabrina Rostaing-Paris Risk manager La Banque Postale Erwan Sallic Directeur audit & partenariat Sagemcom Broadband SAS Thibault Senange Appui au pilotage de la DACIR Enedis Alain Sougnez Directeur SRS Management France Fanny Spinetta Responsable corporate risques & assurance Engie SA Jean-Hugues Stockmans Business continuity manager Ethias Hakan Strand Responsable controle interne & management des riques zone Europe Eramet SA Loïc Teche Avocat - Collaborateur Gide Loyrette Nouel A.A.R.P.I Florence Ubico Risk manager Thales LAS Jacques Valian Adjoint au directeur de la surveillance et de la prévention des risques BCEAO Alexandre Varga Responsable assurances et contentieux Apave Olivier Vial Directeur général NDBA Expertises Laure Waché Responsable de la continuité d'activité BGPN Groupe La Poste En vue Le risque dans les veines Lantonirina Andrianary succède à Viviane Labonne, ancienne déléguée générale du Club FrancoRisk, et visiblement, elle en a sous le pied. Chargée de mission pour la structure qui diffuse la culture du risk management dans les pays francophones, cofondatrice du cabinet de consulting Madarisk à Madagascar, elle a dirigé pendant quatre ans la compagnie d’assurances et de réassurance ARO, leader de l’assurance sur l’Île rouge. De multiples allers-retours professionnels entre Antananarivo et Paris, au gré des aléas de sa vie personnelle qu’elle dit gérer en pure risk manager, Lantonirina Andrianary, « Nirina » ou « Lanto » pour les proches, a décidé aujourd’hui « d’œuvrer en France pour la cause africaine, afin d’avoir du recul et donc, plus d’impact ». C’est le sens qu’elle donne à sa nouvelle mission au club FrancoRisk. À 48 ans, cette mère de deux adolescentes a la gestion de risques qui lui coule dans les veines. Diplômée de l’École supérieure des assurances (ESA), elle avait démarré chez M6 dans les années 2000 en tant que chargée du programme d’assurances du groupe audiovisuel. Pour enchaîner ensuite dans une structure dédiée aux risques spéciaux de Diot devenu Gras Savoye, avant de s’envoler en 2009 avec sa famille à Madagascar pour rejoindre l’antenne du cabinet de courtage français. Le projet n’aboutit pas, elle rejoint alors la compagnie d’assurances de l’île, ARO (où avait longtemps travaillé sa mère), comme chef du département aviation, incendie et risque divers, pour les grands comptes. Elle en deviendra la directrice générale quelques années plus tard « J’aime la pluridisciplinarité, je ne peux pas me cantonner à un seul sujet, je suis formatée pour ça », se décrit-elle. La voilà repartie quelques années plus tard pour Paris où elle intègre la société de conseil en assurance spécialisée dans les industries culturelles et créatives, Ovatio (racheté depuis par Aon). Puis, la « vadrouilleuse », comme elle se décrit aussi, retourne dans son pays d’origine où elle décide de créer Madarisk, avec deux associés. Un cabinet de conseil en gestion de risques sur une île-continent vulnérable, «mais où la culture du risque était inexistante ». Elle devient adhérente de l’Amrae et du Club FrancoRisk, rencontre l’équipe fondatrice dont Marc de Pommereau, actuel président du Club FrancoRisk, suit le programme ARM 54, prépare l’ARM 55 et 56 en vue d'une certification. Sur la feuille de route 2025 de la successeure de Viviane Labonne : créer une association malgache de risk management et œuvrer activement dans la diffusion de la culture du risk management. « Aujourd’hui, le secteur est prêt », affirme Lantonirina Andrianary, modèle de résilience.
ACTEURS EN VUE \ 17 N°43 I HIVER 2024-25
L’expertise des risques d’entreprises albingia.fr Assureur français spécialiste des risques d’entreprises, Albingia s’ implique depuis plus de 60 ans, aux côtés des courtiers, pour leur permettre d’apporter des solutions sur mesure à destination des entreprises. Aujourd’hui , Albingia affiche une solidité financière remarquable et se situe au cœur de l’un des rares groupes indépendants européens d’assurance de spécialités.
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