ATOUT RISK MANAGER N°34

ATOUT RISK MANAGER N°34 I AUTOMNE 2022 18 Dossier - Sur la ligne de crête État du marché de l’assurance 2022 et perspectives 2023 Sur la ligne de crête Dans le cadre de la publication par l’Amrae de son «État dumarché et perspectives des assurances des entreprises», Atout RiskManager est allé à la rencontre des six courtiers d’assurance qui ont contribué à cette étude annuelle, pour recueillir la température. Verdict : unmarché encore tendu sous la pression inflationniste et géopolitique, malgré l’accalmie de juillet et après les campagnes de remédiation passées. Le constat est là. Après son retournement brutal il y a trois ans, le marché semblait enfin s’être stabilisé. « Les renouvellements de l’été se sont faits à l’identique en valeur. Le marché est à l’étal, malgré des hausses de primes encore en RC et en cyber. Nous avons même vu quelques baisses endommages », résume Cyrille Brand, directeur commercial de Marsh France. Une situation plus sereine donc, qui s’explique par le fait que la plupart des remédiations ont été faites, avec des wordings revus pour supprimer les silent covers. « Des campagnes de remédiation ont eu lieu sur tous les contrats pour éviter notamment les pertes d’exploitation sans dommages. Les textes de police ont été toilettés et sont devenus un élément de souscription à part entière, au même titre que les primes ou les valeurs d’assurance », estime Frédéric Chaplain, directeur IARD de Verlingue. Cette stabilisation du marché constatée en juillet pourrait faire croire à une détente. « Les renouvellements de juillet nous ont laissés présager d’une fin d’année plus clémente, mais la combinaison de plusieurs facteurs de risques n’a pas permis de confirmer celle-ci et la campagnedes renouvellements pour le1er janvier 2023 s’annonce complexe », prévoit André Lavallée, deputy chief executive officer commercial Risk d’Aon France. « Après avoir réduit leur exposition aux risques lors des dernières campagnes de renouvellement et augmenter leur rentabilité, nous pouvions nous attendredelapartdesassureursàdesajustements à la marge sauf contexte particulier lié au dossier. C’était sans compter sur les contextes géopolitiques et macroéconomiques mouvants et le dérèglement climatique, qui vont venir changer la donne », confirme Mylène PoissonLebel, directricedudéveloppement commercial et de la stratégie de Diot-Siaci. Un contexte difficile De fait, l’été a été dramatique en termes de catastrophes naturelles : grêle en France (coût estimé : 7 Mds€), incendies de forêts en Europe et aux États-Unis, tempête Ian toujours outreAtlantique (coût estimé 50 Mds€), inondations puis sécheresse, qui a impacté durement les bâtiments, qu’ils soient d’habitation ou industriels... Sur le premier semestre 2022, soit avant les incendies et les épisodes de grêle, France Assureurs chiffre lemontant des sinistres graves (supérieurs à deux millions d'euros en France à 725 M€, contre 340 M€ en 2021 sur la même période. « Certains assureurs ont provisionné plus pour les épisodes de grêle du mois de mai et juin que pour la tempête Xynthia. C’est un risque qui s’envole, tant en fréquence qu’en intensité », constate Grégory Allard, président de Filhet-Allard. Et le contexte inflationniste qui renchérit le coût des sinistres, n’aide pas. Les lignes les plus touchées sont les risques longs (RC, construction, crédit et auto pour les sinistres corporels), les réassureurs demandant des augmentations liées à l’envolée des coûts (matières premières, coût de réparation automobile…). « On a vu poindre l’inflation dès septembre 2021. Mais depuis le conflit ukrainien, les assureurs cherchent comment s’adapter à une inflation à deux chiffres qu’ils n’ont pas connue depuis longtemps. Pour faire face à ce nouvel environnement, ils enjoignent les assurés à déclarer leurs capitaux dommages en tenant compte de l’inflation, certainsmenaçant même de réintroduire dans les contrats la règle proportionnelle de capitaux, une «Les clients industriels souffrent des effets de l’inflation des difficultés d’approvisionnement, des suites du covid en Chine et de la hausse de leur facture énergétique à la suite du conflit ukrainien. Ils ont certes besoin d’assureurs en bonne santé pour payer les sinistres et ont accepté le rattrapage technique opéré par le marché ces dernières années, mais il ne faudrait pas que l’inflation serve de prétexte à une nouvelle augmentation des primes. » Denis Bicheron, Head of P&C, Marine, Fac, Agri & international de WTW. 8 0 , b o u l eva r d H a u s sma n n 7 5 0 0 8 P a r i s SEPTEMBRE 2022

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