ATOUT RISK MANAGER N°32

ATOUT RISK MANAGER N°32 I PRINTEMPS 2022 51 Dossier - Prenons les risques d’un nouvel élan attendre la nouvelle directive européenne, l’analyse des risques RSE doit déjà faire face en France à des réglementations de plus en plus exigeantes, qui nécessitent de cartographier les risques en termes d’éthique des affaires, de sécurité des personnes, d’atteinte à l’environnement et aux droits humains (loi Sapin 2, devoir de vigilance…). En tant que Risk Manager, nous devons donc déjà adapter notre prisme et regarder au-delà des risques strictement financiers de l’entreprise ». Et d’ajouter : « Tous ces changements vont aboutir à une mutation du paradigme de la fonction ERM, qui va nous pousser à analyser les risques à l’échelle de l’entreprise étendue en prenant en compte tout son écosystème, sa supply chain et ses parties prenantes ». Cette double matérialité va l’amener à reconsidérer les risques pour les voir non pas comme des menaces mais aussi comme des opportunités, en prenant en compte tous les enjeux sociétaux et environnementaux sur lesquels l’entreprise peut avoir un impact positif. « La conséquence, c’est une convergence et une connexion accrue dans les entreprises entre équipes risques et équipes RSE », précise Stéphanie Rodier, en prenant l’exemple de son propre cas au sein de Limagrain. « Et cette convergence entre les équipes se retrouve en particulier lors de l’élaboration du reporting extra-financier », constate Philippe Noirot. Vers une intégration de l’extra financier dans la stratégie globale Et Xavier Ducurtil de dresser un petit historique. « La Déclaration de performance extrafinancière, basée sur l’identification des risques et l’étude de matérialité, a perduré jusqu’en 2019. Cette phase d’amorçage du reporting extra-financier a fait place à une phase de transition, dans laquelle nous sommes aujourd’hui, afin de prendre en compte de façon plus globale l’engagement sociétal d’une entreprise, grâce à un travail fait sur la normalisation et la pertinence des KPI du futur rapport durabilité ». Et d’expliquer : « Cette homogénéisation nécessaire des reportings, qui va s’accompagner d’un rapprochement entre comptabilité financière et extrafinancière, devrait aboutir à partir de 2024 à une intégration de l’extra-financier sur l’ensemble de la chaîne de valeurs. Nous rentrerons alors dans une nouvelle ère, caractérisée par des interconnexions concrètes entre données financières et extra-financières, la mise en place d’une comptabilité intégrée et l’obligation d’audit ». Pour Stéphanie Rodier, les enjeux pour les Risk Managers de cette évolution du reporting extra-financier sont nombreux. « L’approche par les risques, centrale, va se diffuser au sein de toute l’entreprise. L’ERM sera demain à la croisée des métiers : finance, conformité, éthique, audit, qualité, opérations, contrôle interne et bien sûr RSE ». Et de compléter : « La normalisation des reportings durabilité va aboutir à une vision unique des risques, grâce à des cartographies thématiques en cohérence avec la cartographie globale ERM. La communication externe sera alors alignée sur la communication interne. Le défi sur la gestion et la qualité des données est immense ». « Ces rapides évolutions devraientaboutirà lafusiondelacommunication financière et extra-financière dans un reporting intégré. Une nouvelle étape pour tous, dans laquelle le Risk Manager aura sa part à jouer », conclut Philippe Noirot. n «La pression sur les entreprises ne cesse de monter. Les questions RSE ne sont plus accessoires . » Xavier Ducurtil, Directeur de l’engagement sociétal du groupe Covéa «La rapidité avec laquelle les textes législatifs évoluent est impressionnante. Les Risk Managers sont au cœur de l’adaptation des entreprises à ce nouveau contexte. » Stéphanie Rodier, Group Risk Manager du groupe Limagrain LE CHIFFRE Les entreprises sont vues comme le 2e acteur après l’État ayant un rôle très important pour agir en faveur du développement durable. (Source : Étude Global Compact / Accenture).

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