ATOUT RISK MANAGER N°31

ATOUT RISK MANAGER N°31 I HIVER 2021-2022 8 Portrait UNE STRATÉGIE ASSURANTIELLE DE LONG TERME GAGNANTE Établissement public, la SGP n’est pas soumise à l’obligation d’assurance, elle pourrait s’assurer elle-même. Elle n’a pas fait ce choix. En 2017, elle a souscrit des garanties dommages et risques de construction sur des programmes de long terme, et sur un périmètre énorme. Elle ne peut que s’en féliciter car depuis, les prix ont flambé, la capacité a chuté, les franchises se sont envolées. « Accompagnés par Gras Savoye, nous avions lancé un appel d’offres et acheté des assurances à des prix défiant toute concurrence» , relate Xavier Plée. Les risques chantiers sont couverts par Axa XL, Scor et la Smabtp. Le risque environnement par Liberty, la décennale par Smabtp. «L’assurance cyber est un sujet d’avenir, on ne s’est pas encore assez posé la question, mais une récente panne sur notre serveur de données et l’incendie chez notre hébergeur OVH nous oblige à nous la poser aujourd’hui» . Quant à la gestion des tiers, les riverains, les élus locaux, «Le risque politique et d’image est trop fort, notre stratégie consiste à éteindre le feu : nous dépêchons sous 48 heures nos experts et ne laissons jamais traîner la moindre réclamation. Au besoin, nous payons nous-mêmes les expertises contradictoires. On agit, on apaise, on discute ensuite des responsabilités avec les parties prenantes» , décrit le directeur des risques. financier, aborder la maîtrise des risques par le contenu, pas par la fonction, mettre beaucoupde pédagogie dans la demande, surtout dans une entreprise étendue comme la nôtre (maîtrise d’ouvrage directe et déléguée, ndlr) , avoir des équipes capables de porter des risques non pas sur des courbes de simulation mais sur le terrain, en se nourrissant des retours d’expérience» , poursuit le directeur des risques, citant le projet Crossrail à Londres, une ligne qui connaît des affres comparables à ceux de la SGP. Il est attaché à la pédagogie de l’exemple. En 2019, la SGP est sommée par le gouvernement de faire un plan d’optimisation. Ire des élus, le calendrier s’allonge, des lignes sont retardées, le supermétro ne sera pas au rendez-vous des JO (lire l’encadrépage7). LaSGPpasseenmodebulldozer, recourt largement auxempruntsobligataires, 100% verts,ensurfantsurlestauxd’intérêthistoriquement bas. LeGrandParis Express devient financièrement et politiquement irréversible. Une gestion du risque longtemps à bas bruit «Mais la conscience de la fonction Risk Manager était encore inexistante» , selon Xavier Plée qui avait rejoint en 2020 la direction du risque, comme responsable assurance et fiscalité. « Depuis deux ans, la gouvernance de la SGP a affirmé sa volonté de se sophistiquer sur le sujet, elle s’est acculturée sur la gestion des risques» , observe-t-il. Xavier Plée a pris ses fonctions en mars 2021, au même moment que Jean- François Monteils, le nouveau président du directoire. Son prédécesseur, Thierry Dallard, troisième président en dix ans, a été brusquement remercié par le gouvernement. « Le risque gouvernance est très important compte tenu de notre système, nous faisons travailler les quatre gros BTPistes, ils se nourrissent de nos aléas et de nos retards » , décrit Xavier Plée. Dans les locaux du Moods, l’immeuble flambant neuf de la SGP, il n’est jamais bien loin des trois hommes aux commandes de l’établissement public, Jean-François Monteils, Bernard Cathelain et Frédéric Brédillot. Capteur des signaux faibles, Xavier Plée aime être dans l’antichambre du pouvoir pour éclairer la décision publique. Avec Christophe Mur, responsable du Risk Management, venu de la SNCF, et trois autres Risk Managers, dont une femme, il forme une équipe de compétition et tente d’évangéliser « les couleurs de béton». BIO EXPRESS Le Bac à 15 ans, hypokhâgne puis Science Po Rennes dans la foulée, prépa ENA, concours d’administrateur des services de l’Assemblée nationale, «Mon projet de vie, c’était la haute fonction publique» , résume Xavier Plée. Fils d’enseignants, une mère vendéenne, un père breton, il entre à 22 ans au secrétariat général de la présidence de l’Assemblée nationale, rejoint six ans plus tard la commission des Finances. De 2011 à 2014, il est rapporteur à la Cour des comptes, puis réintègre le palais Bourbon, à la commission des lois et dirige la commission d’enquête sur les attentats terroristes de 2015. Il anime la cellule de suivi permanente de l’état d’urgence. Il quitte définitivement la fonction publique parlementaire et part faire un tour du monde. Retour en France en 2017, il crée une société de conseil, la Société du Grand Paris lui passe commande, il finit par rejoindre l’établissement public en 2019. Il a succédé à Guillaume Lamy au printemps 2021 pour prendre les rênes de la direction Risques, Audit et Conformité.

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