ATOUT RISK MANAGER N°31

ATOUT RISK MANAGER N°31 I HIVER 2021-2022 23 Dossier - Risque climatique : les Risk Managers veulent être mieux armés qui n’ont pas les moyens des grands groupes. « Il s’agit d’un risque évolutif, qui est difficile à appréhender » reconnaît Isabelle Gout, Directrice Audit, Risques et Compliance de Labeyrie Fine Foods (lire interview page 26). Nombreux sont les gestionnaires de risques qui en sont encore aux prémices et commencent à peine à intégrer le risque climatique dans leur cartographie des risques majeurs. « Le risque climatique fait partie intégrante des attributions des Risk Managers en termes de coordination et de pilotage. Pour autant, jusqu’à peu, il n’était pas dans leurs priorités, loin derrière le risque cyber ou celui de la supply chain, les Risk Managers ayant parfois dumal à faire le lien entre risques naturels et risques opérationnels » déplore un expert en Risk Management, ancien industriel. « Le baromètre AMRAE/Axa Climate va accélérer leur prise de conscience sur l’importance de ce sujet, qui n’était peut-être pas au-dessus de la pile pour eux, mais qui va s’imposer dans leur agenda dans les prochaines années, voire les prochaines décennies (lire les résultats du Baromètre page 27) » estime Michel Josset, qui ajoute : « Si le risque climatique engendre de nouvelles responsabilités pour les Risk Managers, il génère aussi de nouvelles opportunités en termesdevisibilitéet d’échanges au sein de l’entreprise ». Parmi les fonctions avec lesquelles le Risk Manager va être amené à collaborer plus étroitement, les fonctions RSE (en charge des divers rapport relatifs à la responsabilité sociétale de l’entreprise et des risques associés, dont le risque climatiques). Neutralité carbone et le Responsable climat, s’il existe (fonctions qui commencent à apparaître dans les grands groupes), et bien sûr les achats, la supply chain, la logistique et le développement commercial… le risque en matière de continuité d’activité n’existant pas seulement dans l’entreprise mais aussi chez ses fournisseurs. « L’ensemble de ces personnes vont devenir des interlocuteurs naturels pour le Risk Manager. Cela va faire évoluer la fonction elle-même, la faire grandir. Le Risk Manager sera alors enmesure d’aider l’entreprise à réfléchir sur son empreinte environnementale et la façon dont elle se protège par rapport au risque climatique dans son positionnement stratégique » explique Thibaud Moulin. Compte tenu de sa place centrale dans l’organisation, le Risk Manager semble être ainsi le maillon idéal pour assurer la coordination et le pilotage des risques climatiques. « Indubitablement,lesengagements RSE vont faire émerger des nouveaux risques pour les entreprises. Les Risk Managers doivent s’inviter à la table de la RSE, en abordant par exemple ses implications sur les programmes d’assurance, enmodélisant les risques physiques et en identifiant les risques de non-atteinte des objectifs », confirme François Lanavère, Head of Business Development d'Axa Climate. Rassembler les données en interne Sur le plan méthodologique, les règles sont simples. Afin de bien appréhender le risque climatique, il est essentiel de commencer par réaliser un état des lieux en interne à la fois de l’impact carbone de toute sa chaîne de production, mais aussi de toutes ses expositions de manière exhaustive : localisation précise des implantations, valeurs des biens mobiliers et immobiliers, nature des structures et des bâtiments… « Certains Risk Managers ont déjà franchi cette étape et mettent à jour leur empreint carbone de manière dynamique pour disposer en permanence de données récentes». D’autres ont parfois un niveau de connaissance moindre. Les données existent en interne mais le défi consiste à les faire remonter et à pouvoir les exploiter » précise Thibaud Moulin. Des données sur le climat demoins enmoins fiables Une fois ce recensement des actifs effectué, il faut procéder à leur analyse à l’aune de données « Les entreprises sont amenées à faire des impasses de couverture et à moins se prémunir, car les dérives de primes représentent une contrainte qui n’est pas tenable. On assiste donc progressivement à la nécessité d’un retour à une gestion technique saine. » Michel Josset, Président de la Commission Prévention et Dommages aux biens de l’AMRAE ; Directeur Assurances, Prévention et Immobilier de Faurecia « Les Risk Managers doivent s’inviter à la table de la RSE, en abordant par exemple les implications sur les programmes d’assurance, en modélisant les risques physiques et en identifiant les risques de non-atteinte des objectifs. » François Lanavère, Head of Business Development d'Axa Climate.

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