ATOUT RISK MANAGER N°29

ATOUT RISK MANAGER N°29 I ÉTÉ 2021 68 NOS PARTENAIRES DOSSIER RÉDACTIONNEL COORDONNÉ ET RÉALISÉ PAR HANNIBAL+ POUR LE SERVICE COMMERCIAL DE LA FFE Vous avez conseillé à la société Lubrizol de mettre en place un fonds de solidarité suite à l’incendie du 26 septembre 2019. Pourquoi ? De mes 25 ans d’expérience, dans la gestion de crise, j’ai retenu la question que se pose tout dirigeant qui affronte une crise : comment garder ou reprendre le contrôle de mon entreprise ? Dans des affaires comme le Médiator, l’explosion AZF, ou autres, la justice prend plus de 10 ans à se prononcer. Pendant ce temps, ce sont coups de théâtre incessants et rumeurs. L’image, la confiance de ses clients, fournisseurs, investisseurs… sont mises à mal. L’entreprise ressemble à un navire pris dans la tempête ayant perdu ses repères et qui cherche son cap. Comment le fonds de solidarité permet-il de répondre à cette situation ? Il faut partir de la cause de la tourmente. Prenons l’exemple des agriculteurs dans l’affaire Lubrizol, leurs exploitations ont été arrêtées pendant plu- sieurs semaines. Ils étaient en difficulté. D’où une énorme colère. Que se serait-il passé s’ils avaient dû attendre la justice ? La solidarité démine cette situation. Elle permet d’attendre plus sereinement la décision de justice, en échappant au désordre. C’est aussi un outil pré- cieux de communication continue avec les nom- breuses parties prenantes (État, administration, organisations professionnelles, syndicats, tiers, instances juridiques, média...). Mais attention ! C’est un outil dont les conditions et les limites sont strictement encadrée afin de ne pas influer sur la détermination des responsabilités et préserver les recours dans les multiples procédures administrative, pénale, civile. Pilotage fin et dialogue sont deux maîtres mots de la gestion de crise. Le fonds de solidarité les facilite en installant la confiance, qui est fondamentale. Existe-t-il des pièges à éviter ? Le board de Lubrizol s’est décidé en 24 heures ! Vous connaissez les Américains : ils ont évalué les risques, les opportunités et ont été pragmatiques. Lepiègeest d’attendre les décisions administrative, pénale et juridique en laissant l’entreprise en prise permanente avec les tiers et les médias. J’en ai trop vu les effets dramatiques depuis 25 ans. Un fonds de solidarité, n’est-ce pas plaider coupable ? Qui peut servir cette idée ? L’accepter serait une atteinte mortelle à l’aide aux victimes. Les résultats obtenus sur Rouen parlent d’eux- mêmes : les instances agricoles représentées par le FMSE (fonds de mutualisation du risque sanitaire et environnemental) ont immédiatement compris l’intérêt du fonds de solidarité. La régularisation rapide des versements d’aide a permis d’instruire 95 % des dossiers en 8 mois. C’est un exemple concret de résilience d’une profession suite à une crise ! De même, la Préfecture et les CCI ont été des acteurs importants de l’aide apportée aux commerçants de Rouen par ce fonds. Ils ont facilité une résolution de 90 % des demandes en 6 mois. Le fonds de solidarité repose sur la puissance du collectif. Il sert un système complexe en apportant quasi instantanément une aide décisive. N’est-ce pas la leçon du COVID ? Où en serait notre pays sans fonds de solidarité ? Et c’est une tendance forte. C’est l’article 1833 du Code Civil, la nouvelle responsabilité sociétale des entreprises, que la société Lubrizol a mis en application à Rouen. Depuis 5 ans, la signature de notre marque Advance by SARETEC est « le risque est une opportunité ». Fonds de solidarité, formation aux gestes qui sauvent en cas de sinistre, audit de portefeuille sinistres. nous abordons le risque avec un regard nouveau. Et il semble que nous fassions école : la gestion de crise à Rouen est étudiée par des chercheurs ! SARETEC LA GESTION DE CRISE PAR FONDS DE SOLIDARITÉ : RIDI- CULE, DANGEREUX OU ÉVIDENT ? RETOUR D’EXPÉRIENCE SUR LA CRISE MAJEURE À ROUEN Dominique Delmas, directeur du développement Entreprises et Collectivités au sein de SARETEC France, nous en dit plus sur la gestion de crise par fonds de solidarité. Explications. Dominique Delmas, Directeur du développement Entreprises et Collectivités

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