ATOUT RISK MANAGER N°26

ATOUT RISK MANAGER N°26 I AUTOMNE 2020 11 Portrait 4 QUESTIONS à Carlos Antonio Pedreira Freire, Directeur juridique et fiscal d’Auchan Retail Dans une entreprise familiale et patrimoniale, quel rôle doit occuper la gestion des risques? Elle joue un rôle essentiel pour préserver les trois piliers de l’entreprise : son capital, ses actionnaires (dont ses propres collaborateurs), et ses dirigeants. Chaque année, la Direction Finance et Performance qui regroupe le binôme Risk Manager-Directrice des assurances présente au Comité d’Investissements et Engagement les nouveaux risques de l’entreprise et la façon de les assurer. L’objectif es t de ga r an t i r l a pé renn i t é de l’entreprise familiale qui ne cherche pas de la création de valeur à court terme. L’appréhension des risques, les concepts d’assurances et de prévention son t appa r u s p rog re s s i vemen t , en parallèle de la croissance de l’entreprise. Et les changements réglementaires en France depuis mon arrivée chez Auchan Retail en 2017 ont donné une impulsion à la sécurisation du risque. Par ailleurs, de nouveaux risques sont apparus avec la transformation digitale, le e-commerce, la gestion des données. Notre police cyber est en place depuis 2015 mais nous avons fortement augmenté les garanties en 2017  Voyez-vous grandir l’appétence au risque ? L’entreprise Auchan R e t a i l f a i t - e l l e d a v a n t a g e de rétention du risque ou le transfère-t-elle au maximum au marché de l’assurance? Notre principal objectif est de nous assurer que le risque ne se concrétise jamais, on investit donc fortement en prévention des risques. Et le résiduel, on le transfère au marché ou on le couvre dans notre captive. Qu’attendez-vous du marché de l’assurance? Le monde est de plus en plus volatil, imprévu. Le Brexit, les Gilets jaunes, la pandémie de la Covid-19… Autant d’événements qui provoquent des pertes d’exploitation énormes. Auchan réalise deux types d’activité – retail et immobilier commercial-, qui ne sont pas touchées de la même manière. Nous avions intégré le risque Pertes d’exploitation sans dommage (PESD) dans notre captive, mais elle ne peut pas tout absorber, on n’y couvre pas des centaines de millions d’euros Nous pensons qu’il faut transférer la charge à un tiers : les assureurs pour notre activité retail et les preneurs dans le cas de Ceetrus. Aujourd’hui, le marché de l’assurance ne propose rien. La capacité d’absorption des PESD, même pour Auchan Retail n’est pas infinie. Nous menons des réflexions, mais le marché de l’assurance doit aussi se poser des questions pour accompagner ses clients. Sur trois axes : une tarification cohérente avec les capacités de l’entreprise et les risques, l’évolution des garanties, et la gestion de l’imprévu. Le marché doit être plus agile et plus réactif. Ce n’est pas un reproche, mais un défi que je lance aux assureurs. Quelles bonnes pratiques avez- vous importé d’Espagne ? Dernièrement ? j’ai surtout beaucoup travaillé en Asie, où la culture assurance est plus faible qu’en Europe. Entre la France et l’Espagne, les marchés de l’assurance se ressemblent même s’il y a plus de processus de l’autre côté des Pyrénées. D’Espagne, j’ai importé la notion de transversalité entre le risque et l’assurance, car c’est un sujet transversal dans l’entreprise et il est traité comme tel par notre comité investissement. Il y a un intérêt grandissant de la part de nos dirigeants pour la gestion du risque et son assurance. « Nous menons des réflexions, mais le marché de l’assurance doit aussi se poser des questions pour accompagner ses clients. Sur trois axes : une tarification cohérente avec les capacités de l’entreprise et les risques, l’évolution des garanties, et la gestion de l’imprévu. » Pour Carlos Antoine Pedreira Freire, la gestion des risques «préserve les trois piliers de l’entreprise Auchan».

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