ATOUT RISK MANAGER N°24

ATOUT RISK MANAGER N°24 I PRINTEMPS 2020 80 VEILLE ET POSITION «  L’assurance PE) a des niveaux de prime dissuasifs : une exposition de l’ordre de vingt millions d’euros - qui peut sembler ridicule à l’aune de la crise actuelle - générerait une prime de l’ordre de trois ou quatre millions. » Frédéric Durot, directeur du département Dommages de Siaci Saint-Honoré À ce jour, les solutions proposées relèvent davantage, aux yeux de Frédéric Durot, «du lissage de résultats ou de l’autoassurance que de l’assurance proprement dite. » Au regard des risques induits et du manque de données robustes, les garanties pertes d’exploitation sans dommages sont en effet extrêmement restrictives et elles excluent systématiquement les risques sanitaires. «Elles peuvent l’inclure, concède Frédéric Durot. Mais (L’assurance PE) a des niveaux de prime dissuasifs : une exposition de l’ordre de vingt millions d’euros - qui peut sembler ridicule à l’aune de la crise actuelle - générerait une prime de l’ordre de trois ou quatre millions.» Le jeuen vaut-il vraiment la chandelle? «LES ASSUREURS ONT PEUR D’Y ALLER» Initialement destinées aux entreprises industrielles, les garanties perte d’exploitation sans dommages intéressent aussi les activités de services. Notamment depuis les épisodes de manifestations et de violences politiques qui ont émaillé les années 2018-2019 au Chili, au Liban, à Hongkong, en Colombie et en France : les manifestations des Gilets jaunes, avec fermeture administrative de certains quartiers tous les samedis, ont fortement pénalisé les commerces et la restauration. «Pourtant réputés pessimistes, les assureurs n’avaientpasanticipélecoûtdecesmanifestations à la fois intenses, récurrentes et omniprésentes en France, explique Frédéric Lavieille, directeur technique Professionnels, Agricole et Entreprises chez Allianz France. P our les commerces et les restaurants, les sinistres ont été proches du risque tempête. Mais sans possibilité de mutualisation.» Alors que toutes les conditions sont réunies pour que le marché explose, la crise du coronavirus montre les limites du modèle assurantiel des garanties perte d’exploitation sans dommage. «Il y a bien un marché, mais les assureurs ont peur d’y aller, explique Michel Josset. Il est trop difficile de quantifier les pertes de chiffre d’affaires et demarges.» L’entrée dans le stade 3 du plan de lutte contre Covid-19, décidé au soir du 14 mars devrait être dissuasif : la fermeture durant plusieurs semaines de tous les «lieux recevant du public non indispensable à la vie du pays» , selon les termes du Premier ministre Edouard Philippe, va générer des pertes d’exploitation considérables aux commerces non alimentaires, aux cafés, hôtels et restaurants, aux cinémas et autres activités de loisirs… «LA FÊTE EST FINIE» Aux entreprises de trouver de nouvelles solutions pour sécuriser leur supply chain : «La fête est finie! sourit Michel Josset. Désormais, les garanties de carence de fournisseur ne seront accordées qu’aux entreprises ayant une visibilité réelle sur leurs fournisseurs. Et pas seulement ceux de rang 1.» Il faudra donc géolocaliser précisément leurs sites de production (et pas seulement le siège ou le site de facturation) afin d’identifier les risques auxquels ils sont exposés : zones inondables ou sismiques, mesures de prévention contre les incendies… «Les RiskManagers vont devoir travailler avec les acheteurs : les sensibiliser à lamaîtrisedes risques en leur expliquant, par exemple, qu’il est impossible de travailler avec un fournisseur dont les sites de production ne sont pas convenablement sprinklés, explique Michel Josset. Cette crise nousmontre que nous devons mettre davantage de prévention des risques dans la supply chain,» Quant aux assureurs, ils explorent également denouvellespistes.Lesgarantiesparamétriques notamment : «Il en existe déjà pour couvrir certains risques climatiques ou d’épizootie, observe Frédéric Durot. Celame semble être une bonne option car les besoins sont colossaux! Mais le risque de pandémie pose encore un vrai problème de modélisation. » De fait, les Pandemic Bonds (ou PEF, Pandemic Emergency Financing Facility) lancés en 2017 par la Banque mondiale pour surmonter la crise d’Ebola, ont très vite montré leurs limites. NOUVEAU MONDE Cette crise confirme «qu’il faut est nécessaire de mettre une couche de gestion des risques à tous les niveaux de l’entreprise» ,

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