ATOUT RISK MANAGER N°23

ATOUT RISK MANAGER N°23 I HIVER 2019 71 ACTUALITÉ DE L’AMRAE - PUBLICATIONS En 2018, le marché restait compétitif en France, malgré une sinistralité importante enregistrée chez un grand nombre d’acteurs du marché. Cette année le ton est clairement différent. Les assureurs durcissent leurs conditions de renouvellement sur toutes les lignes, à de rares exceptions, comme, notamment, dans les branches de Responsabilité Civile» énonçait Léopold Larios de Piña, pilote de l’observatoire des Primes et des Assurances de l’AMRAE, VP en charged’AMRAEFormationet Headof GroupRisk Mangement de Mazars, dans son introduction. Pour autant, la différence notable avec le retournement de 2001, qui affectait « en râteau» tous les comptes (sous le désormais fameux vocable  «augmentation presse bouton» , qui semblait signifier sans discernement), souligne que le retournement de 2019-2020 semble, quant à lui, s’opérer de manière ciblée. Les assureurs redressent les comptes sinistrés, redonnent de la rentabilité aux lignes, ou décident de sortir de certaines branches qu’ils jugent trop risquées. LE CHANGEMENT Pour la première fois depuis 2001, le marché de l’Assurance connaît une hausse systématique des tarifs, le plus souvent accompagnée de baisse de la capacité des assureurs et des réassureurs. Seules les lignes longues liées à la Responsabilité Civile ne suivent pas, à ce stade, cette tendance. Mais jusqu’à quand? Toutes les autres lignes ont entamé leur redressement. L’équation du transfert de risque, à isobudget, s’annonceplus difficileque jamais pour les assurés qui devront sans doute accepter de revoir leurs rétentions sous forme de franchises augmentées, ou de rétentions plus importantes pour limiter les baisses de primes. Pour 2020, il vaudra mieux prévoir des rétentions plus importantes et/ou un budget en hausse de 5 à 20%, sans quoi la quantitéde risques transférés au marché de l’Assurance et de la Réassurance sera réduite ; les entreprises porteront alors plus de risques. Ce constat concernant le marché français se retrouve également chez nos voisins européens, nous assistons à un véritable changement de marché, nous rentrons a minima dans un marché plus sélectif, voire dans un «hard market» . Est-ceunproblème?C’est sansdoute la traduction économique d’un marché de l’Assurance et de la Réassurance dont les paradigmes ont été modifiés depuis près de vingt ans. La disparition des revenus financiers oblige les acteurs à revenir à un équilibre technique des risques. Or les ratios combinés de sinistralités dépassent les 95% chez la majorité des acteurs de l’Assurance et de laRéassurance.Depuisplusieurs années l’équation devient intenable à iso prix /isopérimètre. Pour cette raison, ce changement de marché s’explique. Nous l’avions d’ailleurs annoncé «en marche» dans la version 2018. LES INCERTITUDES / LES OPPORTUNITÉS Pour les professionnels de la gestion des risques, ce changement de marché signifie que les assureurs deviennent plus sélectifs. Ils prennent de la distance avec les comptes structurellement déficitaires. Les prochains mois permettront-ils de donner la part belle aux investissements dans la prévention, dans la gestion active des risques? Cette nouvelle campagne s’annonce donc ferme, voiremême «sportive» . Ces conditions demarché rappelleront à la fois l’importance du courtage, mais aussi devraient permettre aux assureurs de retrouver un équilibre technique. Sans cela, le phénomène de raréfaction de la capacité se prolongera. Un autre enjeu s’avère d’importance pour nos partenaires du marché de l’Assurance et de la Réassurance : ne pas laisser aux Risk Managers le goût amer de l’effet d’aubaine lors du «hard market» de 2001. Les entreprises se souviennent de cette période. Pendant près de deux décennies, elles n’ont eu aucun remords à obtenir des baisses, tant la cicatrisation était lente…Oui, le RiskManagement, c’est réunir les conditions pour gérer efficacement le risque, via la prévention, via les expertises préalables, permettant in fine de transférer «un risque maîtrisé» au marché de l’Assurance et de la Réassurance. Pour cela, nous avons besoin d’un écosystème qui doit apprendre à construire dans la durée, permettant à chaque partie prenante : courtier, assureur, réassureur, expert, entreprise assurée de réunir les compétences nécessaires, d’investir dans l’innovation et de réaliser des profits.» n « HARDMARKET IS REAL » : LE RETOURNEMENT DUMARCHÉ D’ASSURANCE IARD ESTDÉSORMAIS RÉALITÉ Léopold Larios de Piña, pilote de l’Observatoire des Primes et des Assurances de l’AMRAE «

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