ATOUT RISK MANAGER N°23

ATOUT RISK MANAGER N°23 I HIVER 2019 51 ACTUALITÉ DE L’AMRAE - EN LÉGER DIFFÉRÉ devient le sherpa du Comex, l’entreprise doit allouer du capital au Risk Management, et c’est un budget très significatif » a prévenu en introduction Brigitte Bouquot, Présidente de l’AMRAE et Directrice des sociétés d’assurance du groupe Thales. «La responsabilité sociale de l’entreprise ne doit pas uniquement se décréter : pour être résiliente face aux nouveaux risques qui s’accélèrent et assumer sa mission, il faut y investir du capital, y allouer des ressources. Aujourd’hui, une entreprise ne devrait plus recevoir d’injonctions contradictoires entre profit et résilience de la part de ses actionnaires » , a-t-elle poursuivi, appelant à rémunérer le risque social et environnemental en lui donnant une valeur dans le WACC (Weighted Average Capital Cost) , le coût pondéré du capital. Sur ce point, l’approche des Milleniums, ces jeunes talents dont ont besoin les entreprises du Cac 40 et les autres, devrait les aider à sortir du « déni du risque climatique » , juge Brigitte Bouquot. Un discours aux accents Frédéric Durot, Directeur du département Dommages de Siaci Saint-Honoré Anne Piot d’Abzac, Secrétaire générale de l’AMRAE, VP Chief Risk Officer du groupe pharmaceutique Ipsen Pharma et Gérard Payen, administrateur de l’AMRAE, VP Chief Risk Officer de Renault BREXIT, GILETS JAUNES : CAPTER LESNOUVEAUXTYPESDE RISQUES Multiplier les signaux faibles. «Aussi énorme est-il, pas sûr que lemouvement des Gilets jaunes soit si nouveau que ça. Ce qui l’est, c’est la forme perlée des manifestations, mais les risques sociaux, la France les connait bien, rappelons les grèves de 1995» , estime Frédéric Durot, Directeur du département Dommages chez Siaci Saint-Honoré. Pour le représentant du cabinet de conseil et de courtage en assurance, tout l’enjeu aujourd’hui est de travailler sur la donnée, se pencher sur l’écosystème de l’entreprise, transformer la veille avec de l’intelligence économique. «Le risque est de multiplier les signaux faibles et de créer de l’engorgement, mais se préparer sur un signal faible permet de réduire la probabilité de survenance du risque» , estime le consultant. Avoir approximativement raison, ou sûrement tort ? «Pour nous, le Brexit, c’est fini » . Les Britanniques vont depuis les élections du 12 décembre 2019 pouvoir en dire autant, mais pour Anne Piot d’Abzac, les scénarios - Brexit dur ou Brexit mou, deal, no deal – avaient été anticipés depuis longtemps chez Ipsen Pharma qui, par son activité, nourrit un certain appétit du risque. «Nous étions prêts et sereins pour une sortie en mars 2019. Même avec un médicament majeur - en neurologie - fabriqué exclusivement en Angleterre» , assure la VP Chief Risk Officer du groupe pharmaceutique Ipsen Pharma et Secrétaire générale de l’AMRAE. Ipsen le sera d’autant plus le 31 janvier 2020. «Nous avons raisonné par scénarios, du pire au plus réaliste, y avons associé les actions requises et quantifié les impacts pour les patients et financiers. Je pense qu’avec la mégadonnée et l’intelligence artificielle, nous pourrons faire desmodélisations plus fiables, mais le RiskManagement a plus pour objet d’identifier les bonnes tendances qu’à être une science exacte et personnellement, je préfère avoir vaguement raison, que sûrement tort» , appuie Anne Piot d’Abzac. Dans l’automobile, un Brexit chaotique porterait un coup sévère aux chaînes d’approvisionnement. «L’industrie automobile est très concernée, la Grande-Bretagne est un pays producteur de voitures mais aussi et un équipementier, le risque c’est l’effet domino dans la chaîne d’approvisionnement, et il plane une incertitude dont tous les constructeurs n’ont pas les moyens de se protéger» , résume Gérard Payen, VP Chief Risk Officer de Renault et Administrateur de l’AMRAE.

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