ATOUT RISK MANAGER N°22

ATOUT RISK MANAGER N°22 I AUTOMNE 2019 41 Le produit n’est pas valorisé, or tant que les assureurs n’ont pas le bon prix, ils ne peuvent pas délivrer le bon niveau d’étendue des garanties pour couvrir les vrais risques. Seul 10% des entreprises japonaises ont souscrit la garantie pertes d’exploitation, un produit basique en Europe ! Ils pensent que c’est trop cher, ne voient pas l’intérêt. Et comme le Japon ne permet pas aux assureurs internationaux de vendre en direct, cela passe par les trois assureurs nationaux, Tokio Marine, Sompo et MSIG. Autre écueil, nos membres ne sont pas assez professionnels et élevés dans la hiérarchie de leur entreprise pour convaincre en interne du besoin d’acheter plus d’assurance. Quant au marché du courtage, il raisonne sur le plus petit dénominateur commun : à client basique, produit basique, la seule différence se joue sur le prix, pas sur le produit. Enfin, les assureurs qui veulent vendre des produits sophistiqués ne connaissent pas bien le marché asiatique, leurs experts restent dans leur siège européen ou américain… À quelques exceptions près, la majorité des entreprises d’une certaine taille qui ont une exposition importante aux risques vont faire leur marché en Europe, à Londres principalement. L’affaire Nissan Renault : un cas d’école en matière de management interculturel ? Je me souviens d’une séance mémorable lors d’une conférence Parima il y a trois ans à Singapour, lorsque nous avons fait intervenir le britannique Michael Woodford, ancien Pdg d’Olympus, licencié pour «méthodes de travail inadaptées ». Premier européen à avoir dirigé une entreprise japonaise, il avait révélé de graves malversations financières dissimulées et couvertes par l’entreprise. Son intervention à Singapour a porté sur les difficultés des groupes industriels de cultures différentes à vivre ensemble, et sur la ‘coopétition’, contraction de coopération et de compétition. Aujourd’hui, les entreprises se disent qu’elles n’ont pas besoin d’avoir toutes les expertises en interne mais doivent développer des partenariats. Pour cela, il faut s’entendre sur la façon de travailler ensemble. Nous envisageons un remake au Japon ! Existe-t-il des risques plus importants que d’autres selon les bassins géographiques ? L’Asie est la zone géographique la plus touchée par le risque de catastrophes naturelles. Des typhons et des ouragans aux Philippines, des tremblements de terre au Japon, c’est un sujet commun à tous les pays de la région. Seul Singapour est immunisée. Le sujet cyber, technologies de l’information, protection des données est partagé, d’autant plus que la plupart des pays se sont dotés de leur propre règlement général sur la protection des données. Le risque réputationnel n’en est pas encore vraiment un en Asie, la réputation est un luxe que l’on se paie quand on est déjà devenu mûr et très riche ! On n’en est pas encore là, la plupart des pays reste sur des sujets très concrets comme le risque cyber, les catastrophes naturelles et les risques liés aux instabilités géopolitiques dont Hong Kong est l’exemple aujourd’hui. Face à la situation politique à Hong Kong*, comment Parima se mobilise-t-elle pour ses entreprises membres ? Pour l’instant c’est wait and see , avec tout de même de la gestion de crise immédiate face au problème sécuritaire. Mais si le Gouvernement envoie l’armée, la donne changera. Le modèle « un pays, 2 systèmes » est très clairement en danger. n * Interview réalisée à la fin de l’été 2019 BIO EXPRESS Arrivé en Asie en 2011 pour rejoindre International SOS, «une entreprise entrepreneuriale avec un accès direct aux décideurs», et monter un département Gestion des risques à sa mesure, Franck Baron, 52 ans, est un globe-trotter dans l’âme. La Suisse où il a dirigé le département Assurance et risk management du créateur de fragrances Firmenich, les États-Unis pour le groupe agroalimentaire Mars, l’Angleterre chez les courtiers Marsh et Aon, en charge des marchés Europe, Afrique et Moyen-Orient chez Danone, «l’expatriation n’a jamais été un problème pour moi et ma famille» , commente le Bordelais d’origine. Diplômé de l’Institut d’études politiques de Bordeaux en 1989, il a peaufiné sa formation avec un Master à l’Institut de Management des Risques (IMR) en 1991 puis tout au long de sa carrière, à l’Insurance Institute of America en 1995 et à l’Insead en 2017. Cofondateur et Président de Parima, Franck Baron a été Vice-président de FERMA et de l’AMRAE, responsable de la Commission Formation. Il a reçu le prix du Risk Manager de l’année en 2007 et son équivalent en Asie en 2014. Les chiens ne faisant pas des chats, sa fille aînée termine son Master de Management des risques à l’IMR de Bordeaux. ORGANIGRAMME PARIMA • 6 membres permanents, dont le Président, basés à Singapour, Hong Kong et aux Philippines. • 24 administrateurs pour 19 pays membres, 2 100 membres , près de 1 200 entre- prises. • Comité exécutif : 4 MÉTIER RISK MANAGER - RÉSEAU INTERNATIONAL

RkJQdWJsaXNoZXIy NjQyNDQw