ATOUT RISK MANAGER N°21

ATOUT RISK MANAGER N°21 I ÉTÉ 2019 32 MÉTIER RISK MANAGER - À L'INTERNATIONAL Dans les grandes écoles et les universités de taillemoyenne, il y a généralement une personne qui endosse le rôle de Risk Manager, en plus de ses autres fonctions. Cela peut être le ou la responsable des ressources humaines ou des finances, également en charge du programme assurantiel, ou bien le responsable des services généraux, en charge de la sécurité. Certaines universités et grandes écoles externalisent une partie de leurs risques, mais à ma connaissance, c’est assez rare. Trouvez-vous facile de sensibiliser les enseignants, les étudiants, les donateurs à la culture du risque? Je dirais que de façon générale, dans l’ensei- gnement supérieur, c’est toujours difficile d’instaurer une culture commune, quelle qu’elle soit : culture du risque ou autre. Cela dit, le secteur a fait des progrès pour diffuser la notion de risque dans la culture universitaire et a tiré les enseignements de la professionnalisation du métier dans le monde de l’entreprise. L’enseignement supérieur a pris le train du Risk Management en retard mais de nombreux établissements mettent maintenant en place des dispositifs de gestion des risques dignes de ce nom. Je pense sincèrement qu’aujourd’hui, nous prenons des décisions plus éclairées en matière de risque. Les parties prenantes – corps enseignants, étudiants et donateurs –, sont plus sensibles et plus au fait du sujet. Même si le milieu académique est très attaché à son indépendance et est un peu phobique sur le plan administratif, il a conscience qu’il existe de grandes familles de risques, et il souhaite faire ce qu’il y a de mieux pour l’institution. Les étudiants ? Par nature, ils poussent le niveau du risque, ils sont dans leur rôle. Les occasions ne manquent pas pour que mes équipes travaillent de trèsprès aveceuxet, généralement, ils comprennent les enjeux de notre mission, pourquoi nous sommes si attachés à la pré- vention. Certains groupes d’étudiants l’ont d’ailleurs tellement bien compris qu’ils ont mis en place des programmes de gestion du risque pour leurs événements et leurs activités. Quant aux donateurs, ils ont une tolérance zéro au risque : ils ne peuvent donc qu’être alignés avec nos préceptes et nos actions ! Northwestern figure dans le top 10 des universités aux États-Unis : le risque réputationnel est élevé au rang des priorités. Quels sont les points de vigilance du Risk Manager ? Nous avons construit notre réputation au fil de longues décennies, mais il est vrai que nous pourrions la perdre en un instant. Cela dit, je garde toujours en tête ces quelques principes : • ne nous concentrons pas seulement sur le risque de réputation négatif, nos succès prennent vite l’avantage en termes de réputation ; • on ne peut pas éviter un problème, il faut être transparent, mais tout faire pour qu’il ne se s’aggrave pas. Il faut gérer les problèmes dès le départ et ne pas les cacher sous le tapis ; • Le Risk Manager doit entretenir une bonne et étroite relation avec la direction de la communication, puisqu’au final, nous serons jugés sur la façon dont nous avons géré et communiqué pendant le scénario de crise. Concrètement, qu’est-ce que le risque cyber à l’université de Northwestern, et dans les universités en général ? Comme dans toute autre industrie, la protection des données et les enjeux de confidentialité représentent un vrai risque. À l’université de Northwestern, notre unique défi est de trouver le bon équilibre entre ouverture et collaboration d’une part, contrôle et sécurité des données de l’autre. La fierté de notre université dans le domaine de la recherche interdisciplinaire – échanges avec d’autres écoles, d’autres dépar- tements, d’autres unités – stimule la recherche. Nous ne pouvons pas vivre en vase clos, dans un système verrouillé. Nous avons orienté nos efforts sur la classification des données et sur des process de contrôles puissants pour «  Une université, c’est comme une petite ville dont il faut gérer une multitude de risques. »

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