ATOUT RISK MANAGER N°20

ATOUT RISK MANAGER N°20 I PRINTEMPS 2019 9 PORTRAIT 3 QUESTIONS à Jean-Marc Kiviatkowski, Directeur général adjoint du groupe Bouygues Construction, en charge des affaires juridiques, des assurances, de l’audit, du contrôle interne, de la conformité. Pourquoi une fonction juridique et assurance centralisée ? Nous évoluons dans des environnements techniques, réglementaires, climatiques très différents ; pour autant, la gestion de nos risques et leur transfert financier au marché de l’assurance restent pilotés de façon centrale chez Bouygues Construction. Ce pilotage revêt une dimension stratégique et nos programmes d’assurance suivent logiquement les évolutions des métiers de la construction avec, par exemple, des enjeux de plus en plus importants dans le domaine de l’ingénierie, de la conception et avec des réflexions (notamment en bâtiment) davantage orienté vers les usages et une activité d’entrepreneur qui se poursuit au-delà de la livraison avec les prestations d’opération et de maintenance des objets construits. Quels sont vos sujets clés ? La gestion du risque est consubstantielle au métier d’entrepreneur. Au cours des dernières années, nous sommes passés d’une culture intuitive du risque à une approche plus aboutie, plus méthodologique de la gestion du risque. Comme de nombreux opérateurs globaux mondialisés, nous établissons une cartographie de nos principaux risques avec des plans d’action pour mieux les gérer, le transfert financier de certains de ces risques au marché de l’assurance étant une des options. Nous travaillons également à des plans d’actions internes destinés à mieux maîtriser le risque grand projet afin de prévenir et éviter les dérives de planning et les dérives budgétaires qui peuvent être très impactants dans les projets de grande taille. Par ailleurs, la plupart des législateurs imposent aux grandes entreprises des politiques d’auto-régulation, c’est ainsi, par exemple, que la législation française sur le devoir de vigilance nous a conduit à systématiser nos réflexions sur les risques dans les domaines des droits humains fondamentaux, de la santé sécurité au travail ou encore de la protection de l’environnement, avec la mise en place de plans d’action dans chacun de ces domaines. La loi Sapin 2 a donné lieu au même type de démarche dans le domaine de la conformité sous tous ces aspects notamment, la lutte contre la corruption. Ce cadre législatif nous a conduits à mettre en œuvre des moyens supplémentaires permettant de mieux gérer ce type de risque potentiellement très péjoratif en termes d’image et de réputation. Nous avons revisité les processus de cartographie pour nous aligner, à la demande du groupe, sur les standards de l’AMF et être en phase avec les demandes de l’AFA dans les dispositifs Sapin 2. Nous avons déployé cette cartographie spécifique par pays. Ainsi, ma direction est en charge du plan de vigilance et de « Safe » la plateforme de partage d’information sur la fraude. Par ailleurs, le COMEX décide d’une dizaine de missions d’audit sur des risques opérationnels choisis chaque année. Enfin, une réflexion est en cours dans le domaine du cyber risques, elle va probablement conduire à mise en place d’un programme d’assurance. Qu’attendez-vous de l’industrie de l’assurance ? Le métier d’entrepreneur reste un métier de passion et d’aventure, nous relevons constamment des défis techniques et humains dans des contextes culturels, réglementaires, sociaux que nous ne maîtrisons pas. Nos attentes vis- à-vis de l’industrie de l’assurance sont partenariales. Être accompagné par de grands acteurs du monde de l’assurance est pour nous un enjeu essentiel. Ceux qui nous suivent, depuis plusieurs décennies, connaissent notre culture, nos modes d’intervention et notre manière de gérer tous les risques inhérents à la construction. J’imagine qu’ils ont une idée très précise sur la question de savoir si nous sommes un « bon risque ». De notre côté, dans des circonstances exceptionnelles, telles que par exemple des catastrophes naturelles ou climatiques, nous comptons sur les capacités solides, le professionnalisme et la réactivité du monde de l’assurance. « Nous avons revisité les processus de cartographie pour nous aligner, à la demande du groupe, sur les standards de l’AMF et être en phase avec les demandes de l’AFA dans les dispositifs Sapin 2. Nous avons déployé cette cartographie spécifique par pays. »

RkJQdWJsaXNoZXIy MTkzNjg=