ATOUT RISK MANAGER N°18

MÉTIER RISK MANAGER ANNÉES 60 : LA SURPRIME PLUTÔT QUE LA PRÉVENTION Dans les trente glorieuses, les assureurs se cantonnent à la gestion financière et à la mutualisation des sinistres en co-assurance. Les réassureurs européens imposent leur modèle aux assureurs français : l’Assemblée plénière des assureurs incendie (devenue ultérieurement Assemblée plénière des assureurs dommage (APSAD) instaure des majorations tarifaires dites de conjoncture pour résoudre l’ampleur des nombreux sinistre industriels. Au sortir de la guerre d’Algérie, Jacque Lesobre débute dans l’assurance (Abeille), puis rejoint les courtiers Faugère et Jutheau puis Moulin- Langeveld où il sera sous-directeur grands comptes assurances industrielles. Ses contacts aux États-Unis lui montrent une autre approche de l’assurance : celle des assureurs mutualistes de l’industrie américaine et de ses équipes d’ingénierie et de prévention des risques et de protection des infrastructures. Il essaie sans succès de convaincre en candidature spontanée une quarantaine de groupes industriels de créer une fonction risques et assurances. « Aucune réaction positive si ce n’est la certitude pour certains d’être rattaché à une direction juridique » se souvient-il. MATRA : L’ÉTINCELLE 1941 : Marcel Chassagny fonde en zone libre Mécanique Aviation TRAction, une société spécialisée dans les activités militaires. Elle échappe à l’épuration en 1944 en ayant fabriqué en un temps record des barges pour traverser le Rhin pour les alliés. Dès la Libération, Matra reprend une activité industrielle en se spécialisant dans les lance-roquettes puis les missiles. Il se relocalise dans le Loir et Cher à Romorantin et à Salbris. En 1972, l’usine de missiles de Salbris, fournisseur de l’armée française brûle à 90 % Après d’intenses négociations avec experts, conseils et le pool des 65 co-assureurs et réassureurs, l’indemnisation fut, écrit Jacques Lesobre « équitable ». Les 95 millions de francs versés représentaient presque 30 % du chiffre d’affaires du groupe. On peut penser que l’intérêt national de maintenir la capacité de production de cet industriel n’a pas échappé aux assureurs. Jacques Lesobre repart alors à la conquête de Matra et fait celle de Jean-Luc Lagardère, l’ingénieur Supelec à qui Marcel Chassagny avait confié les commandes de groupe. Celui qui avait, selon la presse de l’époque « une âme de corsaire » avait une réelle appétence aux risques. Il prend alors celui de créer une fonction inexistante LES 1001 FACETTES DU RISK MANAGER Pour apprécier comment appréhender l’avenir de la profession, Atout Risk Manager se penchera régulièrement sur les débuts du Risk Management. Retour sur des pionniers et « évangélisateurs » qui ont posé, souvent avec difficulté, les bases de l’actuelle gestion des risques. Les débuts du Risk Management dans l’industrie française au travers du regard de Jacques Lesobre (Matra). RETOUR VERS LE FUTUR Par Charles de Toirac BIO EXPRESS 83 ans ESC Picardie et Enass 1960 Abeille : inspecteur 1965-1971 : courtier 1972 : directeur des risques et des assurances, Matra Administrateur du Gaci et de l’Acadef 1993 : administrateur et trésorier de l’AMRAE. 2001 : Award « Hall of fame » d’International Risk Management à Londres pour son action chez Matra Auteur du Lexique Risque Franco- Anglais-Américain (éditions L’Argus de l’Assurance). Jacques Lesobre 44 ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE I N°18 I AUTOMNE 2018

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