ATOUT RISK MANAGER N°18

DOSSIER LA RSE, PLUS QUE JAMAIS DANS LA LIGNE DE MIRE DES RISK MANAGERS qu’elle s’est fixés en matière de RSE soient identifiés et traités » estime Anne Piot d’Abzac. Il doit aussi aider en interne à la réalisation des reportings extra-financiers, qui montent en puissance (voir encadré). Certaines organisations se sont ainsi dotées d’une division spécifique, chargée de recenser toutes les initiatives impactant la RSE. L’interlocuteur principal du Risk Manager est alors tout trouvé. Mais dans la plupart des entreprises, ce dernier devra aussi de façon classique dialoguer avec des interlocuteurs variés : Direction des Ressources Humaines (pour les enjeux sociaux), Direction industrielle (pour les sujets environnementaux), Direction des achats (pour les fournisseurs), Direction Qualité, Direction juridique, Direction Éthique et Conformité… LA « CARTO » PUIS L’ASSURANCE APPLIQUÉES À LA RSE Avec ses outils méthodologiques et ses aptitudes à l’écoute et au dialogue avec les personnes clés, le Risk Manager sait bien sûr identifier les leviers pour atteindre plus rapidement les objectifs RSE, mais aussi et surtout les événements, les freins, les fragilités, les menaces susceptibles d’impacter la bonne réalisation de ces objectifs. « Après leur identification et leur évaluation, le Risk Manager doit aider les équipes dans la veille et le suivi des risques, dans le cadre d’une démarche préventive » rappelle Anne Piot d’Abzac. « La prévention passe aussi par l’information et la formation auprès des collaborateurs, qui sont pleinement intégrés dans notre démarche RSE, dans toutes les entités du groupe » explique Oliver Wild de Veolia. RC et atteintes à l’environnement sont des garanties qui font partie du quotidien de la gestiondesrisques.Maisl’examendespratiques RSE est une bonne occasion de les revisiter. C’est également l’opportunité d’appréhender les garanties perte d’exploitation, avec ou sans dommages, pour obtenir une indemnisation en cas d’accident majeur, préserver ses emplois ou remplir ses responsabilités vis-à-vis de ses employés. « On voit apparaître l’utilisation des mécanismes d’assurance dans le cadre même de la RSE, par exemple lors du montage de programmes d’assurance vie ou prévoyance notamment à destination de salariés de fournisseurs. Les assurances deviennent non seulement un outil de sécurisation mais aussi de RSE, par une contribution positive à la collectivité et à l’engagement social » ajoute Xavier Guizot. Et Anne Piot d’Abzac de rappeler que « lorsqu’il a une responsabilité en la matière, le Risk Manager peut agir en réaction et piloter par exemple la gestion de la crise qui pourrait survenir si l’un des risques identifiés se concrétisait » . TENIR LES ENGAGEMENTS SUR LA DURÉE « La RSE faisant désormais partie intégrante des entreprises, elle est devenue un sujet idéal pour le Risk Manager, qui peut jouer pleinement son rôle de coordinateur en dialoguant avec tous les acteurs » se réjouit Oliver Wild. Pour autant, dans les années à venir, le principal enjeu sera de ne pas faire de la RSE une simple vitrine marketing, mais de tenir les engagements pris sur la durée. « Aujourd’hui, il y a beaucoup d’enthousiasme et les entreprises prennent la parole sur ces sujets de façon engagée, ce qui est intéressant. Mais au-delà de l’effet de mode, il est vital que ces engagements soient tenus. Il faut donc être ambitieux mais réalistes, en restant dans le périmètre dévolu à l’entreprise. L’échec de promesses qui s’avèreraient finalement de façade aurait un effet dévastateur sur la crédibilité de l’entreprise » insiste Anne Piot d’Abzac. Un avertissement que lance également Xavier Guizot. « Désormais, toute déclaration publique ou adhésion à des principes internationaux oblige les entreprises à une réalité de mise en œuvre globale » . À bon entendeur… LE POIDS CROISSANT DES REPORTINGS EXTRA-FINANCIERS Depuis la transposition en droit français de la directive européenne sur le reporting extra-financier, dite « directive RSE » (décret d’application du 9 août 2017), les entreprises doivent remplacer leur « rapport RSE » par une « déclaration de performance extra-financière » insérée dans leur rapport de gestion annuel. En plus d’une analyse des risques extra-financiers et de la politique qui y est attachée, cette déclaration doit présenter « la manière dont la société prend en compte les conséquences sociales et environnementales de son activité » et « les effets de cette activité quant au respect des droits de l’homme et à la lutte contre la corruption ». En outre, elles doivent faire appel à un organisme tiers indépendant pour faire vérifier ces informations RSE. Sont concernées depuis le 1 er septembre 2017 toutes les SA et SCA (cotées ou non), SARL, mutuelles et coopératives de plus de 500 salariés et 100 millions d'euros de total bilan ou de chiffre d'affaires. Au-delà d’un simple moyen de communication, le reporting extra-financier est en passe de devenir un véritable outil de pilotage et se rapproche du rapport intégré. Textes de référence - Loi sur les Nouvelles Régulations Economiques du 31 mai 2001 - La loi du 12 juillet 2010 dite « Grenelle 2 » - Ladirective européennedu15avril 2014 sur les obligations depublicationd’informations extra-financières et d’informations relatives à la diversité a renforcé cette obligation de reporting extra-financier. Afin d’assurer la confiance des parties prenantes dans les données publiées, celles-ci doivent être certifiées par un organisme tiers indépendant (OTI) accrédité par le Comité Français d’Accréditation (COFRAC). « Il est vital que les engagements soient tenus. L’échec de promesses qui s’avèreraient finalement de façade aurait un effet dévastateur sur la crédibilité de l’entreprise » Anne Piot d’Abzac, Ispen et AMRAE. 25 ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE I N°18 I AUTOMNE 2018

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