AMRAE - ATOUT RISK MANAGER

MÉTIER RISK MANAGER ZOOM SUR… C ’ est un postulat qu’il est bon de répéter à l’envie. « Le premier ob- jectif de l’idéologie islamiste est de déstabiliser les États et d’effrayer la popu- lation » affirmait Pierre Bousquet de Florian. Soulignant la « dimension symbolique » de certaines entreprises – comme Air France dont le nom contient le mot « France » -, le Préfet et Coordinateur national du renseigne- ment de la lutte antiterroriste rappelait que « le service national des enquêtes de sécurité peut effectuer une enquête sur des candidats à l’embauche auprès d’OIV après signalement ». Et ce, d’autant plus que le processus de radi- calisation s’accélère, et ne prend parfois « que quelques semaines ». Ancien commandant du GIGN, désormais Directeur de la sûreté du groupe Total, Denis Favier étayait ces propos en rappelant que « certains secteurs (nucléaire, transports, sites Seveso etc.) ont des besoins plus importants en matière de terrorisme, incluant le criblage des profils à risques ». Un criblage devant obéir à certaines règles, puisque « la loi protège le citoyen de certaines curiosités », tempérait M. de Bousquet de Florian. LES ENTREPRISES PAS ÉGALES FACE AU COÛT DU TERRORISME Avocat et Président de l’association « Les amis de Charlie Hebdo », Christophe Thévenet soulignait l’obstacle majeur constitué par « le coût très élevé de la sécurité », incluant les mesures de protection mais aussi les décla- rations d’accident du travail par exemple. Pourtant, « l’employeur a l’obligation légale Air products, Areva, Vinci, TV5 Monde, etc. La liste des entreprises touchées par le terrorisme (cyber ou in real life) ne cesse de s’allonger. Ces dernières doivent composer avec le terro- risme international, tant dans les aspects de radicalisation de salariés qu’en mettant en place une prévention et des réponses adéquates. COLLOQUE 2017 DU CDSE L’ENTREPRISE, UNE CIBLE DU TERRORISME ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE I N°16 I PRINTEMPS 2018 74 DÉFINITION ET COMPRÉHENSION DU TERRORISME DANS SA DIMENSION INTERNATIONALE La première conférence du colloque réunissait le Professeur de sociologie politique et de relations internationales Joseph Maïla, le Chercheur au Centre des études de sécurité de l’Institut français des relations internationales (Ifri) Marc Hecker, M. Peter Neumann, Professor of Security Studies au Département War Studies du King’s College London et le médecin psychiatre Serge Hefez. Ensemble, ils ont fourni des éléments de compréhension, notamment géopolitiques, du terrorisme international. M. Hecker a présenté les 5 sources de la menace terroriste actuelle selon lui : « La chute de l’État Islamique (volonté de vengeance), la réac- tivation de filières, la radicalisation en France et le passage à l’acte, la liberté de circulation dans l’espace Schengen d’acteurs étrangers, et enfin la mouvance de l’ultra droite (attaques contre la communauté musulmane) ». M. Maïla complétait le tableau en y ajoutant « la faillite des États dont l’autorité se délite – les fameux ”collapse states”– profitant au terro- risme, qui s’inscrit alors dans un système international en rupture ». Une vision corroborée par M. Hecker, qui relevait « de nombreux foyers de déstabilisation au Yémen, en France, en EU, en Afrique noire, en Afghanistan etc. ». Auteur du livre «Radicalized : New djihadists and the threat to the West », Peter Neumann anticipait lui « la création de nouveaux foyers du terrorisme d’ici à quelques années : on peut envisager par exemple la Turquie ». Si l’État tente de lutter, il doit être attentif à sa communication, puisque « les terroristes s’adaptent à nos corpus dès qu’ils sont rendus publics », informait M. Hecker. En exemple, le psychiatre Serge Hefez montrait l’utilisation de la taqîya (dissimulation de sa foi par un musulman), de plus en plus plébiscitée par les recruteurs terroristes, qui « recommandent aux jeunes de ne surtout pas se distinguer en portant un voile, une barbe longue, etc. ».

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