AMRAE - ATOUT RISK MANAGER

PRODUITS ET SERVICES ATOUT RISK MANAGER, LA REVUE DES PROFESSIONNELS DU RISQUE ET DE L'ASSURANCE I N°16 I PRINTEMPS 2018 59 DES EXTENSIONS DE COUVERTURE PAS ENCORE MATURES Ces dernières années, les assureurs se sont ouverts sur l’étendue de leurs garanties. La tendance consistant à délivrer des extensions de couver- tures en dommages immatériels dans les contrats Dommages /Pertes d’exploitation s'est accentuée. La plupart des assureurs acceptent désormais, sur les grands comptes, d'embarquer une «capsule» de quelques millions d'euros en Pertes d'exploitation sans dommages (NDBI : Non-Damage Business Interruption Insurance ). Pour autant, Jean-Christophe Chevalier estime que « cela fait 25 ans que les acteurs se penchent sur la question : c’est un risque qui a toujours été difficile à quantifier. Depuis 5 à 6 ans, des capacités sont disponibles sur le marché, mais de façon limitée, car les assureurs les prennent sur leurs rétentions propres. Le transfert de risques via les captives reste une façon de résoudre le problème. Certaines peuvent ainsi conserver de 10 à 30M€ en porte- feuille » explique-t-il, avant de préciser : « Un des seuls secteurs où la NBDI s’est bien développée, c’est sur le volet terrorisme et la perte d’attractivité. Nous arrivons à faire inclure de plus en plus d’extensions de garanties aux assureurs, notamment des garanties cyber, à la frontière du dommage et de la RC ». Pour Sandrine Minvielle, « les épisodes de grippe aviaire ou la paralysie d’une partie de l’économie suite à l’éruption du volcan Eyjafjallajökull ont favorisé une prise de conscience de besoins nouveaux, allant au-delà des conséquences d’un pur dommage matériel. Les réponses apportées à ce jour par le marché ne sont que partiellement satisfai- santes ». Et d’expliquer : « Incluses dans les programmes Dommages, les capacités restent restreintes au regard des besoins exprimés par les clients, mais peuvent constituer un premier risque évitant les écueils d’un produit dédié. Des capacités supérieures en Pertes d’exploitation sans dommages sont en effet disponibles mais leur souscription reste limitée car elle requiert une analyse longue et approfondie des risques (scenarii et consé- quences financières à garantir), des niveaux de franchise/rétention élevés, ainsi que des budgets qui demeurent conséquents ». Quant aux couvertures de Pertes d’exploitation contingentes ou indirectes (CBI), notamment les carences de fournisseurs de rang supérieur à 1, elles sont délivrées avec plus de difficultés par les assu- reurs, du fait d’une insuffisance de connaissance des supply chain pour pouvoir anticiper les risques de cumuls potentiels. Alors qu’il commen- çait à s’ouvrir en 2015, le marché a notamment été freiné par l'impact psychologique et financier du sinistre «Recticel » (incendie chez un plasturgiste) survenu fin janvier 2017, qui a perturbé toute la filière automobile, équipementiers comme constructeurs (coût total estimé à 1 Md€ pour les assureurs). La gestion des cumuls engendrés par la délivrance de ces garanties constitue un enjeu majeur pour le marché. « C’est le rôle du courtier d’identifier et optimiser les capacités de chacun des assureurs, non plus seulement pour la capacité globale recherchée mais surtout pour les garanties sensibles exposant les assureurs à un risque fort de cumul (Carences et Évènements naturels notamment) », estime Florence Maes d’AON. SEPT ASSUREURS AU BANC D’ESSAI Sept assureurs ont accepté de décrypter leur offre dommages (ALLIANZ GLOBAL CORPORATE & SPECIALTY, AIG, AXA CORPORATE SOLUTIONS, FM GLOBAL, GENERALI, XL CATLIN ET ZURICH). Si l’analyse des grilles montre une certaine homogénéité dans les risques couverts, les capacités, ainsi que les exclusions et les franchises, diffèrent. Pour Sandrine Minvielle, les niveaux de garanties affichés sur le tableau correspondent à la réalité du marché, même si ces capacités restent théoriques : « AIG et FM Global affichent par exemple 1 Md€ de capacités maximales à ce jour, mais il s’agit de niveaux d’engagement qui seront rarement exposés et qui dépendent fortement des activités comme de la qualité des risques à garantir ». Et Florence Maes de commenter : « On remarque également la prudence des assureurs à confirmer leurs capacités sur les “extensions de garanties” comme sur les Événements naturels ». Parmi les tendances fortes qui rassemblent le marché, les services d’accompagnement, d’audits de prévention et d’analyse de l’exposition aux risques naturels sont proposés par l’ensemble des acteurs interrogés. « Cela correspond à l’attente de plus en plus d’en- treprises. Un resserrement du marché contraindra ceux qui n’ont pas encore intégré cette démarche à revoir leur politique. La cartographie des risques notamment est devenue plus fine grâce aux logiciels d’ana- lyse, désormais très puissants » estime Jean-Christophe Chevalier. « En quelques années, l’identification et la quantification des risques se sont développées, avec une meilleure prise en compte des impacts financiers appréhendés dans leur ensemble. Le besoin en accompagne- ment en Prévention des risques suit la même évolution : nous sommes passés de la simple visite de site (analyse du risque physique et indi- viduel) à l’analyse des flux financiers sur l’ensemble de la chaîne de valeur de l’entreprise », concluent les expertes d’AON. L’AVIS DE l’AMRAE Michel Josset, Président de la commission Dommages aux biens de l’AMRAE, Directeur Assurances, Prévention et Immobilier de Faurecia Les conditions de transfert du risque sont toujours avanta- geuses sur le secteur «Dommage aux biens et pertes d’exploi- tation», mais on commence effectivement à sentir un durcis- sement du marché. Si les entreprises sont satisfaites des fortes capacités de couvertures des assureurs, elles attendent aussi, et de plus en plus, des services de prévention et d’accompa- gnement en particulier en ce qui concerne les expositions aux risques naturels dont la part dans la sinistralité va croissant. En ce qui concerne les risques cyber et autres dommages purement immatériels générant des pertes d’exploitation sans dommage, les appels de l’AMRAE ces dernières années commencent à être entendus et le marché se développe rapidement malgré des dif- ficultés de tarification liées à une absence de recul vis-à-vis de la sinistralité. Les dernières attaques cyber à l’échelle planétaire ont montré des besoins, parfois non couverts par les assureurs à ce jour, comme les carences de fournisseurs résultant d’atteintes Cyber à leurs données et les rendant incapables de fournir des produits ou services à leurs clients… Le sujet est encore en plein devenir, et illustre l’importance du « partenariat » entre l’assu- ré, son courtier et l’assureur dans cette démarche d’innovation autour du transfert du risque. Enfin, dans le cas de sinistres de carence fournisseurs, les assureurs demandent, dans certains secteurs d’activités, la mise en place d’un monitoring efficace des risques techniques des fournisseurs par leurs assurés. Ces deux sujets (cyber et supply chain ) montrent la néces- sité pour les Risk Managers de collaborer avec d’autres fonctions de leurs entreprises (informatique, achats) pour mettre ces risques sont contrôle.

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